La lutte des classes dynamite les élections municipales : n’attendons pas 2022 pour Chasser Macron !

Paris, le 13 juillet 2020
Nous, MCI, avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, de dénoncer la mascarade que représentaient les élections municipales de 2020. Force est de constater que ce que nous avions analysé s’est confirmé, au regard des résultats définitifs de ce scrutin. Il est néanmoins important d’insister sur quelques traits saillants de ces élections et sur leur signification, car la situation de crise politique (et institutionnelle) et d’aiguisement de la lutte des classes évolue très rapidement.
Une abstention consciente politiquement massive
Le premier enseignement politique majeur que l’on peut tirer de ce scrutin est le niveau d’abstention qui atteint un nouveau record. Depuis plusieurs années, nous avons insisté sur le fait que l’abstention était de plus en plus l’expression d’un rejet conscient des institutions et des partis politiques institutionnels, qui appliquent tous la même politique favorable aux intérêts du patronat et des marchés financiers.
C’est une tendance lourde en France, qui s’observe également dans d’autres pays d’Europe et du monde. En même temps, cette abstention a pour corollaire une radicalisation de la lutte des classes, avec des secteurs de plus en plus larges de la classe ouvrière et de la jeunesse qui défient les calendrier électoraux pour entrer en lutte.
Les élections municipales 2020 correspondent à un approfondissement brutal de cette tendance. Nous l’avons déjà mentionné pour le premier tour du scrutin, cela s’est confirmé pour le second tour, le 28 juin dernier.
A cette occasion, les électeurs de près de 5000 communes françaises, dont les plus peuplées du pays, étaient appelés aux urnes. Près de 6,7 millions de personnes se sont déplacées pour voter, c’est-à-dire à peine plus de 41 % des inscrits.
Si l’on compte les votes blancs et nuls, il n’y a eu que 6,5 millions de voix exprimées. En d’autres termes, l’abstention pour ces élections municipales, qui est pourtant un type de scrutin où la participation est traditionnellement élevée, est de près de 60 %. On se situe même à 80 % voire 85 % d’abstention dans de nombreux bureaux de vote des quartiers populaires des grandes villes.

Cela signifie que les travailleurs et les jeunes se sont massivement détournés des urnes et ont rejeté les injonctions à aller voter. Dans la mesure où le gouvernement et l’ensemble des partis institutionnels avaient appelé les électeurs à se rendre massivement aux urnes pour signifier « le retour à la normale » après le début de la crise sanitaire, l’abstention massive est bien l’expression d’un rejet massif du gouvernement et de sa politique, et de tous ceux qui ont participé à cette tentative désespérée de sauvetage des institutions de la Ve République.
Soulignons que cela pose la question de la légitimé des élus issus de ces élections : cette année, souvent les maires et leurs adjoints ont été élus avec seulement 20 % des inscrits, parfois moins.
Ces équipes municipales souffriront d’un manque d’assise sociale énorme. Cela est est d’autant plus notable qu’elles seront en charge de poursuivre l’application des politiques de destruction/privatisation des services publics mises en place dans le cadre de la décentralisation que le gouvernement Macron-Castex entendent aggraver.
La crise de régime s’approfondit

Dans le cadre de ces élections, le gouvernement poursuivait outre l’objectif de sauver les institutions pourrissantes de Ve République celui d’accélérer la recomposition de la représentation politique de la bourgeoisie, en ancrant le paysage politique le plus à droite possible.
Pendant la période de la campagne électorale et au plus fort de la crise sanitaire, Macron a d’ailleurs multiplié publiquement les signaux vers des figures de la droite-extrême telles que De Villiers, Zemmour…
Au vu des résultats définitifs des élections municipales, c’est peu de dire que l’opération de Macron et ses acolytes est un échec cuisant. Non seulement, le président de la République et ses alliés n’arrivent pas à mettre un terme aux mobilisations des travailleurs et des jeunes et à la crise de régime qui frappe la Ve République, mais en plus il précipite l’ensemble des partis politiques institutionnels, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, qui ont pris part à la mascarade électorale, dans la même logique de crise que celle qui frappe les institutions.
Le parti présidentiel (LREM), dont l’objectif, en 2017, était de doter la bourgeoisie d’une nouvelle représentation politique en faisant éclater « le clivage droite-gauche », échoue à s’implanter au niveau des communes.

