Pour la laïcité, contre le cléricalisme ! Edito Internationaliste 192

Déclaration du MCI,
Paris, le 6 novembre 2020
L’assassinat de Samuel Paty, enseignant au collège Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), doit être condamné pour ce qu’il est : un acte abject ; le geste d’un fanatique islamiste, d’un obscurantiste, d’un clérical, d’un contre-révolutionnaire. Nous sommes atterrés comme doivent l’être sa famille, ses amis, ses collègues, ses élèves.
L’assassinat de trois personnes à Nice dans une église par le même type d’individu, deux semaines après, se range dans la même catégorie. Là encore des familles, des amis sont confrontés à l’horreur de la violence sectaire.
Depuis l’assassinat de Samuel Paty, les rassemblements d’hommage se multiplient, des minutes de silence sont annoncées : cela ne suffit pas. Des enseignants nombreux, des travailleurs des jeunes sincères dans leur émotion et leur colère se sont rassemblés, il est de notre devoir militant de leur proposer des perspectives. Toutefois, dans cette affaire, les pompiers pyromanes font assaut de compassion et de surenchère.
À ces derniers, il faut dire leur fait ; aller au fond des choses, sans faux-fuyants, sans concessions, sans ménagements car l’islamisme n’est qu’un des aspects de la réaction, de la contre-révolution.

Des définitions ?
Oui le combat pour la défense de la laïcité est avant tout un combat contre le cléricalisme. Tous les soi-disant défenseurs de la laïcité esquivent systématiquement la question au point qu’un C. Villani, le 27 septembre 2020 sur France Info, puisse se permettre d’affirmer que « dans la loi, il n’y a pas de définition de la laïcité ». Alors donc, partant de cela, tout serait permis ? Le cléricalisme le plus abject pourrait se revendiquer du respect de la laïcité. Vous voulez des définitions ? En voici !
La laïcité est un principe politique appuyé sur un principe éthique. Le principe éthique est la liberté de conscience, c’est-à-dire la liberté de croire ou de ne pas croire à un ou à des dieux, de nier l’existence de tout dieu. C’est la liberté de changer de croyance ou d’attitude philosophique. On le reconnaîtra, on est loin de la liberté religieuse qui n’est que l’obligation de croire, peu importe dans ce cas la religion.
Le principe politique, c’est la laïcité de l’État, c’est-à-dire que la croyance ou l’attitude philosophique des citoyens est une question privée qui ne concerne pas l’État. Cela a pour conséquence que la manifestation de ces croyances et attitudes philosophiques sont encadrées par la loi : c’est la condition pour que la liberté de conscience soit effective.
Plus précisément, aucune secte religieuse ou philosophique ne peux imposer ses lois, c’est-à-dire que les lois votées par le parlement n’ont pas à se plier à tel ou tel dogme : elles s’imposent à tous.
Le contraire, c’est justement le cléricalisme, la doctrine selon laquelle les lois divines seraient supérieures aux lois humaines. C’est la position des islamistes, mais c’est aussi celle des christianistes, on nous pardonnera le néologisme, catholiques ou « protestants », leurs frères en quelque sorte qui, habilement, avancent masqués derrière les premiers.
Nous désignons bien là les intégristes. Les fondamentalistes veulent appliquer pour eux-mêmes leurs dogmes de façon rigoureuse et ils doivent en être libre ; les intégristes, eux, veulent imposer à toute la société de vivre selon leurs dogmes. Force est pourtant de constater que sur ce terrain les islamistes ne sont pas les seuls.
Intégristes de tous poils se prêtent main forte pour en finir avec la laïcité, mais sont prêts à en découdre sérieusement pour savoir qui imposerait son dogme si l’État clérical faisait son retour.
Partant de là, on le voit bien, les deux conceptions s’opposent : si l’État est laïc, il n’est pas clérical et réciproquement. Insistons : la laïcité de l’État est la condition d’une liberté de conscience qui soit effective, pratique. Tout affaiblissement du principe de laïcité a son corollaire dans le renforcement du cléricalisme.
Souvenons-nous qu’aussitôt adoptée la loi de 1905 a été remise en cause. Ainsi, en 1905, l’Alsace et la Moselle étaient intégrées à l’Empire allemand. À leur retour comme départements français, il fût décidé qu’elles demeureraient sous le statut concordataire adopté sous le Premier empire, en 1802, ce qui est toujours le cas ! Pour ne pas parler des dernières colonies de l’impérialisme français à l’image de la Guyane ou de Mayotte qui, bien que formellement « départements » ne sont pas à proprement parler laïcs.
