Pour stopper la démolition de l’éducation nationale, grève générale !
Par les enseignantes et enseignants du MCI

En cette rentrée les grèves et les mobilisations sont nombreuses dans l’éducation et partout en France.
Préavis de grève, à partir du 31 août, au collège Michel-Chasles d’Épernon (Eure-et-Loire) pour l’obtention d’une classe de 6 eme supplémentaire ; grève le jeudi 1er septembre au collège Issaurat de Créteil contre les classes surchargées.
Par ailleurs, les travailleurs du collège Gambetta à Paris ont déposé un préavis de grève pour le 5 septembre, car au moins cinq postes ne sont pas pourvus.
Après une grève en juin, et un rassemblement massif en juillet, les travailleurs du lycée Yourcenar du Mans seront en grève le 5 septembre, pour dénoncer le manque de moyens.
Appel à la grève des assistantes maternelles le 1er septembre dans la Loire ; grève des assistantes maternelles à Cherbourg le 5 septembre contre la dégradation de leurs conditions de travail…
En cette rentrée, ce qui domine chez de nombreux collègues, c’est le ras-le-bol et l’envie de défendre le service public de l’éducation nationale. Quant au gouvernement Macron – Borne – Ndiaye, il est déterminé à poursuivre la destruction et la privatisation de l’éducation nationale, de la maternelle à l’université.
Chaque école va devenir « autonome »
Jeudi 25 août Macron s’est adressé aux différents recteurs d’académie réunis à la Sorbonne. Selon les services de l’Elyssée « C’est la première fois qu’un Président de la République participait à cet événement. » De même, la première Ministre, Élisabeth Borne, a accompagné le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, le jour de la rentrée. On voit ainsi que la destruction de l’éducation publique est pilotée directement par en haut.
Au cours de ce discours, Macron a voulu « fixer des objectifs, pas simplement pour l’année qui s’ouvre mais les cinq années qui viennent ». Les maître-mots de son discours, sont « autonomie », « liberté », « reconnaissance », « expérimentation », « ouverture ».
A terme, chaque école, maternelle, primaire, collège, lycée, va devenir autonome. Chaque établissement va pouvoir définir ses propres « projets », sa propre politique… locale. L’État va avancer de l’argent pour inciter les écoles à passer à ce nouveau mode de « gouvernance ». Ce qui implique un programme d’enseignement local, un recrutement local des personnels, la possible mise en place de sélection des élèves… exactement à l’opposé du service publique actuel.
De même, prévue par la loi « école de la confiance » de Blanquer, une politique d’audit interne va être mise en place dans chaque établissement. Comme si nous étions déjà des entreprises privées. Nommé « auto évaluation », chaque école va être notée par les personnels, mais aussi les élèves, les parents, les pouvoirs publics et… le patronat local !
L’« autonomie », cache-sexe du patronat !
Cette « autonomie » va être très relative, puisque le but affiché est de faire en sorte que le patronat puisse définir la politique de chaque école, en fonction de ses besoins à lui.
Ainsi, au collège, une nouvelle contre-réforme est annoncée, dont le contenu se résume pour le moment à « progresser par expérimentation ». Pour Macron il s’agit en fait de « mettre fin à un tabou qui ferait que l’école serait fermée sur elle-même. L’ouvrir aux entreprises, à des acteurs de l’extérieur, c’est un formidable levier ».
Ainsi, comme première étape de l’autonomie des collèges, c’est-à-dire leur privatisation, une demi-journée par semaine de découverte de l’entreprise serait mise en place en classe de 5ème.
De même, il va y avoir une « transformation de la voie professionnelle ». L’objectif est très clair : « Adapter aux besoins du marché du travail et des élèves, nos formations […] confier aux lycées professionnels l’autonomie, les moyens d’innover, de mieux préparer les jeunes au monde de l’entreprise, et de développer les temps de stage d’au moins 50 % ».