Ce mouvement ne remporte aucune mairie significative. Cela correspond au fait que ce parti est ultra-minoritaire et ultra-rejeté, et que Macron n’est arrivé au pouvoir que par un hold-up électoral en 2017.
En d’autre terme, il dispose d’une base sociale extrêmement réduite : il n’a pas les moyens de sa politique. Pour le moment, il ne tient que grâce à l’appareil policier et à la collaboration de classe des directions des organisations syndicales qui continuent envers et contre tout à pratiquer la politique du soi-disant dialogue social.
Les autres partis bourgeois, tels que le PS et LR, qui sont les piliers historiques de la Ve République, obtiennent des résultats bien dérisoires au vu de l’abstention massive. En terme de voix, il connaissent une baisse importante.
Ils sont frappés du même rejet aux yeux des travailleurs et des jeunes et ce d’autant plus qu’ils sont jugés responsables de la mise en place des politiques de décentralisation et privatisation des services publics à l’échelle nationale et locale, depuis plus de quarante ans.
PS, LR et leurs alliés sortent encore plus affaiblis qu’ils ne l’étaient avant le scrutin. Cela vient démentir l’idée véhiculée par les analystes politiques bourgeois selon laquelle, dans un système dit démocratique, les partis de l’opposition remportent des victoires dans le cadre de l’alternance.
Le Parti Communiste continue de s’enfoncer dans sa crise terminale. Il perd certains de ses bastions historiques, dont certains qu’il détenait depuis près d’un siècle (hormis la période du régime de Vichy) : c’est le cas des communes d’ Aubervilliers, de Champigny-sur-Marne, de Choisy-le-Roi, de Saint-Denis, de Valenton, en région parisienne, mais aussi de plusieurs communes du bassin minier du Pas-de-Calais de Gardanne en région Marseillaise ou encore de Saint-Pierre-des-Corps en banlieue de Tours.
Cela fait longtemps que le PC n’apparaît plus comme un alternative pour les travailleurs et les jeunes, en perdant à nouveau de très nombreux maires et conseillers municipaux, ses jours sont plus que jamais comptés.
Le Rassemblement National fanfaronne après avoir conquis la mairie de Perpignan. C’est la première fois depuis 1995, qu’il gagne une commune de plus de 100 000 habitants.
Mais le RN n’est pas épargné par l’abstention massive, à tel point que plusieurs de ses responsables se sont émus de la très forte abstention qui a caractérisé ce scrutin, ce qui indique sa préoccupation du bon fonctionnement des institutions. Au terme de ces élections, le RN perd près de la moitié des conseillers municipaux qu’il avait réussi à faire élire en 2014.

Les Verts (EELV) ont été présentés par les médias bourgeois comme les grands gagnants du scrutin. Encore une fois, les résultats sont à mettre en perspective avec une participation extrêmement basse.
De plus, le vote pour le parti prétendument écologiste est avant tout un vote bourgeois et petit bourgeois essentiellement dans les centre-villes des grandes agglomérations.
Une étude a montré qu’un nombre important des électeurs d’EELV lors de ce scrutin avaient voté Macron et LREM en 2017. Et pour cause, EELV est favorable au capitalisme et à la décentralisation entraînant la destruction des services publics.
Construire la grève générale pour chasser Macron
Après les élections, ses déclarations et ses actes ont montré que Macron, était sous la pression de la lutte des classes et que pour cette raison, sa seule possibilité était d’accélérer sa politique de destruction généralisée des conquêtes ouvrières et des droits démocratiques.
Malgré la défaite cuisante qu’il a subie lors de ces élections, et l’extrême fragilisation de son pouvoir, il peut s’appuyer sur les institutions anti-démocratiques de la Ve République, l’appareil d’État, et les directions syndicales, pour poursuivre sa politique.
La question qui se pose de manière urgente, est bien de mettre fin aux institutions anti-démocratiques et anti-sociales de la Ve République. Pour cela, il faut s’appuyer sur le mouvement réel de la lutte des classes, et non sur les illusions électoralistes.
Depuis de longs mois, les masses se mobilisent contre la politique du gouvernement malgré la dure répression et malgré la politique de collaboration de classe des prétendus représentants politiques et syndicaux des travailleurs et des classes populaires et de la jeunesse
C’est ce mouvement qu’il faut encourager et soutenir. Il ne faut pas attendre 2022, comme certains de la « gauche radicale » semblent le défendre.