En finir avec le capitalisme ! Édito Internationaliste 187

Éditoriale de l’Internationaliste 187 septembre-octobre 2019

La rumeur enfle tous les jours d’une nouvelle crise économique, douze ans après celle de 2007-2008 dont il a été dit, alors, qu’elle était la plus forte depuis celle de 1929. Le rythme des secousses qui agitent le mode de production capitaliste, en crise permanente depuis plus d’un siècle, un mode de production dépassé, s’accélèrent et leur ampleur s’accroît.

Avec une estimation de 8 000 milliards de dollars d’échanges financiers internationaux, le niveau de 2007 a été retrouvé et même dépassé, 95 % de ces échanges étant purement spéculatifs.

Partout, les États s’endettent. De deux façons : en accentuant les dépenses publics en direction du secteur privé, par les commandes d’État, (armement, etc.), en sous-traitant, en privatisant des activités qui peuvent être rentables d’un point de vue capitaliste, en subventionnant l’industrie, l’agriculture, la banque, les marchés financiers.

Ils s’endettent également par une politique fiscale favorable aux possédants, pas seulement à ceux qui disposent d’un gros revenu, mais à ceux qui possèdent un gros patrimoine, personnel ou professionnel.

La nationalisation des pertes des marchés financiers en 2007-2008 a ainsi fait bondir la dette souveraine. Les États ayant emprunté, avec intérêts, aux marchés financiers les sommes pour racheter les dettes de ces derniers. Ce « jeu d’écriture » a permis le blanchiment des milliers de milliards de dollars ou d’euros d’actifs dit « toxiques » aux frais des « contribuables », c’est-à-dire en définitive les travailleurs.

Depuis 2007, les pompiers (les banques centrales) arrosent l’incendie avec de l’essence (l’assouplissement quantitatif, Quantative Easing ou « QE ») et, contrairement aux objectifs affichés, les sommes déversées ne servent pas à « inciter » les banques à prêter à des taux plus bas pour « stimuler l’investissement et la consommation », mais vont essentiellement alimenter la sphère spéculative : autant d’entêtement montre que ce n’est pas une erreur, mais un choix délibéré.

Cependant, le QE a partiellement atteint sa « cible » : l’endettement des ménages s’accroît également. La dette étudiante aux USA s’est accrue de 150 % en 10 ans pour atteindre 1 600 milliards de dollars. Aux USA toujours, l’endettement des ménages – surtout des travailleurs – est reparti à la hausse dès 2013 avec aujourd’hui un montant de près de 14 000 milliards de dollars soit 103 % du PIB.

Et en France ? Le taux d’endettement des ménages atteint 60 % du PIB. Les taux de crédit immobiliers sont bas mais les prix s’envolent, prix d’acquisition et prix des loyers, dopés par une économie de pénurie, de mal logement et un climat spéculatif savamment entretenu.

L’encours des crédits immobiliers dépasse désormais les 1 000 milliards d’euros, ce qui fait dire à l’Autorité de contrôle prudentiel et de réalisation (organisme auprès de la banque de France) que « le relâchement des conditions d’octroi, associé à la hausse continue de l’endettement des ménages, nécessite une vigilance renouvelée. ». Bien voyons !

Cependant, les fonds spéculatifs, dont les fonds de pension, tendent à se passer des banques dans leur rôle d’intermédiaires en captant directement l’épargne individuelle. Après la montée en puissance de la « banque de l’ombre » et des « transactions à haute fréquence » sous le contrôle de l’informatique, c’est une troisième phase de l’extension parasitaire du capital financier en réponse à la secousse de 2007-2008.

Aussi, selon la fédération bancaire européenne, les banques de l’UE à 28 membres auraient perdu 600 000 emplois depuis 2008 (Les Échos.fr du 7 octobre 2019). Pourtant, ce n’est pas fini : Deutche Bank, HSBC, Barclay’s, BNP-Paribas, Société générale, etc. toutes annoncent des dernières semaines leur intention d’accélérer et d’étendre leur politique massive de suppression d’emplois bien qu’elles continuent à accumuler des profits. La seule Deutche Bank en a supprimé 6 000 en 2018 annonce un plan de 18 000 d’ici 2022.

Les tensions inter-impérialistes s’aiguisent depuis plusieurs décennies et les bruits de bottes se font entendre de plus en plus souvent. Mais en contrepartie des mouvements révolutionnaires apparaissent dans le monde entier, contestant le vieux monde, celui de Trump et de Macron.

Tous les gouvernements durcissent la répression contre les militants syndicaux, associatifs et politiques un tant soit peu perçus comme opposés à leur domination, à l’image de L. Hanoune en Algérie, des militants des CDR en Catalogne, des gilets jaunes en France ou des militants pour la démocratie à Hong-Kong, etc

Les écologistes feignent de l’ignorer, mais le capitalisme comme mode de production menace désormais de façon incontestable la survie de l’humanité : toute tentative pour inverser le cours des événements se heurte inévitablement aux intérêts capitalistes, c’est une évidence.

Rien ne sert d’aller à Davos en train ou à New-York en voilier plutôt qu’en avion pour s’adresser aux capitalistes et aux gouvernements à leur service, eux qui n’ont absolument pas l’intention de remettre en cause quoi que ce soit de leur exigences : le profit maximum, dans le délai le plus court et par n’importe quel moyen.

Aussi, dans cette optique, les fonds de pension sont un piège pour les travailleurs. Ces fonds les contraignent à apporter tous les mois des sommes faramineuses aux marchés financiers, marchés qui se servent de ces sommes pour « investir » dans les entreprises qui emploient ces mêmes travailleurs en exigeant toujours plus de rendement, c’est-à-dire toujours moins d’emplois, des salaires toujours plus bas, une protection sociale toujours plus basse et des retraites illusoires.

La bataille qui va se mener dans ce pays sur les retraites doit mettre au centre le rejet de la capitalisation et l’exigence du démantèlement de tous les fonds de pension, tous, partout.

Le combat pour l’annulation de la dette est également essentiel pour la survie des travailleurs. C’est, un axe autour duquel pourrait se rassembler le mouvement ouvrier, la jeunesse pour reconstruire l’instrument politique dont ils ont besoin pour conquérir le pouvoir, mettre fin au capitalisme, pour le socialisme : la IVème Internationale avec des sections dans tous les pays !