C’est ainsi que l’arrivée au pouvoir du bonapartisme sénile – selon l’expression de Trotski – en la personne de P. Pétain, disciple de Maurras, a été qualifiée par la hiérarchie catholique de « divine surprise ». La période qui suivit fut celle de la collaboration avec le nazisme et d’une remise en cause rapide de la loi de 1905 au profit de l’Église et de l’enseignement catholique.
Le retour au pouvoir de Ch. de Gaulle en 1958 verra cet autre disciple de Maurras, se lancer dans une série de textes visant à faire pleuvoir l’argent public sur l’enseignement privé, surtout confessionnel, essentiellement catholique ; à redonner aux congrégations religieuses un poids qu’elles avaient perdu en 1905, à faire reculer la laïcité de l’État et de l’école.
Sous la cinquième République c’est désormais une orientation de l’État, vider de son contenu la loi de 1905 sans chercher à l’abroger, s’attaquer au caractère laïc et gratuit de l’enseignement public (lois Debré et Guermeur, accords Lang-Cloupet etc.).
La laïcité n’est-ce qu’une « question française » ? Pour ne citer rapidement que ces deux exemples, les bolcheviques avaient adopté une loi de séparation des églises et de l’État le 20 janvier 1918. Pourtant un siècle plus tard on peut constater qu’en Grèce, dans un pays où la « troïka » FMI-Banque mondiale-BCE a imposé la suppression de milliers de postes de fonctionnaires, le clergé orthodoxe est toujours payé par l’État ! Comme en Alsace et en Moselle…
Cette question concerne l’État, mais aussi l’école publique qui doit être par nature une institution laïque. Alors oui, la laïcité de l’État et de l’école sont des acquis démocratiques bourgeois obtenus de haute lutte avec l’appui du mouvement ouvrier à la fin du 19ème siècle, au moment où le capitalisme entrait pleinement dans son stade impérialiste que Lénine a résumé par « la réaction sur toute la ligne. »

La question du régime politique
Depuis, la bourgeoisie s’attaque systématiquement aux acquis démocratiques : les marxistes révolutionnaires doivent-ils contempler ce « spectacle » les bras ballants conformément à un argument gauchiste (ndr: au sens léniniste du terme) qui voudrait que ces acquis étant des héritages de la lutte de la bourgeoisie contre l’ordre féodal et non ceux du prolétariat cela n’aurait aucune importance ?
Pour le combat que nous menons, les libertés démocratiques et le régime en place n’aurait donc pas d’importance ? Peu importe-t-il de vivre sous une dictature militaire, une monarchie de droit divin, un régime bonapartiste ou une république parlementaire ? Bien entendu, non !
La république parlementaire avec des libertés démocratique est évidemment plus confortable concernant les conditions de vie, les conditions de travail, d’organisation et de lutte des masses laborieuses, de la classe ouvrière, que n’importe quel régime monarchique.
Il est donc très étrange d’entendre de ci de là, des militants qui se prétendent « trotskistes » s’accommoder de vivre et de militer sous un régime monarchique, fut-il constitutionnel, au prétexte peut-être que celui-ci leur « fout la paix », pour le moment ou pire qu’il leur permet tous les reniements au nom de leur lutte pour « la démocratie jusqu’au bout » dans le cadre du capitalisme ?
C’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre l’appel à voter E. Macron contre M. Le Pen en 2017, ou encore celui à voter J. Chirac contre J-M. Le Pen en 2002. Pour notre part, à ces deux occasions, nous avons milité pour l’abstention et pour l’organisation indépendante des travailleurs, c’est-à-dire pour l’indépendance de classe réelle.
Notre but c’est la fin du mode de production capitaliste à l’échelle du monde, cela va de soi, l’établissement de la propriété collective des moyens de production et d’échange par l’expropriation des capitalistes et l’édification d’une république universelle des conseils ouvriers.
Oui, la Vème République, en France, est un régime fort peu républicain, pour tout dire c’est un régime semi-bonapartiste et clérical. Nous, MCI, combattons pour une république socialiste dans le cadre des États-unis socialistes d’Europe. Nous sommes pour la fin de la république bourgeoise en France comme nous sommes pour la fin de la monarchie britannique, espagnole, belge, hollandaise ou suédoise, des monarchies du Golfe ou de Thaïlande et du Japon, etc.

