Quelle issue pour les travailleurs aux États-unis d’Amérique ?

Le 22 février 2020
Par Jean-Louis
Les élections de 2020 approchent aux USA où le feuilleton des primaires a déjà commencé dans l’Iowa et le New-Hampshire.
En 2016, Bernie Sanders était déjà arrivé en tête de nombreuses primaires avant de s’incliner devant H. Clinton, typique représentante de la bourgeoisie urbaine de la côte est. Va-t-on revivre le même scénario en 2020 avec, disons M. Bloomberg, le « collègue » milliardaire de Trump ? Un milliardaire 30 fois plus riche que Trump c’est-à-dire, selon Sanders, qu’il « possède une plus grande fortune que les 125 millions d’Américains les moins riches ».
On sait déjà que seul B. Sanders réclame que la convention prévue en juillet désigne comme candidat celui qui aura le plus de votes des délégués, tous les autres candidats y étant opposés.
Ceci dit, on ne s’en souvient pas, mais H. Clinton avait remporté l’élection présidentielle de 2016, devançant de près de 3 millions de voix le milliardaire Trump qui a bâti sa fortune grâce aux impôts des travailleurs de New-York, un peu comme son collègue Bloomberg, plus un certain nombre de choses qui, dans un pays démocratique, auraient dû l’envoyer en prison pour longtemps.
Depuis que la Cour suprême des USA a levé toute restriction sur le financement des campagnes électorales, en 2014, il est possible désormais de s’offrir un poste de Président des État-Unis d’Amérique tout comme il était possible sous l’ancien régime d’acheter une charge quelconque, même en étant parfaitement incompétent pour l’exercer.
Trump a obtenu le poste de cette façon, en payant qui il fallait, en toute légalité, pour obtenir le droit de pisser sur 3 millions de citoyens états-uniens.
De ce point de vue, l’impérialisme le plus puissant de la planète n’est que la plus éminente preuve de la décomposition du mode de production capitaliste, la preuve par l’absurde que la survie de ce mode de production n’est assuré que par un retour en arrière dans tous les domaines de l’activité humaine, par une fuite en avant dans le parasitisme et la destruction des forces productives à commencer par l’être humain.
En effet, Trump, comme les individus dans son genre, n’est pas un climato-sceptique, comme on l’entend souvent affirmer par des gens naïfs, non : il est tout simplement persuadé que le bouleversement climatique qui est en cours est une formidable opportunité pour créer de nouveaux marchés spéculatifs, faire des affaires et s’enrichir encore plus.
Peu importe, pour lui, ce que deviendront des milliards d’individus dont des centaines de millions d’États-uniens, à commencer par les Noirs, bien entendu, cela va de soi pour celui qui dirige les USA, éminent soutien des suprémacistes blancs, et de tous les droitistes radicaux et extrémistes.
Pour Trump, plus la situation va se dégrader, plus les possibilités de faire des affaires vont se développer, c’est pour cela qu’il a systématiquement appuyé les milieux patronaux de l’exploitation minière, pétrolière et gazière ; ce n’est pas pour sauver l’emploi des mineurs du Kentucky ou de Virginie.
Sa proposition d’acheter le Groenland n’est pas une boutade. De plus, elle contient bien une menace à peine voilée pour ceux qui chercheraient à s’y opposer : Trump veut mettre la main sur cette île gigantesque car il veut s’en approprier les ressources, renforcer l’emprise de l’impérialisme états-unien sur le monde et, le cas échéant, pouvoir sauver son cul et celui de ses semblables si les golfs de Floride devaient se retrouver sous les eaux.
D’autres, au contraire, reconnaissent l’urgence de s’opposer au bouleversement climatique en cours, mais ils prétendent que seul le capitalisme possède les ressorts pour « sauver la planète », comme ils disent. En fin de compte, ils sont tous d’accord pour défendre bec et ongles le mode de production capitaliste.
Voilà de quoi il faut débarrasser le monde, mais le parti « démocrate » peut-il être l’outil d’une « révolution » eu faveur des travailleurs aux USA ? Poser la question c’est en quelque sorte y répondre tant son passé plaide en sa défaveur.
Ces dernières années ont vu émerger une nouvelle génération de militants pour lesquels le socialisme n’est plus un tabou. Certes, ils n’en ont pas forcément la même définition, mais l’affirmation d’un politique socialiste est hautement significative des conséquences du soubresaut de 2007-2008 dans la crise du mode de production capitaliste.
Alors, « l’assainissement » du marché de l’immobilier a vu ceux-là même qui avait précipité des millions de familles modestes dans le plus grand dénuement s’enrichir monstrueusement de leurs dépouilles via le rachat d’hypothèques à vil prix. C’est ainsi qu’a surgi Black Stone, devenue depuis Black Rock.
Des millions de chômeurs, une fois épuisé leur droit à une allocation, sont devenus des « inactifs » : c’est surtout comme cela que Trump a réduit le chômage, comme ses prédécesseurs, « républicains » et « démocrates ». Non, ni Obama, ni Trump n’ont amélioré le sort de ceux qui ont été jetés à la rue en 2007-2008, ceux qui ont perdu leur emploi.
Les Noirs avec « Black Lives Matter », les jeunes contre le lobby des marchands d’armes, les femmes sont à l’avant-garde de toutes les mobilisations. Parmi ces dernières on peut citer les enseignants, les travailleurs de Walmart, ceux des « fast food » pour le salaire minimum à 15 dollars, les chauffeurs Uber etc. ; en tout une hausse des grèves dans l’ensemble des secteurs qui a connu un point culminant chez General Motors avec la plus longue grève depuis les années 70.
Il y a là un gigantesque potentiel pour construire un vrai parti des travailleurs pour le socialisme ! Un parti indépendant de la bourgeoisie, car c’est une nécessité vitale pour les prolétaires que l’indépendance de classe. Celle-ci passe par un rassemblement syndical qui tourne le dos à la compromission de la bureaucratie de l’AFL-CIO et de Change to win et par la rupture avec le parti « démocrate » et, cela va sans dire, avec le parti « républicain ».