Ainsi, cette autonomie des lycées professionnel, c’est faire des lycéens de la main-d’oeuvre corvéable à merci, qui aura toujours moins de temps de formation, et qui sera toujours plus en entreprise.
Macron précise que les entreprises privées vont pouvoir envoyer des ‘’enseignants’’ dans les lycées professionnels, et ceux-ci pourront siéger dans les conseils d’administration. C’est bien le patronat qui va définir la politique de chaque établissement !
Cette autonomie des écoles va donc concerner tous les échelons de l’éducation nationale. On a déjà vu le résultat avec les universités, ou l’« autonomie » est mise en place depuis 2007 : écroulement des conditions de travail des personnels, casse des statut (certaines universités sont à 50 % de personnels contractuels), baisse du nombre d’heure d’enseignement de qualité pour les étudiants, milliers d’euros de frais d’inscription pour les étudiants « non-européen ». Macron a annoncé que la prochaine étape de la casse des universités serait d’appliquer cette hausse à l’ensemble des étudiants.
Cette « révolution copernicienne » appelée par Macron augure du pire pour les maternelles, primaires, collèges et lycées !
Des conditions de travail toujours plus dégradées
Depuis 40 ans, nous connaissons la baisse du nombre d’heures de cours données aux élèves, les fermetures de classe, donc l’augmentation du nombre d’élèves par classe. De même le nombre de ‘’missions’’ qui augmentent.
Comme si ça ne suffisait pas, lors d’une audition le 2 juillet à l’Assemblée Nationale, le nouveau ministre annonçait une baisse de 67 000 élèves pour la rentrée 2022. Et affirmait que les fermetures de classes « se feront avec beaucoup de discernement ».
Ainsi le ministre ose annoncer qu’on va continuer de fermer des classes à cause de la démographie (la baisse du nombre d’élève). Ne serait-il pas temps, au contraire, d’ouvrir des classes, afin de diminuer le nombre d’élèves par classe, ce qui serait bons pour tous, tant sur le plan pédagogique que sanitaire ?
Cette politique se fait au détriment de la qualité des enseignements donnés aux élèves. Nos conditions de travail se dégradent. Avec un point d’indice (qui détermine notre rémunération) qui est gelé depuis Sarkozy, les enseignants s’appauvrissent.
Avec quelles conséquences ? Selon le journal 20 minutes « Les départs définitifs volontaires parmi les enseignants du public en poste à l’éducation nationale sont ainsi passés de 1.554 en 2019-2020 à 2.286 en 2020-2021.
Et si on remonte encore plus loin, la comparaison est encore plus flagrante : en 2008-2009, on recensait 364 démissions. » En bref les démissions explosent.
Blanquer puis Ndiaye agitent le slogan du « pas un prof en début de carrière en dessous de 2000 euros ». Macron précise quant à lui que si on veut être augmenté et toucher un prime individuelle, il faudra travailler encore plus. La vraie solution, c’est le dégel du point d’indice et l’augmentation générale des salaires !
La destruction du statut d’enseignant
La crise sanitaire a déjà révélé à quelle point les conditions de travail des enseignants étaient lamentables, et a révélé le niveau de dégradation de leur statut. Avec la politique de Macron, les choses sont allées en s’aggravant :
La « crise des vocations » s’aggrave. A la fin de la période des concours de l’année 2021-2022, 4000 postes d’enseignants fonctionnaires n’étaient pas pourvus, faute de candidats. Le ministère en a profité pour faire une campagne nationale de recrutement d’enseignants contractuels, donc précaires.
Des futurs enseignants sont recrutés en 30 minutes, « formés » en 5 jours avant la rentrée, puis en télé-enseignement. On va donc mettre devant les élèves des personnes non qualifiées. Est-ce que ceci va améliorer la qualité de la formation des élèves et leur bien-être ?
De même, le nouveau concours du CAPES, dont la première session était en 2022, donne moins de place à l’évaluation des savoirs disciplinaires des enseignants. A la place, deux épreuves de type entretien d’embauche ont lieu.
