Covid-19 : Le mépris et la provocation…

A propos de l'allocution de Macron du 12 juillet 2021

Déclaration du MCI

Paris le 18 Juillet 2021

Le 12 juillet, E. Macron, Président de la République nous a servi une de ces allocutions télévisées dont il est désormais coutumier. À cette occasion, un pas de plus a été franchi sur le terrain de la provocation et du mépris.

Depuis l’explosion de la pandémie de Covid-19, la ligne des gouvernements Philippe puis Castex a consisté à ne pas répondre à la crise sanitaire, mais à l’instrumentaliser afin d’accélérer la mise en application de son « programme ».

Le programme du gouvernement, c’est-à-dire le catalogue des contre-réformes exigées par les capitalistes, via diverses institutions (FMI, Banque mondiale, OMC, OCDE et Union Européenne en tête).

Ni responsable, ni coupable !

Au gouvernement, on parle de santé, mais on pense à l’économie, aux profits des capitalistes. Macron, c’est un Trump honteux, qu’on comprenne bien :

À chaque instant, E. Macron a tenté de s’exonérer et d’exonérer les politiques, ses prédécesseurs, leurs ministres, ses ministres de toute responsabilité dans l’impréparation.

À chaque instant, il a tenté de faire porter la responsabilité de décisions des politiques sur l’administration, vilipendée par la droite extrême qui la décrit comme une bureaucratie lourde, lente et dispendieuse, dont il faudrait réduire les effectifs.

À chaque instant, il a tenté de faire passer le message selon lequel seul le secteur privé pourrait faire face, à la condition préalable qu’on l’abreuve d’abondantes subventions.

À chaque instant, il a tenté d’accréditer la thèse selon laquelle la privatisation était la voie à suivre ainsi que la décentralisation.

À de multiples reprises – et devant la multiplication des plaintes au pénal – ses ministres ont déclaré que l’urgence n’est pas à trouver des responsables ou à désigner des coupables, mais à répondre à l’urgence sanitaire.

L’appel au cabinet étasunien McKinsey dans le cadre de la stratégie vaccinale avait été un révélateur supplémentaire de cette dérive bien organisée : « les cabinets de conseil sont utilisés depuis plusieurs années par plusieurs gouvernements lorsqu’ils élaborent et mettent en œuvre de grands projets nécessitant un soutien et des conseils stratégiques ou logistiques » avait expliqué le porte-parole du gouvernement (Francetvinfo.fr le 11/2/2021). Le Premier ministre avait, lui, écarté d’un revers de main ce qu’il avait qualifié de « polémique stérile ». Là est la bureaucratie !

Pendant la pandémie les affaires continuent…

Le « Ségur » de la santé n’a eu comme débouché qu’une prime pour tenter de faire taire les revendications des soignants. Des applaudissements et une prime comme seule réponse à leurs exigences qui mettaient en cause une politique intangible menée depuis 30 ans à coup de fermeture de lits et, de suppressions d’emplois. É. Philippe avait prévenu à l’ouverture du « Ségur » : « on ne change pas de cap (…) on accélère ».

Les ARS (Agences régionales de santé) continuent à « faire la pluie et le beau temps », supprimant des lits par milliers. Les ARS ferment des hôpitaux et ouvrent des cliniques privées. Elles ferment des services de gériatrie et ouvrent des EHPAD privés. Elles imposent des regroupements d’hôpitaux sur la base de partenariats public-privé pour financer les nouvelles constructions. C’est leur mission première ! On voudrait qu’elles se chargent de santé publique ?

À quoi pense le gouvernement depuis le début ? À développer des « startups » ! On a demandé des masques, des respirateurs, du gel hydroalcoolique, des vaccins – oui : des vaccins ! On a eu des applications et des plateformes. On a eu une « startup » franco-chinoise sous l’égide de la Région Île-de-France pour fabriquer quelques masques alors qu’une usine, à Plaintel dans les Côtes-d’Armor, qui en fabriquait en nombre, avait été fermée.

Organiser, planifier, réquisitionner ? Surtout pas : improviser, montrer qu’on est réactif, faire du zéro stock du « juste-à-temps », etc. Voilà à quoi pensent les valets des capitalistes qui disent ouvertement qu’un pays ça se dirige comme une entreprise.

Le mépris…

Depuis que des vaccins sont disponibles on assiste même à des opérations promotionnelles : l’ARN messager ? C’est « hype », c’est « fun », c’est « top ». C’est le vaccin qu’il faut avoir pour « se la péter » sur les « réseaux sociaux ». C’est surtout une approche qui permet de déverser des milliards d’euros d’argent public à des laboratoires privés sous prétexte d’aide à la recherche.

Alors, dès janvier 2021, vacciner les plus de 75 ans ? Oui, mais pourquoi pas « en même temps » les personnes fragiles et les professions à risque, à commencer par les soignants et les aidants, sans se préoccuper de l’âge ? Polémique stérile…

Pourquoi, au nom de « la liberté » et de « la responsabilité de chacun », avoir laissé les candidats à la vaccination s’inscrire de préférence sur une plate-forme privée ? Pourquoi n’avoir pas organisé à grande échelle des porte-à-porte pour informer, des centres de vaccination mobiles pour aller au plus près des personnes isolées ?

Pour faire porter la responsabilité de l’échec aux maires des petites communes aux moyens modestes. Vive la décentralisation ! Également pour faire porter la responsabilité sur les « citoyens » à commencer par les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les précaires, les jeunes ? Polémique stérile…

Pourquoi avoir attendu la mi-juin pour ouvrir la vaccination aux plus de 12 ans ? Pourquoi dès lors avoir attendu la mi-juillet pour admettre que ce serait bien de permettre la vaccination sur le lieu de vacances ? Polémique stérile…

Alors, le 12 juillet le ton est grave. Le variant delta menace – il suffisait d’observer le Royaume-uni pour anticiper, mais bon, polémique stérile – le 12 juillet, branle-bas de combat. Macron commence d’abord par le discours d’autosatisfaction et par un petit coup de « brosse à reluire » à ceux qui ont fait face sans moyens, sans effectifs, avec l’épée de Damoclès de la maladie.

