« Que se passe-t-il au Brésil et en Argentine ? »
Retour sur la conférence du 18 décembre

Par Alex et Keno
Le mardi 18 décembre dernier, avait lieu une conférence sur la situation en Amérique latine avec le camarade Miguel Sorans, militant de Izquierda Socialista (IS) notre section sœur de l’UIT-QI en Argentine.
Cette conférence a suscité un vif intérêt chez nos adhérents et sympathisants car ce sont bien les militants, et les combats que mènent nos sections sœurs, qui donnent vie à l’internationalisme révolutionnaire bien plus que tous les livres ou journaux que nous pouvons lire habituellement.
La conférence était centrée sur le Brésil et le Venezuela, deux pays où l’échec des gouvernements dits « progressistes » sont directement tributaires de la crise politique actuelle.
Le vote Bolsonaro était avant tout un vote de rejet
Au Brésil le tournant politique est l’élection de Jair Bolsonaro en octobre, candidat d’extrême droite ouvertement nostalgique de la dictature militaire. Il faisait face à Fernando Haddad, candidat du PT (Partido dos Trabalhadores) au pouvoir depuis 2003 avec Lula puis Dilma à la présidence.
Durant la conférence le camarade M. Sorans, a mis en avant que le vote Bolsonaro était avant tout un vote de rejet. Après près de 15 ans d’exercice du pouvoir, le PT est rejeté de la majorité de la population.
Nous avons vu que face au programme de combat de Bolsonaro contre le prolétariat brésilien, le PT et les directions syndicales brésiliennes ne prévoyaient rien d’autre que de se préparer aux prochaines élections.
Notre section sœur au Brésil le CST-PSOL (Courant Socialiste des Travailleurs – Parti Socialisme et Liberté), est la seule qui appelle au contraire à un front uni de lutte contre Bolsonaro pour lutter contre sa politique par les outils traditionnels du mouvement ouvrier : la grève et la manifestation.
Le mythe du « Socialisme du XXIème siècle » s’effondre
Après l’abomination du « Socialisme dans un seul pays », le mythe du « Socialisme du XXIème siècle » s’effondre au Venezuela.
Premier pays migratoire en Amérique latine, on compte 4 millions de migrants sur 31 millions d’habitants, qui fuient la pauvreté et la répression.
Le panier repas familial moyen est de 60 dollars par mois soit presque 10 fois le salaire moyen. La gravité de la situation a surpris dans la salle, étant donné toute la désinformation des médias en France sur le Vénézuéla.
Chavez et Maduro n’ont jamais rompu avec le capitalisme. Bien au contraire leur politique a accentué l’exploitation des travailleurs, renforcé ses liens avec l’impérialisme, aiguisé les mécanismes de spéculation monétaire (en grande partie responsable de l’inflation actuelle) et la dépendance du pays sur la rente du pétrole, au grand bénéfice des investisseurs étrangers et de la « bolibourgeoisie » (bourgeoisie chaviste).
De plus nous avons rappelé que la nationalisation du pétrole par le gouvernement soi-disant « socialiste » n’était qu’un mensonge, puisque la compagnie pétrolière nationale avait seulement été changée en compagnie mixte public-privée. On est donc bien loin de la nationalisation des entreprises pétrolières, sans indemnité ni rachat sous contrôle ouvrier.
Depuis la France, nous saluons le travail de notre section locale le PSL (Parti Socialisme et Liberté) qui malgré la pénurie et de la répression, s’oppose au chavisme depuis des années et maintient une position indépendante de Maduro et du PSUV.
Un écho fort avec la situation en France
Il y a eu beaucoup d’intérêts et de questions pour les élections au Brésil et en particulier pour l’abstention. En effet, nous avons connu en 2017 une situation où l’extrême droite était au second tour lors des présidentielles.
Nous avions, alors, appelé à l’abstention militante et active et nous avons ainsi fait jonction avec des secteurs du syndicalisme lutte de classe, qui comme nous défendaient la position « Ni Le Pen, ni Macron ». Le mouvement des gilets jaunes, fortement abstentionniste, nous a donné raison.
Ces mêmes organisations politiques qui avaient appelé à voter Macron pour « faire barrage au fascisme du Rassemblement National », sont les mêmes qui se détournent de la lutte exceptionnelle des gilets jaunes et qui préparent déjà les élections européennes. C’est le même électoralisme moribond que celui du PT au Brésil.
Comme l’a conclu notre camarade Griselda, nous sommes régulièrement confrontés dans nos luttes aux principaux soutiens de Maduro et de son régime bonapartiste, à savoir le PCF et la FI. Ce n’est pas étonnant, puisque ces partis prônent les mêmes programmes et le même électoralisme que leur confrères d’Amérique latine, l’inverse reviendrait à dire qu’ils ont appris de leurs erreurs !
Nous sortons de cette conférence avec un réel enthousiasme. En Amérique latine comme en Europe, les travailleurs et les jeunes rejettent toutes ces politiques électorales et opportunistes. Au contraire, ils attendent des organisations issues du mouvement ouvrier qu’elles cessent leur politique de collaboration de classe.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’indépendance de classe du prolétariat et de ses organisations est primordiale pour poser les bases d’une organisation authentiquement ouvrière, à échelle nationale, mais également internationale.
C’est la raison pour laquelle nous appelons tous ceux et toutes celles qui se reconnaissent dans nos revendications, et notre programme, à rejoindre le Mouvement Communiste Internationaliste.