La barbarie capitaliste
Depuis plus d’un siècle maintenant le capitalisme pourrissant ne « survit » qu’en détruisant les forces productives de l’humanité dont la principale est l’être humain lui-même. Pour les bourgeois, cela se fait au prix d’un enfoncement dans la barbarie dont le nombre des symptômes ne cesse de grandir. Deux guerres mondiales ont tué des millions de personnes, depuis la seconde une sorte d’état de guerre permanent en a tué autant.
Ajoutons les millions de morts chaque année du fait « des marchés », le tueur invisible qui prive de nourriture, d’eau, de soins de santé les centaines de millions de ceux qui ne sont pas solvables. Combien la lutte contre la Covid-19 coûtera-t-il aux travailleurs. Combien rapportera-t-elle aux laboratoires pharmaceutiques ?
On s’étonne encore que les capitalistes et leurs porte-voix veulent mettre l’économie avant la survie de l’espèce à commencer par celle les travailleurs ? Ils prétendent que le chômage tue plus de personnes que le virus alors qu’ils ne sont préoccupés que par leurs profits : il faut que « leur économie » tourne à plein régime et il n’est pas question pour eux de subvenir aux besoins de ceux qui doivent rester à la maison.
Aujourd’hui, un R. Muselier nous met en garde contre le risque de « guerre de tous contre tous », alors qu’il est, membre du parti néo-gaulliste qui par dérision et provocation se nomme « Les républicains ». Ce parti n’a eu de cesse d’organiser la guerre de tous contre tous au nom de la concurrence, de la productivité et le la sacro-sainte compétitivité !
N’a-t-il pas le souvenir de ce N. Sarkozy qui a créé ce « fond banlieues » financé par le Qatar, État démocratique s’il en est puisqu’il est actionnaire de nombreuses société trans-nationales françaises, fond pérennisé par… F. Hollande ?
N’a-t-il pas le souvenir de celui qui a passé une partie de son exécrable mandat à légitimer les thèses et les formulations du FN qui s’est également évertué à opposer jeunes et vieux, actifs et retraités, travailleurs en activité et chômeurs, travailleurs du privé et fonctionnaires, nationaux et immigrés, stigmatisant les jeunes de Villiers-le-Bel comme une « voyoucratie », lui, avocat d’affaire de profession ! N’est-ce pas « l’hôpital qui se fout de la charité » comme on dit ; n’est-ce pas déjà, là, la guerre de tous contre tous ?
N’est-ce pas cet E. Ciotti qui veut faire inscrire dans la constitution « les racines chrétiennes de la France » ? Avec la « droite décomplexée », on peut s’attendre à tout, surtout à une politique cléricale, décomplexée elle aussi, dorénavant, lancée dans une surenchère permanente avec le RN.
À l’école, la barbarie prend de multiples visages et la « gauche » est très nettement responsable des réformes de droite qui ont fait le jeu d’intérêts financier ou cléricaux.
Au nom de « l’ouverture de l’école sur la vie », on a fait entrer à l’école toutes les contradictions de la société, toutes ses violences. On a mis les enseignants sous la pression de parents d’élèves qui exigent de plus en plus des modifications des programmes. On y a fait entrer les « entreprises » qui viennent y « conquérir des parts de marchés ».
L’instrumentation des parents d’élèves par l’administration vise à défaire l’instituteur laïc, enfant d’ouvrier, passé par la filière de l’école normale et sa formation solide et lui substituer le fils de bourgeois ou de petit-bourgeois recruté sur titres universitaires formé « sur le tas » qui va être plus perméable aux sirènes de « la modernité » marchande, des intérêts capitalistes.
L’élève est, parait-il, « placé au centre ». En réalité il a été transformé en « apprenant » dans un système où le parent d’élève et ses rejetons sont des clients, exigeants, autorisés, incités à chaque instant à tout évaluer, à tout noter, à tout… dénoncer ? En fin de compte l’enseignant est considéré comme fournisseur : l’idéologie « managériale » produit la barbarie à l’entreprise et l’introduit à l’école.
L’élève est devenu l’objet d’un découpage en tranches, elles-mêmes débitées en cases appelées « compétences ». Le cadre en a été impulsé par l’OCDE pour imposer un enseignement, une éducation en phase avec les attentes des capitalistes. Jouant sur l’ambiguïté du terme, cette mécanique enferme les travailleurs au boulot et les élèves à l’école dans un monde à la « Orwell ».