Ainsi, quand les ministres successifs annoncent qu’il y aura bien « un adulte devant chaque classe », ceci ne signifie pas qu’il y aura un enseignant compétent, mais quelqu’un pour gérer les flux d’élèves et faire la garderie.
A quoi jouent Macron – Borne – Ndiaye ? En février 2022, en pleine campagne électorale, les gouvernement annonçaient la couleur : leur objectif, c’est la fin du concours (le CAPES) et la fin du recrutement à vie, c’est-à-dire la fin du statut de fonctionnaire.
Dans les tuyaux également, Pap Ndiyae, dans une interview au journal Libération du 26 août, avançait qu’« il faut aussi avoir plus de mobilité pour entrer et sortir de ce métier » (nous soulignons).
Ainsi comme à France Telecom, les travailleurs de l’éducation nationale vont être incités à se reconvertir. On va pousser les fonctionnaires vers la porte de sortie, et continuer de faire entrer des contractuels, c’est-à- dire des précaires non formés…
Nous sommes bien en train d’assister à la privatisation à marche forcée de l’éducation nationale.

Ndiaye, « antithèse de Jean-Michel Blanquer » ?
Comme nous venons de le voir, tout ce que Blanquer avait annoncé, Ndiaye va le mettre en place. D’ailleurs, la plupart de son équipe au ministère est macroniste : Il a pour directeur Jean-Marc Huart, un proche de Macron, qui était directeur général de l’enseignement scolaire sous Blanquer (DGSCO) autrement dit le n°2 du ministère.
Anne Rubinstein, sa cheffe de cabinet et conseillère spéciale, était directrice de cabinet de Macron quand celui-ci était ministre de l’économie sous Hollande. Julie Benetti, conseillère du ministre, était référente éducation dans l’équipe du candidat Macron… Le nouveau ministre incarne en fait la continuité de la politique de Macron.
La responsabilité des directions syndicales
Nous n’avons donc rien à attendre du ministre de l’éducation nationale, c’est un ennemi des services publics. Dans ce cadre, pourquoi les directions des différents syndicats enseignants sont-ils allés le rencontrer, dialoguer avec lui, depuis sa nomination ? Elles y ont passer beaucoup de temps.
Pendant ce temps là, elles n’ont pas organisé la résistance, la grève, sur le terrain. Comme l’année dernière, elles organisent la dispertion et les journées de « mobilisations » saut-de-mouton….sans préavis de grève !
Si les contre-réformes passent, ce n’est pas pas la faute des enseignants et personnels, qui sur le terrain, eux, se battent, et ont montré leur détermination à défendre coûte que coûte le service public !
Les grèves ont été nombreuses cette année 2021-2022 contre les suppressions de postes, de classes, les moyens insuffisants, la destruction du baccalauréat, le mépris du ministre. Le jeudi 13 janvier 2022 par exemple, la grève a été très largement suivie.
Le duo Macron – Blanquer hier, le trio Macron – Borne – Ndiaye ont un programme bien établi de destruction de l’éducation nationale, et les directions syndicales répondent absent sur le terrain de la lutte. Par contre, elles nous ont prévenu : l’important cette année ce sont… les élections professionnelles.
L’enjeu est de taille pour elles : il s’agit de garder leurs postes de permanents. A n’en pas douter, pour leurs élections de décembre 2022, oui là les permanents vont se déplacer, tracter, organiser des réunions etc. Et peut être même qu’une journée de grève fin novembre sera appelée, pour montrer à quel point ils sont radicaux… en vue des élections. C’est une honte, à bas la bureaucratie et le carriérisme !
Nous l’avons vu : les grèves locales ont commencé dès la pré-rentrée, et malgré que les directions syndicales étaient au courant de la situation catastrophique de cette rentrée, elles n’ont rien fait pour organiser la grève. Pire elles accompagnent la politique du gouvernement et du nouveau ministre, et sabotent les grèves en refusant de les centraliser et de les unifier. Alors ne les lâchons pas, ne les laissons pas tranquille….