Keno, syndicaliste de Solidaires Paris 3, sur la rentrée et la supposée augmentation des bourses

1/ En cette rentrée 2019, comment se sont passé les inscriptions à l’université Paris 3 ?
À Paris 3, nous avons constaté de nouveaux dysfonctionnements internes à la rentrée, principalement pour les inscriptions en ligne. Les serveurs informatiques en ligne ont cessé de fonctionner à plusieurs reprises. De plus, il était impossible de se connecter sur les plateformes pour certains étudiants, qui ne savaient pas eux-mêmes que cette situation venait d’un problème interne et non de leur dossier. Ces « bugs » informatiques ont mené à l’utilisation de dossier papier, à des allées et venus à des secrétariats en sous-effectifs, au recul de la date des premiers cours pour certaines filières. Ces dysfonctionnements sont-ils sans incidences sur les nouveaux étudiants ?
En réalité, ils s’ajoutent aux problèmes matériaux déjà existants, liés au manque de moyens des universités, qui perturbent les études des nouveaux étudiants : cours en salle de TD surchargée, amphis bondés, manque de personnels. Il ne fait aucun doute que tous ces dysfonctionnements favorisent l’abandon et l’échec, en particulier pour les étudiants salariés, étrangers et issus des classes populaires.
Mais encore faut-il réussir à s’inscrire puisque, la loi Vidal et le décret « Bienvenue en France » sont passés, l’accès à l’université est désormais cadenassé. Nous n’oublions pas également que les réformes du gouvernement Macron ne sont que l’achèvement d’un processus de destruction-privatisation de l’enseignement supérieur qui dure depuis plus de 10 ans. C’est notamment la loi LRU qui est responsable de l’autonomie des universités, du désinvestissement de l’État de leurs budgets, des déficits budgétaires et donc des dysfonctionnements internes liés au manque de moyens.
2/ Que pouvez-vous dire sur l’annonce de la hausse des bourses sur critères sociaux à la rentrée ?
Quand on regarde dans le détail, cette hausse n’est que de 1,1 %, ce qui ne représente pour les boursiers du premier échelon, qu’une augmentation de 11 euros sur un an, une hausse inférieure ne serait-ce qu’à la baisse des APL de 5euro par mois de l’an dernier. Il s’agit donc d’une plaisanterie au regard des besoins réels concernant les bourses sur critères sociaux. Selon Le Monde, en prenant les chiffres de 2017, sur les 691 000 étudiants boursiers (38 % du total), près d’un tiers ne perçoivent qu’une simple exonération. Le montant des bourses va de 1009 euros à 5551 euros sur 10 mois. Cependant plus le montant de la bourse est élevé, moins le pourcentage de boursier qui la touche l’est. Par exemple, les 3 échelons les plus élevés donnant accès à plus de 4000 euros sur 10 mois (400 euros par mois), ne touche que 30 % des boursiers. Même l’échelon le plus élevé (551 euros par mois) ne permet pas de payer un logement universitaire à Paris et de vivre décemment. Il y a donc un besoin urgent d’une réelle augmentation des bourses sur critères sociaux à hauteurs des besoins.
L’objectif de Vidal et du gouvernement est de justifier ainsi l’explosion des frais d’inscriptions (multiplié par 10 pour les étudiants étrangers) et la destruction – privatisation de l’université publique.
Communication, propagande mensongère et désinformation, le gouvernement utilisent les mêmes méthodes contre les lycéens ( ParcourSup), les professeurs, les institituteurs, les retraités…Ils s’agit donc de ne pas se diviser, c’est pourquoi nous seront présent le 05/12 pour défendre la solidarité intergénérationnel et l’unité étudiants/travailleurs !