Et on cherche même maintenant à enfermer les parents dans un cadre de compétences spécifiques ! Il leur faut « cocher les bonnes cases » entrer dans le moule, être conforme aux exigences capitalistes relayées par l’État bourgeois.
C’est un des visages de la barbarie tout comme le « management par objectif » qui somme les travailleurs, rebaptisés « collaborateurs », de s’auto-exploiter, de se mettre mutuellement en demeure, pour atteindre des objectifs fixés par les marchés financiers, c’est-à-dire des capitalistes anonymes, insaisissables, aux « principes » desquels ils sont également sommés d’adhérer sous peine de licenciement.
La boussole du ministère est le classement PISA (défini par l’OCDE, comme c’est curieux) ou Shanghaï qui n’ont pour but que d’organiser la compétition dans l’enseignement, dans un cadre de privatisation généralisée, qui considère l’école comme une entreprise et promeut l’endettement étudiant pour assurer une rente aux capitalistes.
N’est-ce pas là encore un visage de la barbarie. C’est-à-dire de la guerre de tous contre tous, car c’est cela la barbarie, n’en déplaise à feu C. Lévy-Strauss elle se cache souvent sous les oripeaux de « la civilisation ».
Ces orientations ont été défendues par les partis bourgeois traditionnels, mais aussi par une soi-disant « gauche », la seconde gauche, la gauche chrétienne, obnubilée par les délires du très rocardien INRP (Institut national de la recherche pédagogique), les premiers au nom de la « libre concurrence » c’est-à-dire la liberté des monopoles, les seconds au nom de la modernité, ce qui revient à apporter aux premiers une caution « progressiste ».
L’enseignement de l’histoire, de chronologique est devenu thématique sous la férule des mêmes. Puis elle est devenue, avec la sociologie, racialiste. Chaque « ethnie » chaque secte religieuse étant invitée à faire valoir ses préjugés. Les universitaires étatsuniens, « démocrates » souvent mais aussi « républicains » qui en sont « fans » appellent cette idéologie les « french studies ».
Serait-ce un compliment ? Pour les zélateurs de M. Foucault et compagnie, anti-marxistes avérés, qui n’ont que mépris pour les prolos, probablement. Pas étonnant que certains d’entre eux aient leurs entrées à Washington où ils vont chercher une sorte d’adoubement, voire quelques subsides.
Qu’on ne se méprenne pas. Ces cléricaux là risquent fort de servir de prétexte à ceux qui, à l’extrême-droite, n’ont de cesse de quémander les appuis des Trump, Bannon ou Poutine, cléricaux s’il en est, christianistes avérés, et de mener l’hallali contre ceux qu’ils nomment « islamo-gauchistes ».

Du communautarisme au séparatisme…
Nous avons constaté le glissement du discours « macronien » du communautarisme vers séparatisme. Ce n’est pas qu’une affaire de mots. Il y a une gigantesque opération de diversion derrière cette manœuvre. Nous le savons bien.
Depuis des décennies nous, marxistes révolutionnaires, nous dénonçons la dérive cléricale de ce pays, dérive organisée gouvernement après gouvernement de droite comme de « gauche ». Nous combattons également la remise en cause des services publics, de la sécurité sociale, de la protection sociale dans son ensemble.
Les attaques répétées contre les services publics dans le but de les privatiser ou de les démanteler laissant le champ libre à des intérêts privés a été une constante depuis des décennies.
La montée de la précarité, le développement d’un chômage structurel depuis plus de 40 ans, ont créé une situation de désespérance dans les quartiers ouvriers. L’affaiblissement des organismes de solidarité comme la sécurité sociale, le sabotage des services publics ont poussé les travailleurs et les jeunes dans les bras des organisations caritatives catholiques, musulmanes ou autres qui apportent leur « aide » moyennant une forme d’adhésion idéologique. Cela s’appelle le communautarisme.
Cette désespérance s’ajoute à un racisme institutionnel cultivé par l’appareil d’État, le patronat, les bailleurs, même parfois les bailleurs sociaux. Ce rejet renforce les réflexes de replis communautaires parmi les travailleurs immigrés : c’est « pain béni » pour les « barbus » et les « tonsurés » !
