D’une crise à l’autre. Édito Internationaliste 197

En voulant et en favorisant l’élection d’E. Macron, les milieux d’affaires, les capitalistes, la haute finance ont misé sur une équipe dont ils pensaient qu’elle était à même d’imposer rapidement, voire brutalement, leur catalogue de contre-réformes.

La mission de cet énarque passé par la banque était de terminer ce que Ch. de Gaule n’avait pas pu achever : la mise en place d’un régime pleinement bonapartiste pour imposer les contre-réformes. A-t-il réussi ? Non. A-t-il renoncé ? Non. Il espère avoir cinq ans de plus pour cela.

Aussi il travaille à verrouiller l’espace politique pour ne laisser aux électeurs que le choix entre lui et M. Le Pen et tout est bon pour lui dans cette optique. De leur côté, les appareils bureaucratiques font tout pour empêcher que la lutte des classes, les mobilisations de masse, remettent en cause l’agenda institutionnel.

Car la crise sanitaire n’est pas finie. Au demeurant le serait elle, elle aurait contribué à aggraver la crise politique et institutionnelle que traverse ce pays. Alors même qu’E Macron et son gouvernement l’ont instrumentalisée pour imposer leur programme de régression sociale et démocratique.

Pourtant, faut-il le rappeler, depuis 2017 les travailleurs ont refusé de plus en plus nombreux de choisir entre la peste et le choléra, manifestant ce refus par l’abstention consciente, active. Un scrutin après l’autre l’abstention s’est étendue et approfondie jusqu’à ce « record » atteint ce printemps à l’occasion des élections départementales et régionales.

Parallèlement, les mobilisations se sont succédées contre les ordonnances travail d’abord, puis le mouvement des « gilets jaunes » a bousculé gouvernement et bureaucrates qui ont affecté d’y voir un mouvement lié à l’extrême-droite, ce qu’il n’était pas. Certes, la droite « républicaine » et l’extrême-droite ont tenté d’instrumentaliser ce mouvement, rejeté par la « gauche », mais elles ont échoué car c’était – c’est – un mouvement de prolétaires.

La mobilisation contre la contre-réforme des retraites ainsi que la mobilisation des personnels de santé, engagées en 2019, n’ont pas abouti dans leurs objectifs. Cependant, elles ont sérieusement remis en cause l’agenda d’un gouvernement qui marchait la main dans la main avec la CFDT et s’appuyait sur la volonté de « dialogue social » des autres centrales syndicales.

La mobilisation en rejet du « pass » sanitaire qui se poursuit depuis deux mois est le révélateur d’une exigence des travailleurs et des jeunes : nous n’acceptons pas que le gouvernement se défausse de sa responsabilité sur l’absence de masques, sur les problèmes d’approvisionnement en vaccins, sur le refus de développer des traitements contre la Covid-19 !

Nous n’oublions pas les usines essentielles fermées, sacrifiées aux exigences capitalistes, les infirmières vêtues de sacs-poubelle dans les hôpitaux par manque de blouses, le mensonge sur l’inutilité des masques alors que des centaines de millions avaient été détruits. Nous n’oublions pas les suppressions de lits d’hôpitaux qui continuent en pleine pandémie.

Nous n’oublions pas le discours des ministres complices, du racket des laboratoires pharmaceutiques déjà goinfrés d’argent public. Nous n’acceptons pas l’inflation qui fait son retour, portée par la spéculation effrénée alimentée par les milliers de milliards de dollars déversés par les banques centrales sur les marchés financiers.

Produits alimentaires, produits médicaux, matières premières, tout est accaparé sur les marchés à terme par les spéculateurs pour faire monter les prix dans les magasins. Ils cherchent à vider les poches des travailleurs dont le « JT » nous expliquent quotidiennement qu’elles sont trop pleines.

Nous n’oublions pas la remise en causes des libertés démocratiques collectives sous prétexte de « sécurité » ou de lutte contre la pandémie. Droit de manifester, de se réunir, de s’organiser : tout est attaqué par un gouvernement qui cherche à réduire, à enfermer, les libertés démocratiques dans la seule élection.

Nous n’oublions pas que l’université, d’où les enfants d’ouvriers sont chassés, est livrée aux appétits capitalistes ; que les « petites » universités sont menacées de disparaître et que tout est fait pour que les droits d’inscription explosent.

Nous n’oublions pas les milliers de classes qui sont aujourd’hui fermées à cause des cas de Covid-19 alors que l’épidémie est censée reculer. Comme nous savons que J.-M. Blanquer compte bien poursuivre son saccage de l’école publique.

Dans ce contexte de mobilisation estivale sans précédent, où sont ceux qui prétendent représenter les travailleurs ? Ils débattent à la « fête de l’huma » ! Ph. Matinez, secrétaire général de la CGT avec G. Attal1, porte-parole du gouvernement ; F. Roussel, secrétaire national du PCF avec… V. Pécresse, présidente de droite de la région Île-de-France !

Tout cela en attendant le cortège des journées d’actions reportées cette année à la fin septembre et au début octobre. Pas étonnant que beaucoup à la CGT ou au PCF (à l’instar des dirigeants de l’UEC) s’étouffent quand ils voient ça. Vont-ils rompre avec ces dirigeants qui pratiquent la collaboration de classe ? Il serait plus que temps !

Car E Macron compte sur la politique de division des appareils bureaucratiques pour atteindre son but : être réélu, certes, mais surtout répondre favorablement, en gros et en détail, aux exigences des capitalistes.

L’abstention monte de même que les mobilisations ouvrières, populaires et jeunes pour en finir avec cette politique, avec ce gouvernement, avec ce régime.

C’est notre mot d’ordre : grève, manifestation, mobilisation pour chasser Macron et sa politique ! Et organisation, car il nous faut construire un parti pour porter cette exigence ; il nous faut reconstruire une internationale ouvrière, la IVème Internationale, pour la porter à l’échelle de la planète ! Rejoignez le MCI-QI !


1En 2019, c’était avec Geoffroy Roux de Bézieux, patron du MEDEF.