Coronavirus : un symptôme de la barbarie capitaliste ! déclaration du MCI
Pas un euro, pas un dollar pour les marchés, toutes les ressources doivent être allouées à la population !
Li Wenliang est mort à Wuhan en Chine le 7 février 2020, il était ophtalmologiste, c’est lui qui avait repéré ce qu’on appelle maintenant le covid-19 qui semble avoir été en circulation dès la mi-novembre 2019. Les autorités chinoises ont d’abord cherché à le faire taire avant de se trouver contraintes de reconnaître son travail.
En trois mois, le coronavirus s’est propagé à la quasi-totalité de la planète ; il a suivi les routes de la soie, voyagé avec la « jet-set » et les hommes d’affaires, les équipages du transport aérien et les esclaves du transport maritime ; il a profité du tourisme de masse ; il a fait son affaire – son profit en quelque sorte – de la division internationale du travail sous l’égide du capitalisme impérialiste.
Le « lean management » le sert au-delà de ses espérances : les masques, respirateurs, bouteilles d’oxygène, kits de test, réactifs, traitements, cercueils même, produits dans le cadre de l’idéologie du « flux tendu » du « zéro stock » et du « juste-à-temps » : quelle aubaine pour le covid-19 et les capitalistes qui spéculent sur la pénurie qu’ils ont organisée, planifiée, dirigée, administrée !
Il se jette maintenant sur les travailleurs sommés d’aller travailler, sur les plus précaires d’entre eux les « indépendants » et « auto-entrepreneurs » asservis par les plateformes et leurs algorithmes ; il se jette sur les pauvres, sur les vieux, sur les vieux travailleurs pauvres, il n’épargne pas les jeunes.
Il a prospéré sur l’incurie des états du monde entier ; il survient au terme de quatre décennies de politiques d’austérité mises en œuvre avec opiniâtreté par les gouvernements de droite comme « de gauche », politiques qui se sont traduites par des économies toujours plus importantes sur la santé et l’éducation, désignées par l’OMC comme devant être les marchés du 21ème siècle.
La santé a été victime d’un sabotage en règle organisé par ceux qui voulaient en finir avec les organismes de santé publique et des systèmes de sécurité sociale partout où ils existaient.
Des voix nombreuses se sont élevées au cours de ces décennies contestant l’austérité budgétaire, la mise en berne des politiques de prévention, le rationnement des soins sous prétexte de leur rationalisation, le primat de la finance, des laboratoires pharmaceutiques et autres recherchant avant tout la rentabilité maximale à court terme.
Les « décideurs », les « experts » servant l’intérêt des capitalistes ont imposé ces choix « coûte que coûte » avec détermination, brutalité, arrogance et lucre.
Oui, la division internationale du travail poussée à l’extrême, jusqu’à l’absurde fait que la Chine produit des masques, l’Italie des kits pour les prélèvement et tests, l’Allemagne des respirateurs et la seule usine d’Europe (Luxfer) qui fabriquait, en France, des bouteilles pour l’oxygénation et les pompiers a été fermée fin 2018 ! Tout comme l’usine Honeywell de Plaintel qui fabriquait des masques1… Mais il ne faut pas rester à ce constat, même si de ce point de vue le mouvement ouvrier doit prendre date.
Car les plus cyniques, les Trump et les Bolsonaro, mais aussi tous les capitalistes se frottent les mains et se réjouissent : n’est-il pas temps pour eux d’imposer toutes leur exigences ?
Il est temps pour eux, comme pendant toutes les guerres qui ont ravagé la planète au XXème siècle, d’amasser des profits colossaux sur la mort de dizaines de millions : Trump est clair quand il refuse le confinement sous prétexte d’éviter la crise économique. Mais les autres prétendent agir contre la crise sanitaire alors qu’ils multiplient les décisions pour éviter les conséquences de la crise économique et financière qui déjà menaçait depuis des mois.
D’ailleurs, les capitalistes états-uniens licencient à tour de bras, utilisant à plein la crise sanitaire pour masquer que leurs décisions sont dictées par la énième crise du capitalisme pourrissant qui se profilait depuis des mois et qui a fini par éclater.
L’état d’urgence sanitaire : un prétexte pour liquider nos droits et nos libertés
Prenons un exemple plus « proche » de nous, géographiquement parlant : E. Macron, son gouvernement, ses DRH, ses « Sup’ de Co. » les idéologues à son service. Quelle aubaine pour ce gouvernement que cette crise ! Il n’a qu’à puiser dans ses dossiers, car on connaît sa capacité à se saisir de tout événement pour faire progresser sa politique.