Le communautarisme d’inspiration anglo-saxonne est une doctrine selon laquelle l’État s’en remet aux communautés religieuses ou « ethniques » pour assurer le maintien de l’ordre parmi leurs sujets. Pas de services publics, pas d’organismes de solidarité : la charité pallie ces absences et permet aux milliardaires d’apparaître comme des bienfaiteurs alors qu’ils sont des exploiteurs.
Cette politique a été impulsée pendant des décennies notamment par le PS et ses satellites au nom du « vivre ensemble avec nos différences » qui mettait l’accent sur… les différences (« ethnie », religion, etc.), alors que chaque individu étant unique nous sommes tous différents. En conséquences, chacun se voyait sommé de se reconnaître dans une communauté.
Cette politique « de gauche » n’a été que l’accompagnement de la politique de droite de privatisation et de démantèlement des services publics, de la protection sociale, de la sécurité sociale, de flexibilité, de recul des conquêtes sociales et des libertés démocratiques pour le plus grand profit des capitalistes.
Dans le même temps, les même causes produisant les mêmes effets, la libéralisation du marché de l’immobilier a donné un coup d’accélérateur à la « gentrification1» c’est-à-dire la volonté des possédants, bourgeoisie et aristocratie, à se regrouper dans des territoires littéralement privatisés et à en expulser les travailleurs et les employés.
Les bobos de la « startup nation » se livrant à la même activité, les familles les plus modestes sont poussées à la périphérie des villes ou enfermées dans des quartiers qui deviennent des ghettos. Les plus pauvres étant souvent les travailleurs immigrés, qui se sentant rejetés finissent par nécessité par tisser entre eux des réseaux d’entraide qui se retrouvent instrumentalisés par des islamistes ou des christianistes.
Comme avait dit le maire de la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina « le ghetto est une création de ceux qui ne veulent pas y vivre ». Macron va-t-il mettre fin au séparatisme des riches ? Poser la question c’est y répondre.
En plus de vivre sur des territoires privatisés, ils exigent de ne plus avoir à payer d’impôts et Macron adepte de la théorie du ruissellement accède à leurs exigences. Moins d’impôts, moins de services publics notamment d’école et de santé, plus de précarité, plus de charité, etc.
La collaboration de classes des bureaucraties syndicales, au nom du « dialogue social » a permis cette dérive car à chaque pas des capitalistes et de leurs gouvernement, il s’est trouvé, au nom du « moindre mal » une CFDT pour signer toujours, mais aussi des dirigeants de la CGT, de la FSU, etc. pour signer souvent.
Le bal des faux-culs

À tout seigneur, tout honneur : dire « les Tchétchènes » ou « les musulmans », c’est trop facile. Comme trotskistes nous savons à quoi servent l’amalgame et la calomnie, car les staliniens les ont utilisés contre nous pour préparer l’assassinat de nos cadres dirigeants. M. Mélenchon doit le savoir.
Il y a aussi le gauchisme décomposé qui mine, qui « déconstruit », toute référence historique révolutionnaire du mouvement ouvrier.
Ceux qui, dans la mouvance du NPA, bien que ce ne soit pas le NPA dans son ensemble – ceux qui nous expliquent depuis des décennies qu’il ne faut pas défendre l’école publique car elle est une construction de J. Ferry, colonialiste notoire et que, de plus, elle enseigne la république et non la révolution ? Certes, mais elle a permis à des générations d’ouvriers d’accéder à la lecture, à l’écriture, au calcul et partant de là à une connaissance qui leur permet encore de concilier la théorie révolutionnaire à la pratiques révolutionnaire.
D’ailleurs ce sont souvent des normaliens ou des anciens de l’EHESS qui nous expliquent ça. Les mêmes théorisent la démocratie « jusqu’au bout » et la liberté absolue… dans le cadre du système capitaliste car ils en viennent à expliquer, comme Holloway, qu’il ne faut surtout pas prendre le pouvoir mais contester de façon radicale le capitalisme, au point qu’on peine à faire la différence entre eux et les libertariens, pur jus.
Quoi d’étonnant à les voir également dénoncer la sécurité sociale comme un moyen de maintenir les travailleurs en état de se faire exploiter. Mais aussi en état de militer ? Alors, vive les assurances privées ? Vive les fonds de pensions ?
