Victoire électorale de Bolsonaro. Après les élections nous devons organiser la lutte pour défendre nos droits !
Déclaration du Courant Socialisme des Travailleurs/PSOL
section brésilienne de l’Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale
le 29 octobre 2018
Le second tour des élections s’est terminé par la victoire de l’ex-capitaine Jair Bolsonaro, qui a capitalisé le mécontentement généralisé contre le PT, contre les partis traditionnels et contre la crise économique, en défendant un projet conservateur et réactionnaire. Tant et si bien que dans la nuit du dimanche après les élections, le président et son équipe ont annoncé une série de mesures d’ajustement fiscal, comme la réforme des aides sociales et des privatisations. Il a aussi fait des déclarations, en des termes anti-démocratiques, contre la gauche socialiste qui s’oppose à lui. Avec Bolsonaro c’est la victoire d’un projet capitaliste, ultra-réactionnaire. Pendant sa campagne, il n’a jamais cessé de se revendiquer de la dictature, d’attaquer les libertés démocratiques et les droits des minorités. C’est pour cela donc, que pendant le processus électoral, il a y eu un mouvement d’opposition à Bolsonaro auquel nous avons participé avec l’ensemble de la gauche.
Malheureusement, un grand nombre de travailleurs et de secteurs populaires ont voté pour Bolsonaro. Ce vote erroné s’explique seulement par le rejet légitime du PT par des millions de travailleurs, le rejet de Lula et Dilma. Ils ont discrédité les termes de « gauche » et de « socialisme » en gouvernant pour ceux d’en haut, pour les multinationales et les banquiers. Un large secteur a choisi le vote Bolsonaro pour éviter que le PT ne gouverne à nouveau le pays. Ce secteur se souvient de la corruption, des effets des mesures d’ajustement fiscal et de l’augmentation du chômage. Cette fausse gauche a gouverné contre les salaires et les droits des travailleurs et des travailleuses. Les travailleurs qui ont voté Bolsonaro ne veulent pas non plus des vieux partis patronaux et donc, au-delà du PT, ils ont voté contre le PSDB et le PMDB. Ils ont choisi Bolsonaro en pensant qu’il y aura un changement, mais la réalité c’est qu’ils se sont trompés. Bolsonaro a menti aux travailleurs et aux secteurs populaires. Nous aussi avons des critiques à l’encontre du PT, néanmoins nous avons voté Haddad contre Bolsonaro. Nous avons fait campagne pour expliquer que le vote Bolsonaro était profondément erroné. Nous savons que beaucoup de collègues avec lesquels nous avons discuté n’étaient pas d’accord. Mais maintenant que de nouvelles attaques contre nos droits sont menées, nous devons nous unir pour défendre nos droits indépendamment de ce que chacun de nous a voté.
Bolsonaro ne va résoudre aucun problème du peuple
Bolsonaro est depuis presque 30 ans au parlement. Pendant la plupart de ses longs mandats, il a été dans le PP (Parti Progressiste) de Paulo Maluf, un des partis les plus corrompus du pays. Durant ses deux dernières années, il a soutenu le gouvernement corrompu de Michel Temer (MDB) et a soutenu ses mesures anti-populaires. Les propositions de militarisation de la sécurité publique ont lamentablement échoué à Rio de Janeiro. L’intervention fédérale des forces armées, qui coûte une fortune, n’a pas résolu l’insécurité et a augmenté la violence contre la population noire, des bidonvilles et des banlieues.
Il est impossible de créer des emplois en appliquant des ajustements fiscaux, en sabordant les secteurs sociaux et en privatisant. Bolsonaro fait croire qu’il est nationaliste, mais il continue de prêter allégeance au drapeau des États-Unis. Son futur ministre de l’Économie organise des privatisations au profit des sociétés étrangères. Ce n’est pas par hasard qu’il a reçu un appel de Donald Trump dimanche dernier et qu’il maintient des relations amicales avec l’État sioniste d’Israël, duquel il fait en permanence l’apologie. Bolsonaro défend la dictature de 1964, époque où il n’y avait pas de liberté de conscience et de manifestation. C’est exactement pour cela qu’il a soutenu l’intervention arbitraire de la police et de la justice contre les étudiants, violant la liberté de manifestation et l’autonomie des universités en plein élection. En outre, Bolsonaro parle de poursuivre les adversaires et les journaux qui ne partagent pas ses idées réactionnaires. Cela arrive parce que l’extrême droite a gagné, extrême droite composée de généraux issus de la dictature de 64, d’entrepreneurs ultra-libéraux et d’innombrables leaders conservateurs, parmi eux certains leaders religieux, qui sont contre les droits des secteurs exploités et opprimés et provoquant des attaques contre les minorités.
De notre point de vue, la cause principale de la désillusion qui amène des secteurs ouvriers et populaires à voter pour un projet ultraconservateur est la faillite du projet du PT et leurs alliances avec les patrons. La crise et la réaction politique et idéologique à laquelle nous assistons est le fruit des treize années de gouvernement PT, quand Lula a présenté des ennemis historiques de la classe travailleuse, des femmes, de la population noire, des LGBTs, comme des « alliés progressistes », dans son projet « démocratique et populaire » avec la bourgeoisie et l’impérialisme.
La lutte doit continuer ! Nous devons déplacer la lutte dans les rues !
Pendant le second tour, il y a eu une large mobilisation spontanée de femmes, d’étudiants, d’artistes, d’enseignants et de fonctionnaires, pour la défense de nos droits et de nos libertés démocratiques. Maintenant il faut consolider ce mouvement. Après le second tour, il faut continuer la mobilisation pour que la lutte se passe dans les rues !
Il va falloir préparer une large unité d’action pour affronter ces attaques. Il faut unifier les syndicats, les organisations étudiantes, les mouvements populaires dans un seul calendrier commun, en consolidant les actions des femmes et de la jeunesse qui sont déjà en cours. Il faut regrouper la CUT, la CTB, l’UNE, le MST, le MTST, la CSP-CONLUTAS, dans une journée unifiée de mobilisation. Il faut s’unir avec les mouvements noir et LGBT. Les centrales syndicales doivent appeler à des assemblées générales à la base pour affronter l’ajustement fiscal, et construire un plan de luttes bien organisé.
En même temps que nous combattons l’extrême droite et ses alliés, nous devons organiser une alternative politique de gauche, qui dépasse les erreurs du lulisme. Nous pensons que le PSOL, le PCB et le PSTU doivent organiser un grand meeting national pour débattre de comment intervenir dans ces luttes et construire un programme d’urgence pour le pays. Ce dont nous avons besoin en vérité est la construction d’une réelle gauche qui combatte le patronat, les gouvernements soumis à l’impérialisme américain, qui combatte la corruption et qui défende l’intérêt de la classe travailleuse et du peuple.