Le télétravail, la télémédecine, le développement de l’ambulatoire, l’enseignement à distance, les partenariats public-privé, les actions caritatives des spécialistes de l’optimisation fiscale, les plateformes numériques etc…, le « nouveau » monde de la « startup nation » reçoit un coup d’accélérateur. Pour ne citer que l’économiste Daniel Cohen « Cette crise peut être un accélérateur du capitalisme numérique » (les Inrock. Du 19/03/2020).
Le report des cotisations sociales et des impôts pour « les entreprises », le report voire, même, leur annulation… temporaire ? Le MEDEF rêve, discrètement pour l’instant, que le temporaire devienne définitif : n’est-ce pas là son programme qui s’appliquerait ?
La mise à mort du Code du travail pour cause d’état d’urgence sanitaire ? Là aussi, qui peut croire un instant que le MEDEF n’exigera pas la prolongement des mesures d’exception, sous prétexte désormais de relance, de retour à la croissance, puis enfin des nécessités de la compétitivité.
« Restez chez vous », mais « allez travailler » ! C’est la petite musique des injonctions contradictoires qui tourne en boucle depuis le 16 mars après que Zeus eut tonné : « nous sommes en guerre ! ».
Le gouvernement s’est fait voter une loi qui lui permet de diriger par ordonnances pendant deux mois2, la loi de ratification de ces ordonnances doit être déposée sous trois mois : l’urgence sanitaire sert ni plus ni moins de prétexte à une liquidation du code du travail et de nombreux acquis sociaux et démocratiques. Depuis le premier jour, c’est là le socle de l’action et de la politique gouvernementale.
La loi d’état d’urgence sanitaire précise que l’Assemblée nationale et le Sénat « sont informés sans délai des mesures prises par le Gouvernement pendant l’état d’urgence sanitaire et peuvent requérir toute information complémentaire dans le cadre du contrôle et de l’évaluation de ces mesures ».
Cela « sonne » démocratique alors que c’est un tour de passe-passe typique de la Vème République – le régime du coup d’État permanent – qui permet à Macron-Philippe-Pénicaud-Le Maire de s’affranchir d’un contrôle réel du parlement. De ce point de vue, c’est pire que le recours à l’article 16 de la Constitution consacré aux pouvoirs spéciaux.
Où est l’opposition à ce gouvernement, à cette « majorité » ? En grande partie elle a voté pour cette loi au nom de l’union nationale, sous réserve d’être « informée » et pouvoir « requérir ». Elle a abdiqué. D’ailleurs, pourquoi s’opposer « dans de telles circonstances » puisque le parlement européen vient, lui, d’annuler toutes ses sessions jusqu’en juillet ?
Il faut dire que les forces politiques qui participent des municipales sont partie prenantes de l’état d’urgence car elles sont l’arme au pied attendant que la second tour se déroule ; c’est pourquoi ni le gouvernement, ni les dites forces politiques n’avait demandé le report pur et simple des élections municipales avec les conséquences qu’on sait.
Grève pour défendre nos droits et nos conditions de travail, aucune confiance en ce gouvernement !
La véritable opposition s’exprime dans les usines, dans les bureaux, dans les champs, elle monte, se renforce, se structure et cherche à s’imposer : les syndicats sont à nous, les permanents doivent être à notre service. Cette exigence commence à trouver sa cible, car il y a un accord profond entre le gouvernement et la bureaucratie qui dirige les organisations syndicales.
C’est ainsi que des structures de la CGT et membres du bureau confédéral ont exigé de la direction confédérale qu’elle retire la signature de la CGT d’une « déclaration commune » signée par 5 confédérations syndicales et 3 patronales, déclaration par laquelle « elles entendent ainsi affirmer le rôle essentiel du dialogue social et de la négociation collective ».
Au niveau de l’Union Européenne il convient également de condamner une déclaration similaire de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et des patrons de Business Europe, Smeunited et Ceep. CES qui signe un appel aux institutions européennes, au côté de la « fine fleur » de la social-démocratie, pour multiplier les opérations d’assouplissement quantitatif qui ont servi à inonder les marchés financiers d’argent public pour spéculer et reconstituer la bulle qui avait éclaté en 2007-2008.
Aussi, les unions régionales d’Île-de-France des syndicats CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF et UNL s’interrogent-elles dans un tract commun du 23 mars : « Ce gouvernement est-il « en guerre » contre le coronavirus ou contre les droits des salariés ? ».
