Goodyear Amiens Nord : la justice de classe à l’œuvre

Huit anciens travailleurs de Goodyear Amiens Nord condamnés en première instance à de la prison ferme par le tribunal correctionnel. C’est une mise en garde sérieuse, une menace pour tout le mouvement ouvrier. « Sans précédent » ?
Pas vraiment, car G. Jodar, alors président de l’USTKE, avait été condamné en 2009, aux côtés de 6 syndicalistes à une peine de prison ferme, suite à des affrontements sur le tarmac de l’aéroport de Nouméa, dans le cadre du conflit au sein de la compagnie aérienne locale, « Aircal ».
Cependant, dans l’affaire de Goodyear, il faut souligner que les plaintes de Goodyear, du directeur de l’établissement d’Amiens Nord et de son DRH avaient été retirées. Seule a été maintenue la plainte du procureur, du parquet, c’est-à-dire en fin de compte, du ministère de la justice ! C’est donc bien une plainte déposée par l’État, par le gouvernement Hollande-Valls-Macron, contre des syndicalistes qui s’est soldée par une condamnation à de la prison ferme !
Zélé serviteur de la bourgeoisie, ce gouvernement prépare la démolition du code du travail et s’apprête à franchir un nouveau pas dans le sens de l’intégration des syndicats à l’État. C’est pourquoi il cherche à empêcher toute mobilisation qui pourrait déborder des directions syndicales adeptes du « dialogue social », c’est-à-dire de la collaboration de classe.
Cette condamnation est tout simplement un moyen par lequel gouvernement et MEDEF cherchent à intimider les travailleurs, les militants syndicaux. L’État d’urgence a déjà servi de prétexte à de nombreuses interdictions de manifestation. De nombreuses poursuites ont été engagées contre des manifestants qui auraient transgressé les oukazes ministériels et préfectoraux.
C’est simple, l’état d’urgence permanent est une menace permanente brandie, non contre daesh et ses partisans, mais contre les travailleurs, les militants, les jeunes qui n’acceptent pas la régression sur les plans démocratique, économique et social. C’est une arme pour interdire leur mobilisation.
Le patronat veut avoir les mains libres pour frapper, licencier par milliers, baisser les salaires, nous faire travailler plus pour gagner toujours moins, le jour, la nuit, le dimanche, jusqu’à la mort, sans vacances, sans protection sociale, sans droit à la retraite. Voilà en quelques mots résumé le catalogue des « réformes » : des contre-réformes !
L’État veut poser un corset à la classe ouvrière pour mieux imposer les mesures voulues par la bourgeoisie et faire payer la dette aux travailleurs et à leur famille. Contrairement à ce qu’affirment les poltrons et les bureaucrates, l’État n’est pas neutre ; il est l’État bourgeois, il est le bras armé de la violence de classe de la bourgeoisie contre les travailleurs : voilà ce que démontre, si besoin est, la condamnation des anciens travailleurs de Goodyear Amiens Nord.
Ces condamnations doivent être annulées, l’état d’urgence doit être levé, maintenant, sans attendre !