Après 6 mois de lutte contre la loi Vidal, Quelle analyse et quel bilan ?
Après 6 mois de lutte, ont répondu aux questions de l’Internationaliste, Keno, militant à Solidaires étudiants Paris 3 et Griselda, militante du Mouvement Communiste Internationaliste, tous deux animateurs du Comité de mobilisation de Paris 3 contre la sélection et la privatisation.
Quel bilan global faites-vous du mouvement étudiant contre la loi Vidal et contre le plan étudiant ?
Keno : Aujourd’hui, le syndicalisme étudiant est un champ de ruine. L’UNEF et la FAGE sont des syndicats de cogestion. Ils ne font qu’accompagner les présidents d’université dans l’application des réformes successives, comme leurs pendants dans les lycées, la FIDL et l’UNL.
Solidaires étudiants n’a pas mobilisé et s’est fait débordé, lui aussi, durant le mouvement. Cela n’est pas étonnant étant donné qu’en février, la direction fédérale nationale de Solidaires étudiants – Syndicat de Luttes soutenait que le mouvement était déjà fini et qu’il y avait des choses à garder dans la réforme Vidal !
Les étudiants ont donc souffert de l’absence d’une d’organisation indépendante. Et les bureaucraties syndicales et politiques ont été l’obstacle qui a empêché le mouvement étudiant de prendre plus d’ampleur, pour s’organiser et défendre ses intérêts.
Griselda : Effectivement, le premier bilan que nous tirons de ce mouvement étudiant, est analogue à celui que nous pouvons tirer de la mobilisation à la SNCF. La très grande majorité des jeunes (étudiants et lycéens) et des travailleurs rejette profondément les privatisations que veulent imposer le gouvernement et le patronat.
D’après mon intervention sur le terrain à Paris pendant toute la mobilisation, j’ai pu observer que la jeunesse ne manque pas de combativité, mais elle s’est heurtée à un obstacle : la politique de diversion et de dévoiement des directions syndicales combinée au sectarisme et à l’opportunisme caricatural de l’ensemble des organisations prétendument radicales.
Comme nous, MCI, le disions lors des dernières élections présidentielles, en mai 2017 : il n’y a pas d’adhésion au programme de Macron dans la jeunesse et le mouvement ouvrier ; au contraire, on retrouve une forte détermination à vouloir combattre et arrêter ces privatisations par ordonnances, notamment dans l’éducation, les transports et la santé.
Quelles ont été vos premières activités ? Comment avez-vous commencé la mobilisation ?
Keno : Nous nous sommes armés d’arguments et d’analyses pour faire comprendre la loi Vidal et le processus qui l’accompagne. L’UNEF – toutes tendances confondues – concentrait tout son discours sur la remise en cause du rattrapage et de la compensation des notes tous les semestres. Les militants du NPA ou les secteurs soi-disant radicaux, parlaient d’une simple « sélection » des étudiants.
Pour notre part, nous nous sommes efforcés de démontrer qu’à travers la loi Vidal et le plan étudiant, il s’agissait de faire de l’éducation la chasse gardée de la classe dominante, c’est-à-dire un service marchand et privatisé.
L’OMC le disait en 2000, avec la santé, l’éducation est « le marché du XXIe siècle », ce qui s’est traduit alors à l’échelle de l’Union Européenne par la mise en place du processus de Bologne.
Le système européen de crédits (les ECTS) individualise les diplômes et met les universités en concurrence : financements privés, désengagement financier de l’État, fermeture de filières, et augmentation des frais d’inscription.
En France, grâce à la résistance des jeunes, la privatisation a « pris du retard », pour les capitalistes. Le processus s’est accéléré en 2006, avec la loi LRU (autonomie des universités), puis en 2012 avec la loi Fioraso (fusion – privatisation des sites universitaires).
Contrairement à ce qu’ont affirmé l’UNEF et les secteurs politiques qui la composent (Hamonistes, LFI, NPA), la loi Vidal n’est pas une attaque « en plus », c’est véritablement l’aboutissement de ce processus ! (Voir L’Internationaliste Hors série n° 9)
Il était important, pour nous, de traduire cette orientation dans les manifestations avec des slogans pédagogiques et combatifs à la place des habituelles chansonnettes et autres slogans vides de sens.