D’aucun à la tête de l’ex-Sud-Étudiants (aujourd’hui Solidaires étudiant.e.s) qu’on pouvait prendre pour des anarchistes se sont révélés en réalité de vrais macroniens. Ces « intersectionnels » anti-marxistes sont devenus fort logiquement des ultra-libéraux en économie avec leurs pendants ultra-réactionnaires dans les mœurs au point de « revendiquer » la libéralisation de la prostitution alors que c’est une servitude, la pire des exploitations.
Et que dire de ces « socialistes » comme E. Valls, qui glose sans fin sur la laïcité et la république en France ? Lors de sa tentative lamentable pour conquérir la mairie de Barcelone, cet ancien ministre semblait fort bien s’accommoder de la monarchie des Bourbons, héritiers de Franco « par respect de la constitution » selon lui. Où sont leurs convictions, si ce n’est dans leur soutien au capitalisme, à l’exploitation, à l’oppression ?
La religion des pauvres ou des immigrés ?

En janvier 1940, dans sa lettre ouverte à J. Burnham, Trotski rappelle que : « La religion, j’espère que vous en serez d’accord, détourne l’homme du savoir réel vers un savoir fictif, de la lutte pour une vie meilleure vers l’espoir mensonger d’une récompense dans l’au-delà. La religion est l’opium du peuple. Celui qui oublie de lutter contre la religion est indigne de porter le nom de révolutionnaire. (…) Évidemment nous nous comportons avec prudence vis-à-vis des préjugés religieux d’un travailleur arriéré. S’il désire combattre pour notre programme nous l’acceptons comme membre du parti. Mais en même temps notre parti l’éduquera avec persistance dans l’esprit du matérialisme et de l’athéisme. »
L’essentiel est dit. Notre attitude est simple : ni heurter, ni capituler, mais expliquer pour convaincre.
Dans ce passage, Trotski ne précise pas de quels préjugés religieux il peut s’agir, car il part d’une conception de classe, comme marxiste. Il précise bien à propos de ce travailleur arriéré S’il désire combattre pour notre programme. Inversement, comment considérer un travailleur arriéré qui tourne le dos à notre programme ou bien qui le combat ?
Le fond du problème est bien là car, dans ce pays par exemple, les immigrés du 20ème siècle ont été, à peu près dans cet ordre chronologique et après 1905, année de l’adoption de la loi sur la laïcité : Chinois, Vietnamiens, Cambodgiens, Laotiens, Polonais, Italiens, Russes, Africains de l’ouest, du centre ou du nord, Arméniens, Grecs, Espagnols, Portugais, Indiens, Comoriens, Antillais, Réunionnais, Kanakes, Polynésiens, Yougoslaves, Iraniens, Roumains, Turcs, Afghans, etc. auxquels se sont ajoutés des réfugiés politiques de tous horizons. Beaucoup de ces travailleurs, originaires de colonies de l’impérialisme français, ont parfois tout simplement été contraints à immigrer en direction de « la métropole ».
Chrétiens, bouddhistes, sikh, hindouistes, musulmans, animistes, etc. Voilà les religions pratiquées avec plus ou moins d’assiduité par les immigrés du 20ème siècle. Avec parmi eux, heureusement, des agnostiques ou mêmes des athées.
Or, il y a quelques années, un argument est venu dans le débat de « l’extrême-gauche » un argument selon lequel l’Islam serait la religion des immigrés. Ceux qui ont avancé cet argument ont développé également dans les faits, dans la pratique, une théorie selon laquelle, les musulmans devraient relever d’un traitement particulier, une « dérogation » au principe énoncé par Trotski dans sa lettre à Burhnam.
Les exactions coloniales des impérialismes français et britannique dans le monde arabe sont mises en avant avec raison. Les vexations subies par les musulmans en particulier dans l’Algérie coloniale également. Question : le mouvement ouvrier, ses organisations, ses militants doivent-ils « faire pénitence » pour « expier » les crimes de la bourgeoisie ? Au quel cas ce traitement particulier serait en quelque sorte justifié… Nous savons l’influence de la « gauche catho », voire la deuxième gauche, rocardienne, néo-socialiste sur « la gauche » en général.
Cependant, le mouvement ouvrier s’est levé contre le colonialisme, parfois insuffisamment, mais il s’est levé. Il a aussi été le creuset de la formation de militants révolutionnaires nombreux en Afrique, en Asie, aux Antilles, etc. Certains ont mal tourné comme Deng Xiaping, Zhou Enlai ou Hô Chi Minh devenus des staliniens. Mais c’est l’honneur du mouvement ouvrier de les avoir accueilli nombreux.