Toutefois il est vital d’aller plus loin que « l’interrogation », il faut affirmer que le gouvernement est en guerre contre les droits des salariés et prendre les mesures nécessaires comme l’appel à la grève, car souvent les travailleurs, dont la conscience vient de faire un bon prodigieux, ont commencé par exercer leur droit de retrait et maintenant de plus en plus souvent ont recours à la grève.
Une nouvelle phase du combat vient de s’ouvrir alors que désormais les ultra-libéraux sont à l’offensive : ils exigent que l’État laisse les « chefs d’entreprise » décider quel secteur est ou non essentiel (d’une point de vue capitaliste) et se contente de financer cela sans limite. Pensez donc ! avec une durée hebdomadaire de travail portée à 60 heures, sept jours sur sept, toutes les entreprises deviendront essentielles.
En face, les travailleurs suivent l’exemple de l’Italie où le gouvernement vient de reculer devant la grève et l’exigence de définir les activités nécessaires au lieu de laisser les capitalistes le faire mettant en danger la vie de millions. De son côté, le gouvernement de l’État espagnol semble vouloir interdire les licenciements…
C’est la preuve que les mobilisations ouvrières commencent à porter leurs fruits. Aussi, il ne suffit pas d’applaudir les personnels soignants à la fenêtre, nous devons les soutenir lorsqu’ils se mobilisent et affirmer haut et fort : « merci de vous être mobilisés depuis des mois, des années pour défendre la santé publique ! ».
Pas un euro, pas un dollar pour les marchés !
Alors oui, Air France doit être nationalisée, mais aussi les banques, les assurances, non pas temporairement, mais définitivement, sous le contrôle des travailleurs et sans indemnités pour leurs actionnaires. Le secteur de la santé doit être également nationalisé selon les mêmes critères.
L’usine Luxfer doit redémarrer immédiatement : ses travailleurs connaissent leur métier ils peuvent en prendre le contrôle. Des secteurs entiers de l’économie peuvent être reconvertis pour fabriquer des respirateurs, des masques, du gel hydro-alcoolique, des kits de test, des réactifs.
Il faut produire ce qui est nécessaire, sans respecter les brevets, que cela plaise ou non à l’OMC !
Et ceci ne vaut pas que pour ce pays : cette politique doit être mise en œuvre dans le monde entier, il ne faut pas laisser faire les « chef d’entreprises », les capitalistes, mais les travailleurs. Ces derniers savent être efficaces et ils ne confondent pas efficacité et rentabilité.
Il en va du coronavirus comme de la phase actuelle de la crise économique, ils sont des symptômes de la barbarie capitaliste qui progresse et chaque jour qui passe, en voit apparaître de nouveaux.
Chaque soubresaut de la crise économique qui est née lorsque le capitalisme est passé à son stade impérialiste à la fin du 19ème siècle nous rappelle que ce mode de production est dépassé.
Il a fait son temps du 8ème au 19ème siècle, il ne se prolonge qu’en détruisant des forces productives à commencer par l’homme…
Au moment où des spécialistes de la médecine de guerre nous expliquent qu’il faut faire des choix et que mettre sous respirateur une personne de 80 ans relève de l’acharnement thérapeutique, nous clamons haut et fort : c’est la finance qu’il faut débrancher !
- Pas un euro, pas un dollar pour les marchés, toutes les ressources doivent être allouées à la population !
- Grève pour défendre nos droits et nos conditions de travail ! Interdiction des licenciements !
- Nationalisation de la santé, réquisition des laboratoires et des cliniques privées sous contrôle des travailleurs !
- Production de respirateurs, de masques, de gel hydro-alcoolique, de kits de test, de réactifs à hauteur des besoins !
- Production des traitements et vaccins dès qu’ils seront disponibles, à hauteur des besoins !
- Place au socialisme, pour la propriété collective des moyens de production et d’échange à l’échelle du monde au service de la satisfaction des besoins sociaux !
Le Mouvement Communiste Internationaliste est un cadre de discussion, d’organisation et d’action pour défendre les intérêts des travailleurs et des jeunes, rejoignez-nous !
Le MCI le Vendredi 3 avril 2020
1 https://www.letelegramme.fr/bretagne/masques-l-usine-de-plaintel-a-ferme-il-y-a-deux-ans-28-03-2020-12532801.php
2 Le seul JO du 26 mars publie 28 ordonnances : https://www.legifrance.gouv.fr/affichJO.do?idJO=JORFCONT000041755510&fastPos=1&fastReqId=184247387