À l’occasion des premières manifestations en février sous la neige (1er et 6 février), nous avons chanté « Facs fermés au intérêts privés, facs ouvertes aux enfants d’ouvriers ! », « À bas, à bas les privatisations ! » ou « Ni sélection, ni privatisation : loi Vidal, abrogation ! ». Ces slogans ont été un succès puisqu’ils ont rencontré un réel écho et ont été largement repris par la suite.
Griselda : En effet, il n’y a pas d’un côté la politique globale de l’OMC, du FMI, politique qui se concrétise en France par les directives européennes, et d’un autre côté la politique du gouvernement Macron-Philippe-Blanquer, qui détruit le contenu national du baccalauréat pour finaliser la privatisation des universités publiques.
Très vite, les militants de l’UNEF et du NPA présents sur Paris 3 ont ouvert les débats sur la question : « privatisation ou pas privatisation ? »
Ces derniers voulaient que l’on cantonne notre champ revendicatif à la lutte contre la sélection, car pour eux « privatisation de l’université, ça ne parle pas aux étudiants ». On pouvait donc avoir une loi Vidal sans sélection ? On pouvait donc avoir un plan étudiant sans privatisation ?
J’ai été extrêmement surprise de voir que les militants du NPA défendaient avec autant de zèle les positions des directions syndicales bureaucratiques.
N’oublions pas que pour l’intersyndicale – cheminots ( CGT, UNSA, FO, CFDT, FO, Solidaires), il fallait différencier d’un côté, la destruction du statut de cheminot, et de l’autre la privatisation de la SNCF. Or, les deux sont intrinsèquement liés.
Il faut dire que sur Paris 3 – Censier, cette argumentation a été aussitôt nulle et non avenue, puisque Censier sortait d’une victoire déterminante contre le processus de fusion-privatisation dans le cadre du regroupement d’universités appelé Sorbonne-Paris-Cité. Parallèlement, le mouvement étudiant démarrait sous les meilleurs auspices à Toulouse, où depuis décembre, une grève massive des personnels contre la fusion-privatisation de l’université du Mirail était en cours.
La suite nous a donné raison avec le mouvement historique de grève et de mobilisation des cheminots contre le plan Spinetta, c’est-à-dire contre la privatisation de la SNCF. C’est pour cette raison, que nos motions de soutien à la lutte du Mirail ou à celle des cheminots ( voir précédent numéro de l’Internationaliste) étaient accueillies avec beaucoup d’enthousiasme par les étudiants et étudiantes dans les assemblées générales.
Quels obstacles avez-vous rencontré ?
Keno : Les organisations que nous avons rencontrées à Paris 3 ne voulaient pas faire d’AG et préféraient se réunir entre elles et prendre leurs décisions à huis clos dans le dos de la masse des étudiants.
Rappelons-le : l’assemblée générale est l’organe souverain du mouvement. Ses revendications doivent être votées, ses décisions doivent être respectées et appliquées en premier lieu par le comité de mobilisation, qui n’est pas un organe de contre-pouvoir, mais un organe de mise en œuvre au service du mouvement.
La tribune est garante du fonctionnement démocratique de l’assemblée générale. Elle se présente, elle est élue, et doit soumettre au vote toutes les propositions émanant de l’assemblée.
Nous avons défendu ces principes essentiels, qui, malheureusement, n’ont été respectés ni par la CGT – FercSup, ni par le SneSup-FSU, ni par les militants politiques de la FI, du NPA, ou des secteurs « radicaux » présents à Paris 3.
Au contraire, tous ces militants politiques réunis dans la « commission occupation » votaient des résolutions pour interdire la diffusion des tracts de Solidaires étudiants Paris 3 sur le parvis. Les militants de cette commission de la « Commune de Censier » se sont comportés comme de vrais chiens de garde, avec des méthodes totalement contraires à celles du mouvement ouvrier.
Un autre obstacle a été le « blocage », en avril, de l’université, le « graal » des militants soi-disant radicaux qui étaient présents à Paris 3. Blocage négocié directement par les militants de l’UNEF et leurs affidés (Hamonistes, LFI, NPA, et secteurs autonomes) avec la Présidence de l’Université, pour cantonner l’occupation sur le plus petit bâtiment du campus de Censier.
