SNCF : non à la privatisation !

Comme société nationale, la SNCF est aujourd’hui victime de la politique qui a déjà été mise en œuvre à l’encontre d’autres services publics. Depuis des décennies, des décisions ont été prises par les gouvernements successifs qui ont mis la SNCF dans une situation difficile avec 50 milliards d’euros de dette.
C’est un choix délibéré, il faut insister : la dette de la SNCF est le résultat des choix politiques et économiques en faveur des capitalistes comme le tout TGV, la multiplication des filiales et des prises de participations dans des sociétés privées, la généralisation de la sous-traitance, la mise en œuvre de partenariats public-privé.
Pour le gouvernement, l’argument de la dette sert maintenant à parachever une privatisation prévue de longue date et, en premier lieu, à liquider le statut des cheminots et leur régime de retraite. Qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage, n’est-ce-pas ?
Comme d’habitude, le gouvernement a demandé à un « expert indépendant » de couvrir de son autorité une opération cousue de fil blanc. Jean-Cyril Spinetta1, un homme au lourd passé, a donc rédigé un rapport vide de sens et lourd d’arrière-pensées dogmatiques. On y trouve exactement ce que le gouvernement voulait y trouver, à savoir la « justification » d’une politique écrite il y a près de trente ans.
Trente ans, si on fixe l’origine de cette offensive à la directive européenne de 1991 sur l’ouverture à la concurrence des activités ferroviaires. Directive suivie de 4 « paquets » qui ont été autant de jalons dans cette direction. Il va de soi que le contenu de cette directive et de ces « paquets » a été soigneusement escamoté du débat public par les gouvernement successifs, en France et partout en Europe, gouvernements qui ont mandaté la Commission européenne pour aller dans ce sens.
D’ailleurs, cette politique n’est-elle pas inscrite dans tous les traités européens à commencer par les Traités de Rome, Maastricht, Lisbonne et bien d’autres ?
On nous chante les louanges des chemins de fer allemands alors que, là-bas, les lignes régionales sont gérées par les länder, opérées par des sociétés privées et que l’État fédéral leur verse 8 milliards de subventions par an ! Alors même que 35 milliards de dette de la compagnie nationale, DB, ont été reprises par l’État en 1994.
Les travailleurs paient trois fois, avec leur billet de train, avec leurs impôts et, pour les cheminots, avec la perte de leur statut et la suppression de dizaines de milliers d’emplois. Huit milliards d’euros versés chaque année aux sociétés privées qui exploitent les lignes régionales : est-ce un exemple à suivre ? Pour les capitalistes, pour Macron, oui…
Au Royaume-uni, la privatisation a été menée tambour battant par le conservateur J. Major à tel point que le secteur a été profondément désorganisé et que l’infrastructure (le réseau) a été renationalisé. En effet, la sécurité coûte cher, trop cher, pour les capitalistes. Quant au prix du billet que la concurrence était censée faire baisser, il faut débourser 415€ à Londres contre 75€ à Paris pour circuler librement ! Ça fait cher pour aller bosser : on comprend que 76 % des Britanniques demandent la renationalisation des chemins de fer.
Le gouvernement Macron prétend que la transformation de la SNCF en SA (société anonyme) de droit privé n’est pas la privatisation, alors pourquoi transformer la SNCF en SA si ce n’est pas pour en ouvrir le capital ultérieurement, ou la démanteler ? Comme Air France, France Telecom, Edf ; GdF et – prochainement ? La Poste.
Mais encore faudrait-il revenir sur la privatisation rampante, la filialisation en est un exemple : Keolis. Keolis est une filiale de droit privé de la SNCF, elle exploite plusieurs lignes au Royaume-Uni ! mais aussi de nombreux réseaux de bus en France et ailleurs. La SNCF a même créé une filiale avec… Keolis, Transkeo, cette dernière exploitant le tram-train T11 en banlieue nord de Paris avec du personnel de droit privé2. N’est-ce pas déjà la privatisation ?
Les cheminots ont raison de se battre contre la privatisation, pour la sauvegarde du service public et, cela va de soi, pour le maintien du statut, du régime de retraite, pour eux et pour leurs successeurs.
Maintien du statut des cheminots !
Les cheminots cherchent la voie de l’unité, contre le « dialogue social » pratiqué par les directions syndicales qui, dorénavant, rédigent des « amendements » à l’ordonnance de démolition de la SNCF avec la ministre, tout comme la CES co-rédige les directives de l’Union Européenne !
Cependant, va-t-il en être de la SNCF comme il en a été des retraites en 2010 et du dynamitage du Code du travail ? Les cheminots comme tous les travailleurs ont vu comment la CFDT a été à l’avant-garde de la division, aidant les gouvernements à mettre en place ses contre-réformes, voir en les rédigeant en relation avec le MEDEF.
Déjà, des assemblées générales (Gare du Nord et St. Lazare) ont voté pour la grève reconductible car ils sentent bien que la « grève perlée », proposée par les dirigeants de la fédération CGT des cheminots, a pour conséquence d’affaiblir leur mouvement, alors que les travailleurs du rail ont bien compris que pour faire plier le gouvernement, il faut faire grève jusqu’à satisfaction.
Non seulement tous les travailleurs savent qu’ils doivent soutenir les cheminots, et ils le font, par exemple en versant aux caisses de grève, mais surtout, alors que les conflits se multiplient, ils savent qu’il est temps maintenant d’élargir la grève et de sortir des journées d’action.
Il est temps de mettre fin au « dialogue social » et de mobiliser dans l’unité autour des revendications des travailleurs.
Tout notre soutien aux cheminots !
Retrait de l’ordonnance de privatisation de la SNCF !
1. « Patron de gauche » passé par les cabinets de Mitterrand, Delebarre, Allègre et Aubry, ancien PdG d’Air-France, puis d’Air-France-KLM, président du conseil de surveillance d’AREVA, il est aujourd’hui président d’un organisme de collaboration de classe le Lasaire (Laboratoire social d’action, d’innovation, de réflexion et d’échanges »).
2. La RATP a également une filiale du même genre, Transdev. On sait que la RATP a mis en place des montages de ce type pour répondre à des appels d’offre sur le tramway T9 (Paris-Orly) et sur les lignes du grand Paris express en construction (M15 à M18).