2ème tour des élections municipales. Assez de cette mascarade : Boycott ! Édito de L’Internationaliste 191

Paris, le 17 juin 2020
Après la mascarade du 1er tour des élections municipales, le gouvernement a décidé de réitérer, en annonçant, le 22 mai dernier, l’organisation du 2e tour de ce scrutin, qui se tiendra le 28 juin prochain. Dans un contexte de crise économique et social sans précédent, il est important de comprendre les motivations du pouvoir en place.
Quelle est la signification politique de cette décision ?
Le 22 mai, le premier ministre, a déclaré que « la vie démocratique [devait] reprendre tous ses droits ». On peut mesurer le cynisme de ces mots quand on voit l’empressement du gouvernement à réprimer et criminaliser les mobilisations des travailleurs et des jeunes qui se développent chaque jour, à interdire les rassemblements et les manifestations y compris contre l’avis du Conseil constitutionnel, et à suspendre des pans entiers du code du travail « pour relancer l’économie ». D’ailleurs, il n’y aura pas de campagne électorale, les rassemblements et meetings étant interdits.
En 2017, ce gouvernement et ce président, sont arrivés au pouvoir par un véritable hold-up électoral, grâce au système anti-démocratique que sont les institutions de la Ve République. E. Macron avait alors été élu avec les voix de moins de 20 % du corps électoral, et il ne doit sa victoire au 2e tour qu’au fait d’avoir été opposé à M. Le Pen. Lui et son gouvernement se prévalent pourtant de cette élection pour mener leur politique de liquidation systématique de toutes les conquêtes démocratiques et ouvrières.
Il n’est donc pas étonnant, que ce gouvernement et ce président veuillent à tout prix que les élections se tiennent. Pour eux, il faut forcer le rythme car il faut absolument sauver les institutions du régime pourrissant de la Ve République, y compris en foulant au pied les principes les plus élémentaires de la démocratie bourgeoise. Sans parler des risques sanitaires qui existent toujours.
Les objectifs réels de la tenue de ce scrutin si situent à plusieurs niveaux. Tout d’abord d’un point de vue juridique, si le 2e tour des municipales n’est pas organisé fin juin, alors il faudra réorganiser deux tours dans les communes où les candidats n’ont pas obtenu de majorité absolue. Le Conseil d’Etat a en effet considéré, le 18 mars, que le report du 2e tour devrait être « strictement encadré dans le temps » et organisé « dans un délai de trois mois ». Il s’agit donc, pour le pouvoir en place, de limiter les risques d’une débâcle électorale encore plus importante que ce qu’elle va être, ce qui aggraverait encore la crise politique qui frappe le gouvernement.
Organiser les élections, pour sauvegarder les institutions, cela va avec la politique actuelle du gouvernement. Ce dernier s’appuie sur la crise pour accélérer encore davantage les attaques contre les droits des travailleurs : Une partie du code du travail est suspendue, les statuts de la fonction publique sont remis en cause, les coupes budgétaires s’aggravent, la logique de privatisation s’accélère, en particulier dans la santé et l’éducation. Tout ça dans un contexte où les manifestations demeurent officiellement interdites. Pour le gouvernement, il y a donc urgence à frapper vite et fort, et ce d’autant plus que les travailleurs et les jeunes se mobilisent de plus en plus et ne veulent pas payer la crise des capitalistes.
Deuxième tour des Municipales : Boycott !
Dans ce contexte, se pose la question de savoir quelle attitude adopter face à ce scrutin. Au sujet du premier tour, nous, MCI, avions appeler sans équivoque à boycotter les élections municipales. Nous maintenons et persistons sur cette position.
En effet, dans le contexte de crise généralisée, dans le contexte de mobilisations croissantes, dans un contexte de restriction des libertés démocratiques, dans un contexte de répression généralisée du mouvement social, participer aux élections municipales revient à commettre une faute politique grave. Cela revient à avaliser la politique de « normalisation » du gouvernement pour que rien ne change. C’est s’opposer aux aspirations des larges masses qui n’en peuvent plus de ce système et de ce gouvernement.
Pour les militants révolutionnaires, dont l’objectif est le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société communiste pour l’amélioration des conditions d’existence des larges masses travailleuses, la participation aux élections bourgeoises est un choix tactique : elle est à envisager uniquement si elle permet de construire le parti qui représente les intérêts de la classe ouvrière, c’est-à-dire l’outil qui permet d’atteindre l’objectif de renversement du capitalisme.
Dans le cadre ces élections, rien de tel n’est possible, au contraire. Les accords d’appareils montrent l’ampleur de l’opportunisme des partis institutionnels prétendument de gauche. Logiquement personne ne dénonce le caractère anti-démocratique de ces élections ni son arrière-plan : les coupes dans les transferts de l’état vers les communes, la régionalisation/décentralisation qui accélère la privatisation des services publics municipaux. Dans certains endroits, la course à la gamelle atteint des sommets de sordidité et d’opportunisme : à Montpellier, des militants insoumis ont choisi de se ranger derrière la 35e fortune de France, à Nîmes des insoumis ont rejoint la liste LREM. Où est l’intérêt des travailleurs et des jeunes dans tout ça ?
Les organisations qui ont choisi de participer à ce simulacre d’élections, on le voit, accélèrent leur décomposition et contribuent à boucher toute perspective politique pour la jeunesse et les travailleurs. Ces organisations portent une responsabilité particulière dans l’impasse politique actuelle.
Pour une mobilisation indépendante de la classe ouvrière et de la jeunesse
La position des organisations de gauche est en total décalage avec le mouvement réel de la lutte des classes dont la situation est explosive, et est même en train d’exploser : mouvements dans la santé, manifestations et grèves à Renault à Maubeuge, en Bretagne, à Choisy, manifestations massives pour dénoncer le racisme…
La mobilisation est là, les appareils politiques et les bureaucraties syndicales commence à être débordés, il faut aller dans le sens de la mobilisation indépendante des travailleurs et des jeunes, pour aller jusqu’au bout.
Pour se battre, pour une alternative face à ce gouvernement de combat qui nous précipite vers la catastrophe, il faut donc appeler sans ambiguïté au boycott du 2e tour des élections municipales du 28 juin prochain et œuvrer à l’unification des luttes en cours dans la perspective de la grève générale et de la démission du gouvernement.