Ce « blocage », qui n’en était pas un, a monopolisé les débats dans les AG. Nous avons ainsi perdu un temps précieux. Pour notre part, blocage ou pas blocage, notre priorité restait de s’organiser pour obtenir le retrait de la loi Vidal, en premier lieu en posant la question des examens qui allait être utilisée par la Présidence pour intimider et démobiliser en fin d’année.
Nous avons été bien seuls à défendre le report des examens et l’inscription de tous les bacheliers.
Griselda : Lors de ce mouvement, j’ai pu voir toute une frange de la prétendue extrême-gauche ( NPA, secteurs autonomes…) qui a suivi aveuglément tous les appareils bureaucratiques dans leur politique en opposition à la mobilisation.
Pour construire un mouvement national d’ampleur, il fallait affronter « le front Commun de Hamon (PS) à Nathalie Artaud( LO) en passant par Jean-Luc Mélenchon (LFI) », c’est-à-dire l’accord scellé par en haut, par tous les appareils, qui a été lancé le 9 mars par O. Besancenot.
Dans le contexte de la mobilisation étudiante, ce front commun s’est concrétisé par un soutien permanent à la direction de l’UNEF et aux directions fédérales et confédérales de la CGT et de la FSU.
C’est ce qui explique que les cortèges étudiants et lycéens aient été dirigés ou co-dirigés systématiquement par la direction nationale de l’UNEF, et non par les étudiants réellement mobilisés. C’est pourquoi toutes les coordinations (y compris celle qui s’est tenue à Toulouse – Le Mirail, où la mobilisation était massive et démocratique) se sont laissées phagocyter par des faux mandatés de l’UNEF.
Les CNE (Coordination nationale Étudiante), Coordination régionale étudiante, Coordination nationale lycéenne, ou autres AG interfac n’étaient pas des émanations représentatives du mouvement étudiant.
Il ne s’agissait que d’organes bureaucratiques complètement déconnectés de la mobilisation sur le terrain. Les CNE n’ont proposé aucun calendrier de lutte, ni aucune proposition concrète pour amplifier et construire un mouvement national contre le plan étudiant.
Et pour cause, les militants affiliés à des organisations telles que la FI, le PCF, le NPA, ou encore les tendances autonomes, ne participaient pas en tant que délégués, mais défendaient leurs orientations partisanes, très loin des préoccupations des étudiants et étudiantes mobilisés.
Ainsi donc, aucun plan de lutte n’a été proposé concernant les examens, concernant les fermetures administratives décrétées par les présidents d’université, concernant la répression, ou encore concernant l’application de Parcoursup sur les sites universitaires …
Ces coordinations nationales, soi-disant unitaires et représentatives du mouvement, n’ont même pas été capables d’élire des porte-paroles du mouvement, ni au niveau national, ni au niveau régional.
Ainsi, pendant que des militants se réclamant de l’anticapitalisme, de l’anti-racisme, de l’anti-fascisme et autres noms en -isme, croyaient construire la convergence des luttes dans leurs prétendues coordinations, ou AG interfac, avec les mêmes actions de blocages et d’occupations, ils laissaient les mains libres à l’UNEF, encore assise à la table des négociations avec le gouvernement et souhaitant « ouvrir les discussions pour un autre projet de loi »(1) .. jusqu’au 20 avril !
Le comble a, sans aucun doute, été le vote de la CNE pour participer à la fête républicaine du 5 mai de la France Insoumise et de François Ruffin.
Quelle capitulation de toute cette prétendue extrême-gauche qui s’est rangée derrière les drapeaux bleu-blanc-rouge du social-chauvinisme !
Quelle honte d’avoir défilé au son de la Marseillaise alors que le gouvernement Macron durcit les lois migratoires, remet en cause le droit d’asile, et ferme les frontières à tous les réfugiés.
Keno : Pour notre part, nous avons préféré ne pas être associés à cette initiative électoraliste, institutionnelle, festive, mais en tout cas pas de lutte.
Nous avons fait confiance à la classe ouvrière, et nous avons eu raison, comme nous l’a montré notre participation à la marée populaire, le 26 mai. Nos mots d’ordre « NON aux privatisations par ordonnances » et « Grève Générale pour chasser Macron » ont été extrêmement bien reçus par les lycéens et les étudiants.
