Contre-réforme des retraites : La grève de la RATP montre l’exemple

13 septembre 2019 grève à la RATP

Le vendredi 13 septembre, une grève très puissante a été organisée dans les transports parisiens (RATP), à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, contre la nouvelle contre-réforme des retraites voulue par la gouvernement.

L’ampleur de cette grève est remarquable car elle a dû faire face à des pressions très fortes de la direction de l’entreprise à l’égard des grévistes et de la part du gouvernement qui n’a pas hésité à envoyer la police pour intimider les grévistes sur les piquets de grèves. Les grands groupes de média ont aussi colporté, comme à leur habitude, des mensonges sur les pensions des agents de la Ratp. Les inénarrables P. Praud et F. Lenglet ont ainsi pu affirmer qu’en moyenne les retraites étaient de plus de 3700 euros quand le niveau réel dépasse à peine les 2300 euros bruts !

Une grève sans précédent depuis 1995

Le fait marquant de ce mouvement social est bien l’ampleur de la mobilisation, qui donne la mesure de la détermination des travailleurs à défendre leurs pensions. Plus de 90 % des personnels a cessé le travail. Chez les roulants, qui sont les travailleurs avec les conditions de travail les plus difficiles, on approche les 100 %. Résultat : plus de 11 lignes de métro ont été totalement fermées. Quelques trains ont pu circuler aux heures de pointe sur certaines lignes, grâce à des cadres non grévistes ou sur les lignes automatiques !! Près de trois quarts des bus et tramways sont restés dans les dépôts. C’est une grève inédite par son ampleur depuis 1995.

La force de cette journée de grève met en cause la limitation du droit de grève que la bourgeoisie a voulu imposer aux travailleurs en général et des agents de la Ratp en particulier. Elle pose également la question de la perspective à ouvrir pour mettre en échec la contre-réforme du gouvernement et sa politique en général.

Un service minimum qui vole en éclat

En 1995, le gouvernement d’A. Juppé avait mené une attaque d’ampleur contre le système de retraites. La situation de grève générale qui s’était développée en novembre décembre, en particulier dans les transports, avait contraint A. Juppé à reculer partiellement et les régimes spéciaux de pensions avaient été sauvés. Pour éviter qu’une telle situation se reproduise, le gouvernement de l’époque et la direction de la Ratp avaient mis en place le système dit de « l’alarme sociale », obligeant organisations syndicales et direction à « négocier » pour éviter les grèves d’ampleur.

En 2007, encore à la suite de mobilisations importantes contre une nouvelle contre-réforme des retraites, une loi avait été votée sous le gouvernement Fillon pour instaurer un service minimum, en particulier dans les transports et dans le premier degré de l’éducation. Depuis cette date, les salariés concernés doivent se déclarer grévistes 48 heures à l’avance pour permettre aux directions d’organiser un service minimum. Contrairement à d’autres pays tels que l’Italie ou l’Allemagne, il n’existe pas de réquisitions dans les transports et l’éducation, mais la loi de 2007 constitue une réelle remise en cause du droit de grève, car elle permet de remplacer les grévistes par d’autres travailleurs.

La grève du 13 septembre a fait voler en éclat ces dispositifs. Ce ne sont pas les directions syndicales qui y sont parvenues – elles ont même accepté tacitement ou explicitement ces remises en cause du droit de grève – mais bien la détermination des travailleurs à la base à se battre jusqu’au bout pour garder leur régime de retraite et leur statut. Preuve est faite que l’unité des travailleurs peut défaire les lois anti-sociales et les manœuvres des directions bureaucratiques syndicales.

Aller jusqu’au bout !

La grève du 13 septembre dépasse donc le seul cadre de la Ratp. La question qui se pose est la suivante : comment s’appuyer sur la démonstration de force des agents de la Ratp pour mener jusqu’au bout la bataille pour les retraites par répartitions ? C’est-à-dire comment élargir et approfondir la mobilisation sur cette bataille décisive ?

Il faut être catégorique : la bataille pour la sauvegarde du système de retraites par répartition est stratégique pour la classe ouvrière et la jeunesse. Imposer une défaite à ce gouvernement archi-minoritaire sur une question aussi capitale que celle des retraites pourrait permettre d’ouvrir un débouché politique pour tous ceux qui rejettent en bloc la politique anti-ouvrière et anti-démocratique du gouvernement.

Quelques jours après le succès de la journée du 13 septembre, la question s’est posée aux organisations syndicales de la Ratp de donner une suite au mouvement. Pourquoi un plan de lutte unifiée n’avait-il pas été élaboré auparavant ? Parce que les bureaucraties syndicales devaient d’abord mesurer le taux de grévistes pour savoir quelle tactique adopter pour dévoyer, démobiliser, démoraliser les travailleurs. Avec le succès du 13, les bureaucraties syndicales sont face à un épineux problème : comment démobiliser après un avoir atteint un taux de grévistes de près de 100 % ?

On parle maintenant d’une grève illimitée de la Ratp à compter du 5 décembre. 5 organisations ont été à l’origine de cet appel, pour répondre à la profonde exigence des travailleurs. La CGT Ratp s’y est jointe par la suite. Pourquoi juste à la Ratp ? Pourquoi attendre le 5 décembre ? Le 5 décembre c’est loin. Cela laisse le temps aux bureaucraties et au gouvernement de désorganiser la mobilisation. Surtout que l’idée d’un « tous ensemble » fait son chemin et la pression de la base remonte vers les directions syndicales. Les professions libérales, les gaziers et électriciens ont commencé à se mobiliser. Des syndicats FO et Sud des transports et de la SNCF ont appelé à se joindre au 5 décembre.

L’exigence qui se pose est belle et bien de réaliser immédiatement dans la pratique, sur le terrain, une mobilisation sur la base de l’unité la plus large de l’ensemble de travailleurs autour d’un mot d’ordre : Les travailleurs de la Ratp ont ouvert le chemin, joignons-nous à eux jusqu’au bout. Retrait inconditionnel du projet de contre-réforme des retraites Macron-Philippe-Delevoye.