Et puis ensuite, les mesures qui mettent le feu aux poudres (1). « Dans un premier temps, pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile, la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre (…) Pour tous nos compatriotes concernés, ils auront jusqu’au 15 septembre pour se faire vacciner. Il faut commencer dès maintenant. À partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés, et des sanctions seront prises.»

Mieux encore : « À partir du début du mois d’août – et cela parce qu’il nous faut faire d’abord voter un texte de loi et le promulguer – à partir du début du mois d’août donc, le pass sanitaire s’appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les établissements médico-sociaux mais aussi dans les avions, trains et cars pour les longs trajets. Là encore, seuls les vaccinés et les personnes testées négatives pourront accéder à ces lieux, qu’ils soient d’ailleurs clients, usagers ou salariés. ». Sans blague !…

« Cet automne, les fameux tests PCR seront rendus payants, sauf prescription médicale, et ceci afin d’encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests. Pour pouvoir faire tout cela, je convoquerai le Parlement en session extraordinaire à partir du 21 juillet pour l’examen d’un projet de loi qui déclinera ces décisions. ». La cerise sur le gâteau.

Quand on sait la difficulté à se faire vacciner sur le lieu de travail par les médecins du travail et la quasi-impossibilité de s’absenter pour se rendre dans un centre de vaccination, il y a du cynisme de la part du gouvernement, mais aussi de la part du MEDEF et de la CFDT dans cette affaire.

Car en gros, selon Macron, en 15 jours on vaccine tout le monde ? Et ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas le faire dans les délais seront cloués au pilori médiatique ? Ils seront responsables de l’épidémie et Macron-le-clérical (2) serait absout ? Il pourrait aller en paix ? Hors de question !

Mais encore, les vigiles de centres commerciaux ou des parcs de loisir vont-ils pouvoir expérimenter les toutes nouvelles prérogatives que leur a confiées le sarko-lepéniste Darmanin avec la loi « sécurité globale ». Ce sera un test grandeur nature et un précédent redoutable, une menace supplémentaire sur les libertés démocratiques.

La provocation…

Dans la conception d’E. Macron, si les malades de la Covid peuvent être considérés comme responsables de leur infection, alors pourquoi les chômeurs ne seraient-ils pas responsables de leur licenciement ? Aussi « la réforme de l’assurance chômage sera pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre. Autour d’une volonté simple : en France, on doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu’en restant chez soi, ce qui n’est actuellement pas toujours le cas. ». Et comme si cela ne suffisait pas : « C’est pour cela aussi que nous devrons engager, dès que les conditions sanitaires seront réunies, la réforme des retraites. »

Mais attention… « Alors si je demande au Gouvernement de Jean Castex de travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet dès la rentrée, je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée. ».

Les « partenaires sociaux » ! Le MEDEF et les autres organisations patronales cela va de soi, mais les syndicats de salariés qui tous demandent officiellement le retrait de la contre-réforme de l’assurance chômage. Mais qui ont, tous, accepté d’accompagner la contre-réforme des retraites, même s’ils en contestent les modalités ou le calendrier.

D’ailleurs Macron a prévenu : « La seule solution est de continuer à bousculer le système et les positions établies, les rentes, les statuts. ». Gageons que les bourgeois, les aristocrates continueront à dormir tranquille, car qui peut croire que le gouvernement puisse s’en prendre à ceux qu’il sert avec zèle depuis son arrivée, tout comme ses prédécesseurs ?

Encore une fois répétons-le, il faut en finir avec toute cette politique qui vise à enfoncer les travailleurs et les jeunes dans la précarité pour le plus grand profit des capitalistes.

Il faut en finir avec ce gouvernent minoritaire qui est là par défaut, parce que Macron comme Chirac avant lui, a été élu sur la base d’un chantage, d’une escroquerie politique.

L’abstention massive des dernières élections doit se traduire maintenant par la mobilisation massive de millions, par la grève de tous jusqu’au départ de Macron et de sa clique.

Pour un gouvernement pour et par les travailleurs : grève générale pour chasser Macron !


(1) Ces passages sont extraits du document disponible ici : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2021/07/12/adresse-aux-francais-12-juillet-2021

(2) Quelques jours plus tard E. Macron s’est rendu au sanctuaire de Lourdes


Nos propositions, extrait de l’édito de l’Internationaliste 190 :

Partout les travailleurs comprennent que la survie des populations dépend de la mobilisation des travailleurs eux-mêmes.

  • Annulation de la dette, pas un euro, pas un dollar pour les marchés, toutes les ressources doivent être allouées à la population !
  • Grève pour défendre nos droits et nos conditions de travail ! Interdiction des licenciements !
  • Nationalisation de la santé, réquisition des laboratoires et des cliniques privées sous contrôle des travailleurs !
  • Production de respirateurs, de masques, de gel hydro-alcoolique, de kits de test, de réactifs à hauteur des besoins !
  • Production des traitements et vaccins dès qu’ils seront disponibles, à hauteur des besoins !
  • Place au socialisme, pour la propriété collective des moyens de production et d’échange à l’échelle du monde au service de la satisfaction des besoins sociaux !

Le Mouvement Communiste Internationaliste est un cadre de discussion, d’organisation et d’action pour défendre les intérêts des travailleurs et des jeunes, rejoignez-nous !