Rentrée 2021 : J-M. Blanquer poursuit sa politique de destruction de l’enseignement public

Déclaration des enseignants du MCI

Manifestation intersyndicale de l'éducation le 26/01/21 à Périgueux.

Paris, le 15 septembre 2021

Une rentrée sous le signe de la poursuite des attaques

Au milieu des mensonges, des provocations et des diversions , le gouvernement a placé cette rentrée scolaire 2021 sous le signe de la poursuite acharnée de la privatisation de l’enseignement public.

En cela il s’inscrit dans la lignée des gouvernements successifs de droite et de « gauche » qui, depuis une quarantaine d’année, ont tous méthodiquement appliqué toutes les exigences de l’OCDE et du patronat, auprès de qui ils prennent leurs ordres.

En cette rentrée 2021, il faut retenir surtout trois éléments qui annoncent que ce gouvernement est prêt à aller jusqu’au bout dans son entreprise de démolition systématique de l’enseignement public.

Projets d’évaluation locaux : individualisation du baccalauréat

Premièrement, lors de la prérentrée, les enseignants de lycée général ont découvert qu’ils allaient devoir élaborer des Projets Locaux d’Evaluation (PLE). De plus, ces projets devaient être votés par les conseils d’administration des lycées avant les vacances de la Toussaint. Ces PLE doivent se substituer aux E3C (Épreuves communes de contrôle continu) qui avaient été tant contestées lors de la mise en place de la réforme du baccalauréat.

En clair avec les PLE, chaque discipline de chaque établissement établit ses modalités d’évaluation. Il y a donc autant de « Bacs » que d’établissements et ce sont les enseignants eux-mêmes qui doivent définir les modalités de destruction du bac. Outre le fait que cela constitue une nouvelle attaque contre la liberté pédagogique, cela signifie que le Baccalauréat n’a définitivement plus aucun caractère national.

Or qui dit baccalauréat local dit fin des diplômes nationaux, dit fin des qualifications, donc fin des droits collectifs garantis par le code du travail et les conventions collectives.

Le patronat applaudit Blanquer des deux mains. Avec les PLE, l’enseignement général et technologique va maintenant connaître le sort qui est celui de l’enseignement professionnel où les « diplômes » ont été individualisés à l’extrême avec la mise en place des Contrôles en cours de formation (CCF).

Attaque contre le statut de fonctionnaire des enseignants

Deuxièmement, le président de la République, lors d’un déplacement à Marseille, a fixé l’objectif central du gouvernement en termes d’éducation pour les derniers mois du quinquennat : il s’agit de démanteler définitivement les statuts de la fonction publique pour les enseignants.

Le 2 septembre, E. Macron a en effet annoncé qu’il voulait que les directeurs d’écoles (désormais dotés d’un nouveau statut et supérieurs hiérarchiques des professeurs des écoles grâce à la loi Blanquer) d’une cinquantaine d’écoles puissent recruter « leur équipe pédagogique ».

Cela implique la possibilité de recruter hors statuts de la fonction publique. On sait bien que ces « expérimentations » ont toujours vocation à être généralisées.

Depuis la mise en place de la loi Dussopt en 2019, l’État a la possibilité de multiplier les recrutements de contractuels dans la fonction publique, à la place des fonctionnaires. La boucle est bouclée.

Il ne faut pas non plus oublier que Blanquer doit encore annoncer les conclusions de son « Grenelle » de l’éducation : il a promis une révolution de la « gestion des ressources humaines », reposant sur l’individualisation des suivis des agents. Il s’agit donc de liquider purement et simplement les statuts de la fonction publique dans l’éducation nationale.

Enfin troisièmement, la rentrée verra l’entrée en vigueur des nouveaux concours de recrutement de l’éducation nationale. Laquelle se traduit par une stagiérisation allongée à deux ans avec d’une part un abaissement des exigences en termes de connaissances disciplinaires, et d’autre part une nouvelle épreuve non disciplinaire portant sur le parcours individuel du candidat.

Cette nouvelle épreuve s’apparente fortement à un entretien d’embauche lors de laquelle le candidat devra montrer « l’aptitude » à « s’approprier les valeurs de la République » et « faire connaître et faire partager ces valeurs et exigences » (1) . Cela constitue une attaque supplémentaire contre les statuts qui s’ajoute à celles précédemment citées.

Que font les organisations syndicales ?

Face à des attaques d’une telle ampleur, la politique des directions syndicales, parfois consciencieusement relayée par certains adhérents localement, est proprement surréaliste pour ne pas dire criminelle.

C’est à se demander si ces organisations syndicales ne font pas un effort surhumain pour trouver le mot d’ordre le plus démobilisateur ou celui qui va entraîner le plus de division entre les collègues.

Face aux provocations, diversions et mensonges du ministre, leurs revendications sont des purificateurs de CO²… Et pour les attaques essentielles, c’est silence radio ou presque.

En termes de perspectives, elles appellent à une multiplication de journées de grèves sans lendemain, organisées trois semaines et demie après la rentrée, pour la première. Tout ça pour expliquer ensuite que « les gens ne sont pas prêts » qu’ils « ne veulent pas se mobiliser »… Ou que « les grèves ne marchent plus ».

Par contre, ces mêmes organisations continuent, comme des bons élèves de pratiquer le « dialogue social » pour négocier, des modalités de la démolition de l’enseignement public avec le ministre. Ce positionnement scandaleux constitue un réel obstacle sur la voie de mobilisation.

Construire la grève générale de l’éducation

Le seul moyen de mettre un terme à la politique du gouvernement est de se mobiliser pour une éducation publique laïque, gratuite de la maternelle à l’université, et chercher à construire par tous les moyens la mobilisation permanente des travailleurs de l’éducation.

Il faut refuser catégoriquement de participer aux réunions de mise en place des PLE dans les lycées, dénoncer les autres mesures qui entrent en vigueur à cette rentrée.

Les mobilisations locales existent, elles sont nombreuses, mais isolées, il faut travailler à les unifier. Cela devrait être le rôle des organisations syndicales, mais elles ne jouent pas leur rôle.

Cela signifie que les travailleurs de l’éducation ne pourront compter que sur leurs propres forces pour construire cette mobilisation. La victoire est d’autant plus possible que le gouvernement est fortement minoritaire, et que ces contre-réformes sont massivement rejetées et le ministre de l’Éducation est honni. La rage est sourde et profonde parmi les personnels de l’éducation.

N’attendons plus un instant. Mobilisons-nous et organisons-nous pour construire la grève générale de l’éducation avec tous les personnels. Exigeons :

Abrogation de la Loi Blanquer

Retrait de la réforme du Baccalauréat

Retrait de la réforme des concours de recrutement


(1) voir le site https://www.devenirenseignant.gouv.fr/