Contrairement à ce qu’ont voulu faire croire les médias, le 26 mai a mobilisé bien plus que le 5 mai et a rassemblé plus de 200 000 personnes dans la rue.
Quelles autres revendications avez-vous mis en place au cours du mouvement ? Quelles propositions avez-vous porté pour permettre à la mobilisation de se poursuivre et de s’amplifier ?
Keno : Il s’agissait déjà de permettre à tous les étudiants d’être libérés de la question des examens pour pouvoir exercer leur droit à la grève. J’ai été surpris de voir le mépris qu’ont manifesté les « occupants de la Commune de Censier » à l’égard des étudiants qui étaient préoccupés par leur examens durant le blocage en avril.
Sur cette question, les étudiants ont été pris en tenaille. D’un côté institutionnel, par les directions bureaucratiques de l’UNEF (PS, LFI) qui comptaient sur les examens pour mettre fin à la mobilisation et qui évitaient donc la question.
De l’autre côté, par un courant soi-disant « radical » : les étudiants qui voulaient valider leur diplôme malgré le mouvement, étaient traités de petit-bourgeois, et leur revendication était balayée de la main. Les deux positions opposées dans les mots, ont produit le même effet.
Pour notre part, nous avons défendu le droit de grève et le report des examens très tôt. La suite nous a donné raison, avec la multiplication des examens en ligne, le recours aux devoirs maison, et autant de mesures pour faire pression sur les étudiants.
Notre campagne pour le report des examens a eu de l’écho. Alors que personne n’en parlait jusqu’en mai, des étudiants ont organisé des blocages pour annuler des examens à Paris 1 et sur le site d’Arcueil pour Paris 10 – Nanterre, ainsi que dans plusieurs universités en dehors de région parisienne.
Le deuxième point important a été d’empêcher l’application de Parcoursup à Paris 3, pour permettre à tous les bacheliers l’inscription dans la filière de leur choix.
Comment analysez-vous la question de la répression ?
Keno : Le gouvernement bénéficie, depuis l’inscription dans la loi de l’état d’urgence permanent, d’instruments exceptionnels de répression. Il s’en sert pour casser par la force le mouvement étudiant. C’est ce que nous avons vu dans les manifestations où les CRS ont gazé, nassé et chargé les manifestants. Ils ont été jusqu’à utiliser des camions avec des cannons à eau.
La répression s’est également traduite, comme nous l’avons vu au lycée Arago à Paris, par des arrestations arbitraires de lycéens et étudiants, majeurs ou mineurs ! J’ai moi-même été victime de cette répression. Si la foule ne s’était pas rassemblée pour l’empêcher, j’aurais été embarqué, le 26 mai, en plein milieu du rassemblement pour un simple contrôle d’identité !
La répression a aussi eu lieu dans les facs. À Montpellier, le doyen de la faculté de droit s’est même associé à des groupes fascistes pour agresser les étudiants mobilisés.
À Paris 3, il est étonnant que nous ayons été les seuls à demander la démission de la présidence, alors qu’elle a maintenu les examens dans les pires conditions, a violé les droits syndicaux, a instauré des vigiles à l’entrée pour fliquer et a menacé d’envoyer la police évacuer l’université (ce qu’elle a finalement fait début mai), et a annoncé qu’elle ferait appliquer Parcoursup par tous les UFR.
Les élus étudiants et personnels (UNEF, CGT, FSU) ont malgré tout continué à siéger dans les conseils et les différentes instances, respectant ainsi le même dialogue social que celui des directions syndicales qui co-rédigent les réformes avec le gouvernement.
Après l’incident de Montpellier nous avons appelé à une campagne unitaire contre la répression sous toutes ses formes, avec pour mot d’ordre « Vigiles, flics, fascistes, hors de nos facs ! ». Notre campagne a eu du succès.
Griselda : Je suis moi aussi consternée de voir que beaucoup de militants champions de la lutte anti-répression ou anti-fasciste (militants NPA toutes tendances confondues, mouvance autonome ou libertaire), sont en train de laisser passer des éléments déterminants du durcissement des forces régaliennes, coercitives et liberticides.
