Municipales 2020 : Un simulacre d’élection marqué par une abstention record !

Déclaration du MCI

Paris le 15 Avril 2020

Un simulacre de scrutin municipal s’est donc tenu le dimanche 15 mars 2020, dans un contexte inédit de crise, aussi bien au niveau politique, qu’économique et sanitaire. Fallait-il participer à cette parodie d’élection ? De toute évidence non.

Dansle cadre du premier tour des élections municipales qui vient de se dérouler et du deuxième tour à venir, la position politique la plus conséquente est d’appeler sans ambiguïté au boycott.

D’ailleurs, les travailleurs et les jeunes ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils se sont très massivement détournés des urnes. Seuls 44 % des inscrits se sont déplacés à l’échelle du pays. C’est le taux de participation le plus bas de l’histoire pour ce type d’élection, en baisse de 18,5 points par rapport à 2014.

Le taux d’abstention est même plus important dans les grandes villes. Participer à un tel scrutin a constitué une grave erreur politique, et ce à plusieurs égards.

Premièrement, ces élections apparaissaient comme une volonté de la bourgeoisie d’enfermer sur le terrain institutionnel et cadenassé des élections le profond mouvement d’aiguisement de la lutte des classes actuellement à l’œuvre dans ce pays, mouvement enclenché par la mobilisation des Gilets jaunes et la grève historique contre la contre-réforme des retraites.

Les directions syndicales bureaucratiques ont tout fait pour ne pas appeler à la grève générale en décembre-janvier, afin de boucher toute alternative politique pour les travailleurs. Les partis institutionnels de « gauche » et « d’extrême gauche » ont pris leur relais en faisant campagne pour ces élections.

Agir de cette façon, c’est tourner sciemment le dos à la lutte des classes, c’est servir de caution « démocratique » à la bourgeoisie qui réprime violemment tout le mouvement social, en définitive c’est accepter la dictature constitutionnelle de la Ve République.

Deuxièmement, participer à ces élections, c’est nourrir l’illusion que l’on peut mener un tant soit peu une politique en faveur des travailleurs au sein des institutions municipales.

Or, dans le cadre des traités européens qui impliquent la destruction systématique des services publics, dans le cadre de la régionalisation et de la mise en place des intercommunalités, dans le cadre des coupes drastiques de transfert de l’État vers les communes, siéger dans un conseil municipal revient à participer aux politiques de destruction de ces mêmes services publics. Il n’y pas de place à une opposition de « gauche » et ce même dans une opposition municipale. Aucune organisation se présentant à ces élections municipales, n’a d’ailleurs dénoncé ni exigé la rupture avec l’UE et ses traités.

Troisièmement, ce scrutin s’est déroulé dans le contexte de l’explosion de l’épidémie de Covid 19. Cette crise sanitaire n’a fait que renforcer le simulacre qu’ont été ces élections. L’organisation de ce scrutin, dans le cadre du déclenchement de la crise sanitaire actuelle, a bien été, pour la bourgeoisie, une tentative désespérée de sauver la Ve République pourrissante.

L’ouverture des bureaux de vote a, en outre, contribué à diffuser le virus, et a mobilisé de ressources (gel hydro-alcoolique et masques) qui font défaut dans les services hospitaliers, saccagés par des années de coupes budgétaires. Le gouvernement est donc responsable, à plusieurs niveaux, de la gravité de la crise actuelle.

Dans ce contexte, les organisations prétendument ouvrières qui ont participé à ce scrutin ont commis un faute politique majeure. Plutôt que d’œuvrer à mobiliser de manière indépendante les travailleurs pour s’organiser face à la crise sanitaire pour la défense de leurs droits et leurs libertés contre la catastrophe sanitaire et le gouvernement, ces organisations ont choisi de participer, de manière routinière, à des élections totalement anti-démocratiques….

La question qui est plus que jamais posée, est bien celle de l’organisation indépendante des travailleurs pour faire face à la crise sanitaire et la crise structurelle du capitalisme.