Kanaky : et maintenant ?

Par Jean-Louis et Griselda
Le référendum prévu par les accords de Nouméa, en 1988, a été organisé dans les conditions sur lesquelles nous sommes revenus dans le précédent numéro de l’Internationaliste.
Comme lors de chaque scrutin ces dernières années, on aura pu remarquer que les instituts de sondages se sont lourdement « trompés », à moins qu’ils aient tenté de faire pression sur les électeurs ? Peu importe en fin de compte car personne n’est dupe de la valeur de ce référendum qui n’était pas organisé par ceux qui auraient eu – et ont toujours – toute la légitimité pour se prononcer exclusivement : les Kanaks.
Les résultats globaux figurent dans l’encadré. Il faut remarquer que le « non » l’emporte dans la province sud, autour de Nouméa et le « oui » est majoritaire dans la province nord comme dans les autres îles de l’archipel. La participation a donc été forte à l’exception, cependant, de trois îles « emblématiques » : Maré (53,77 %), Ouvéa (59,4%) et Lifou (62,29%).
Maré, d’où était originaire Yeiwéné Yeiwéné, dirigeant indépendantiste, assassiné à Ouvéa en 1989 ; Lifou, d’où est originaire Louis Kotra Uregei, un dirigeant de l’USTKE et fondateur du parti travailliste de Kanaky et Ouvéa où sont morts 19 indépendantistes et 2 gendarmes lors de l’assaut ordonné par le gouvernement Mitterrand-Chirac en 1988.
Trois lieux où les habitants semblent bien avoir voulu affirmer : seuls les Kanaks doivent se prononcer.
Que les accords de Nouméa prévoient la possibilité d’organiser encore deux consultations dans les années à venir ne change rien aux deux questions de fond. Premièrement, personne n’a demandé l’avis des Kanaks au moment de la colonisation de leur archipel, alors pourquoi d’autres qu’eux devraient-ils se prononcer sur l’indépendance de la Kanaky ?
Deuxièmement, si les Kanaks choisissent la voie de l’indépendance, nous, MCI, les soutiendrons, dans la mesure, bien entendu, où il ne nous appartient pas de nous prononcer à leur place. Mais il est de notre devoir de communistes révolutionnaires de leur rappeler ceci :
La question de l’indépendance qui est de l’ordre des libertés politiques, posée dans une époque où domine le capitalisme à son stade impérialiste, caractérisée par l’existence des monopoles financiers qui imposent leur loi, doit avoir comme corollaire le renversement du capitalisme et l’édification d’une société à l’échelle du monde basée sur la propriété collective des moyens de production et d’échanges.
En effet, l’indépendance complète est impossible dans un mode de production basé sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme, où des pays impérialistes dominent des pays semi-coloniaux ou coloniaux.
Pour le dire autrement et en résumé la lutte contre le capitalisme n’est pas le préalable de la lutte pour l’indépendance, mais la lutte contre le capitalisme est la condition essentielle pour qu’une éventuelle indépendance puisse être complète.