La campagne pour la défense de la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’organisation, n’a trouvé aucun écho chez les militants qui interviennent à Paris 3. Je me suis rendue compte que leur sectarisme concernant cette campagne, est présent dans la lutte contre la répression en général.
Or, on ne peut pas comprendre la violence de la répression de l’appareil d’État, si on ne comprend pas la détermination de la bourgeoisie à faire passer ses attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. En effet, la liberté d’expression et d’organisation sont indissociables de l’indépendance de classe du mouvement ouvrier vis-à-vis du patronat et de l’appareil d’État en général.
De la même manière, la répression anti-syndicale s’inscrit dans une politique plus globale qui consiste à faire taire le mouvement ouvrier organisé, en particulier le mouvement syndical qui se revendique de la lutte de classes, de la Charte d’Amiens.
Sur Paris 3, ces soi-disant militants professionnels éclairés ont joué le jeu de la présidence qui a instauré le flicage par les vigiles, car, d’après eux, « ce sont des salariés comme les autres ». Ces mêmes militants sont contre la distribution de tracts syndicaux pendant les assemblées générales, sur une occupation d’université, ils mettent dehors des étudiants du comité de mobilisation… Cela est totalement étranger aux méthodes du mouvement ouvrier et étudiant.
En vérité, cela démontre qu’il y a une véritable instrumentalisation de la lutte contre la répression par toute une frange se réclamant de l’extrême-gauche soi-disant « éclairée », ou « radicale ».
Je m’en suis rendue compte le 26 mai, lorsque Keno a failli être arrêté. Ça n’a pas bougé chez les « chefs », comme je les appelle. Il a fallu compter sur des manifestants, des personnes lambda, qui ont réagi d’emblée, spontanément, sans sectarisme pour s’opposer à l’arrestation de notre jeune camarade.
Les 101 arrestations au lycée Arago, le soir du 22 mai, marquent, à mon sens, un tournant dans la répression. Des propositions de mobilisation auraient dû émerger autour d’une revendication commune : « relaxe immédiate des lycéens, étudiants, et de toutes les personnes inculpées ».
Pour notre part, lors de la manif lycéenne – cheminote du 7 juin à la Gare d’Austerlitz, nous avons chanté le slogan « À bas la répression dans les lycées ! Grève et relaxe pour tous les inculpés ! », qui a été repris par le cortège des postiers, par les lycéens et de nombreux militants présents.
Quelle perspectives pouvez-vous tirer ?
Griselda : Nous sommes fiers d’avoir libéré la parole, à notre échelle, même modeste, concernant les pratiques sexistes, racistes, autoritaristes, ou encore hégémoniques qui ont cours dans le milieu militant.
L’expérience accumulée constitue une base pour les futures mobilisations, notamment en terme de méthode pour garantir indépendance et démocratie au sein de toute mobilisation.
Cette mobilisation marque un saut qualitatif au niveau de l’état d’esprit de la jeunesse étudiante et lycéenne. Notre intervention, nos succès dans les assemblées générales, l’impact de nos banderoles et de nos slogans ont démontré la justesse de notre politique, et notre insertion chez les étudiants.
Les étudiants et les lycéens ont imposé l’abrogation de la loi Vidal comme seule revendication légitime du mouvement et ont défait, en partie, la stratégie de la « convergence des luttes » érigée par le haut par les appareils bureaucratiques.
Keno : Le syndicalisme étudiant est à reconstruire. Nous cherchons à participer à cette reconstruction. La jeunesse a beaucoup gagné en expérience durant ce mouvement. Je pense que beaucoup de jeunes cherchent une alternative indépendante. À nous de leur proposer !
Les résultats de Parcoursup sont tombés : près d’un lycéen sur deux n’a pas eu la formation de son choix, et des dizaines de milliers sont sans affectation, ce qui confirme, par la pratique, ce que nous disons depuis des mois. Nous allons accompagner les lycéens dans leur inscription en juillet, puis préparer la rentrée de septembre, qui sera, nous l’espérons, une rentrée de lutte.
1. https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/04/19/dans-la-manifestation-parisienne-il-y-a-meme-des-presidents-d-universite-qui-refusent-de-selectionner_5287899_4401467.html