Compte-rendu : Commission Exécutive de la CGT Educ’93
Pour la direction départementale, la lutte contre le racisme est une démarche individuelle, mais pas syndicale.
Par Griselda.
Le jeudi 2 juillet 2020 se tenait la Commission Exécutive de la CGT Educ’Action 93. Une vingtaine de militants étaient présents pour cette dernière instance de l’année.
Oui à la reprise, non à la grève.
Un premier échange a eu lieu sur la reprise des cours en Seine-Saint-Denis. Je suis intervenue pour raconter les conditions déplorables de cette reprise catastrophique : manque de moyens, manque de personnels d’entretien, manque d’assistant d’éducation, vétusté des bâtiments, insuffisance et vétusté des sanitaires dans de nombreux établissements de la Seine Saint Denis.
Une autre militante de la direction départementale, a complété sur le nombre de victimes du Covid 19 dans le département, la perte d’un de nos camarades du syndicat, y compris d’autres camarades de la CGT notamment de la grande distribution qui ont succombé au virus pendant le confinement.
J’ai donc interrogé la direction départementale sur la reprise des cours et l’absence d’appel à la grève émanant de la CGT Educ’Action pour dénoncer le manque de moyens auprès du conseil général et de l’inspection académique.
Plusieurs des enseignants présents était mécontents de leur rentrée à marche forcée. Le bilan était clair : la reprise des cours est une mesure économique, demandée par le patronat pour remettre au travail le maximum de parents.
Et pourtant , pour la direction départementale, et pour plusieurs élu-e-s CGT Educ, il était inconcevable de laisser les « élèves les plus défavorisés » hors du circuit scolaire, que la reprise des cours avait été pour eux « libératrice », que le confinement leur « pesait » et que les élèves « leur manquaient ».
La direction départementale de la CGT Educ 93, persiste donc, sur son refus d’appeler à la grève, à organiser les débrayages et à mettre en œuvre le droit de retrait. Mais surtout, elle a pris cette décision unilatéralement, sans consulter les 700 adhérents du syndicat, les premiers intéressés qui ont dû reprendre leurs classe et faire face à la pénurie.
Alors qu’en Seine-Saint-Denis, le taux de mortalité a bondi de 130 % entre le 1er mars et le 27 avril, le syndicat s’est soumis au ressenti d’une minorité de personnes, fondé sur des convictions individuelles en faisant fi de l’état de délabrement des services publics et sociaux du département.
Le syndicat a préféré co-gérer les conditions sanitaires de la reprise au sein des instances du CHSCT. Ils ont ainsi permis au patronat et au gouvernement d’atteindre leur objectif : que tout rentre dans l’ordre coûte que coûte, et qu’aucun droit de retrait ou débrayage massif ne vienne perturber leur calendrier.
Ce déni de la réalité sociale n’a pourtant pas été unanime. En effet, de l’aveu même de la secrétaire académique, et ce au bout du troisième tour de parole, d’autres syndicats départementaux de la CGT Educ’Action se seraient aussi positionnés contre une telle reprise, plus soucieux sans doute de la santé des personnels et des élèves dans les établissements.
Une direction départementale indifférente au racisme ?
Un deuxième point a fait débat et pas des moindres : prendre position contre le racisme en tant qu’organisation syndicale. J’ai proposé à la Commission Exécutive de faire adopter la tribune 1 initiée par une centaine de syndicalistes de différentes organisations : « syndicalistes contre le racisme, pour la justice et l’égalité ».
Cette proposition a généré beaucoup d’enthousiasme, de la part de militants déjà engagés dans la lutte contre le racisme, et de la part de camarades racisées. Mais au moment de faire adopter le texte par l’ensemble de la CE, la tribune a refusé de soumettre ma proposition au vote.
Différents membres de la direction départementale, ont ainsi manœuvré pour empêcher que les collègues s’expriment sur cette question. Pour l’un, on ne voyait pas l’intérêt de signer en tant que structure syndicale, « puisque je vais déjà à toutes les manifs du comité Adama ».
Pour d’autres « c’est pas avec des tribunes qu’on règle le problème du racisme », ou encore « le comité Adama veut rester indépendant, donc ils sont pas d’accord pour que les syndicats fassent ce genre de tribune », ou encore « de toute façon il n’y a que des signatures individuelles, aucune structure, on peut pas signer.»
Même si les membres du bureau départemental clament haut et fort qu’ils sont les champions de l’anti-racisme, de l’anti-sexisme, « je te rappelle que ce point n’était pas à l’ordre du jour », m’a-t-on signifié de la tribune.
Nous étions plusieurs camarades à être choqués par les manœuvres de la direction. Comme cela a été dit « la direction départementale en refusant de prendre position de manière collective, nous montre qu’elle sous-estime le fléau du racisme dans la société et dans le mouvement ouvrier. »
À ce jour, la tribune des syndicalistes anti-racistes n’a toujours pas été relayée par mail auprès des adhérents par aucune structure, ni mis en ligne sur les sites internet et Facebook.
Signez, faites signer !
Plus de 100 syndicalistes de différentes organisations sont signataires de cette tribune « contre le racisme, pour la justice et l’égalité ». Elles et ils appellent à renforcer les mobilisations contre les violences policières, soutenir l’autonomie des luttes antiracistes, régulariser les sans-papiers, rendre visibles les discriminations et inégalités raciales au travail pour mieux les combattre.