Non à la répression des enseignants syndicalistes !
Par Griselda
Notre participation au collectif unitaire
Depuis le congrès départemental de la CGT Éduc’ 93 (voir précédent numéro de L’Internationaliste), nous participons au collectif unitaire intersyndical et interprofessionnel contre la répression syndicale d’Ile-de-France. Grâce au collectif, nous avons pu répercuter largement la campagne de soutien aux enseignants toulousains de Bellefontaine (voir article Toulouse). Nous avons dans cette perspective participé à un point fixe lors de la manifestation nationale contre la réforme des collèges de Najat Vallaud-Belkacem le jeudi 11 juin à Paris. Nous avons récolté plus d’une centaine de signatures, dont celles de responsables syndicaux enseignants départementaux et nationaux.
Dans le cortège, de nombreux militants étaient déjà au courant de la mobilisation des enseignants toulousains et avaient déjà signé la pétition en ligne. Cependant, de nombreux autres enseignants ont découvert cette campagne lors de la manifestation et plus d’une dizaine (issus de plusieurs départements d’Ile-de-France : 75, 92, 95, 78…) ont laissé leurs coordonnées pour faire signer la pétition dans leur établissement. Les signataires syndicalistes ou simplement enseignants se sont très vite sentis concernés car la plupart d’entre eux avaient rencontré dans leur entourage des cas similaires de répression syndicale.
Une nouvelle réalité dans l’éducation
La répression syndicale est une nouvelle réalité dans la fonction publique, alors qu’il s’agissait encore d’un secteur « relativement » protégé de la remise en cause du droit syndical et du droit de grève. Le cas de Yann Le Merrer, militant chez Solidaires – Sud PTT 92, a marqué un tournant dans la remise en cause du droit syndical dans la fonction publique. En effet, le licenciement d’un agent de la fonction publique en raison de ses activités militantes n’avait pas eu lieu depuis… 19511. Cette brèche ouverte, les mesures disciplinaires se multiplient dans les bureaux de poste envers les militants syndicaux. L’objectif est clairement d’intimider et de démoraliser les résistances syndicales organisées sur les lieux de travail et qui vont à l’encontre de toutes les mesures visant à détruire et privatiser les services publics.
Ces méthodes se généralisent à l’enseignement où depuis 2008 les personnels des écoles maternelles et élémentaires ne peuvent plus exercer pleinement leur droit de grève sous prétexte de continuité du service public. Aujourd’hui, les pressions exercées sur les principaux et les proviseurs pour appliquer les directives du ministère se combinent à une augmentation de la répression syndicale. Cette répression syndicale prend la forme de constitution de dossiers administratifs, de sanctions mineures en commission disciplinaire, ou de procédures de mutation forcée.
La remise en cause du droit de grève et de tous les acquis ouvriers sont les deux facettes de la même politique. Pour appliquer ses plans jusqu’au bout, le gouvernement PS qui est un gouvernement bourgeois, durcit l’appareil d’État et en particulier les forces régaliennes dans le but de réprimer le mouvement social et syndical.
La répression des noyaux de résistance est devenue une nécessité politique pour un gouvernement qui est déterminé à aller jusqu’au bout. Cela explique la multiplication des sanctions disciplinaires envers les enseignants qui organisent la mobilisation dans les établissements. Or, la brutalité et la multiplication des attaques génèrent une nouvelle résistance et une détermination chez les personnels attachés à défendre leurs conditions de travail et une éducation de qualité pour les élèves.
Hier Bellefontaine, aujourd’hui Colombes (92) ! Les premiers visés sont évidemment les enseignants qui se sont mobilisés contre la refonte de l’éducation prioritaire derrière laquelle se cachent des coupes budgétaires sans précédent et une remise en cause de la qualité des cours dispensés aux élèves des quartiers populaires.
Mobiliser et organiser
Parallèlement, on assiste à une remise en cause de la liberté d’expression des personnels de l’éducation comme le montre la série de mesures prises par le ministère suite à la tragédie de Charlie hebdo (voir L’Internationaliste n° 150).
Nous en sommes conscients. Notre combat contre la répression syndicale est intimement lié à notre combat pour la défense de nos droits et pour la sauvegarde de nos services publics. La résistance existe, et s’amplifie. À travers les assemblées générales, la grève et la manifestation, nous continuons de mobiliser et d’organiser les personnels dans nos établissements et dans les organisations syndicales, contre les mesures de privatisation des services publics et en défense du collège unique.
1En 1951, deux dirigeants syndicaux CGT de la Poste ont été licenciés pour avoir signé une pétition en faveur de la paix entre les peuples d’Allemagne de l’Est et de France. Ils ont été réintégrés en… 1981.