C’est pourquoi nous disons et répétons ici : combattre le racisme qui s’exerce à l’encontre des travailleurs d’origine maghrébine est un devoir. Comme il est un devoir de combattre le racisme qui s’exerce à l’encontre de tous les travailleurs immigrés. À ce propos, depuis que la pandémie de Covid 19 a éclaté en Chine, on assiste à une vague sans précédent de racisme frappant les asiatiques.
Mais ceux qui crachent sur notre programme, ceux qui sont aux côtés de l’ennemi de classe, nous devons les traiter en ennemis. Là est la ligne rouge : c’est la frontière de classe.
Insistons, au 19ème siècle, la religion des pauvres, dans ce pays, c’était majoritairement le catholicisme. Nos prédécesseurs ont-ils transigé avec les christianistes, avec les cléricaux qui prétendaient imposer leurs dogmes, y compris par la violence et, au nom de ceux-ci, l’obéissance au patron, à l’armée, à l’État, de préférence à la monarchie ou à l’empire ?
Pourquoi donc les communards sont-ils montés à l’assaut du ciel ? Pour qu’aujourd’hui certains tendent une oreille complaisante aux « catho de gauche » à la JOC ou aux barbus ? On croit rêver ! à moins que ce soit un cauchemar…
Depuis 30 ans, l’islamisme tend à occuper l’espace politique du pan-arabisme de Nasser et compagnie qui s’est effondré avec la stalinisme et à la chute du mur de Berlin. Il cherche à instrumentaliser le sentiment anti-colonialiste, anti-impérialiste légitime de nombreux peuples, mais cela en fait il un courant anti-colonialiste, anti-impérialiste ?
Ne serait-ce pas tout simplement un courant du nationalisme bourgeois, réactionnaire, agissant en relation avec certains intérêts impérialistes, en chien de garde de la contre-révolution ?
Les fanatiques de tous poils sont les ennemis du mouvement ouvrier. On ne combat pas le racisme anti-musulman par une soi-disant unité avec les Islamistes intégristes. Les travailleurs et les travailleuses l’ont bien compris. Leurs attentats sont avant tout une attaque contre la laïcité, contre les libertés démocratiques, contre le mouvement ouvrier. Il faut les condamner sans ambiguïté, et ne plus se cacher derrière la parade du « oui, mais… » !
Non, on ne nous refera pas le coup du « camp » progressiste dont nous serions sommés de soutenir les vicissitudes les plus contre-révolutionnaires d’organisations politiques en crise qui ont sombré dans l’électoralisme le plus vulgaire ! Pour les militants ouvriers, pour les communistes révolutionnaires, pour les trotskistes, il y a des classes sociales, pas des « camps ». Nous sommes aux côtés du prolétariat : travailleurs français ou immigrés, même patron même combat.
J.-M. Blanquer fait partie du problème

« L’éducation nationale c’est notre bien le plus précieux.(…) L’éducation nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire » affirmait Jean Castex le 20 octobre 2020. Ces propos ont fait fortement réagir les enseignants : 5800 postes ont été supprimés dans les collèges et les lycées de 2017 à 2020, pour une augmentation démographique de 48 000 élèves.
Il est évident que le gouvernement instrumentalise cet acte barbare dans sa course à l’élection de 2022. L’enjeu est de résumer le choix des électeurs à Macron et Le Pen.
Alors que LREM, LR et le RN sont engagés dans une surenchère nauséabonde et que l’insulte est désormais un moyen courant de gouverner, le Ministre de l’Éducation nationale prétend vouloir aider les enseignants. Si c’était le cas, ce serait une grande nouveauté.
Rappelons quand même que L’OMC a décrété il y a 20 ans que la santé et l’éducation seraient les deux marchés du XXIe siècle et qu’à ce titre, les gouvernements qui se sont succédé ont agi avec constance et détermination dans le sens de la privatisation.
Pour la santé, nous avons entendu É. Philppe ouvrir le « Ségur » en affirmant garder le cap et accélérer dans la mise en place de cette politique. J. Castex et O. Véran n’ont pas changé un iota à ce « cap ». Pas plus que J.-M. Blanquer concernant le secteur dont il est chargé. D’ailleurs ce dernier, comme nombre de ses conseillers, est passé par l’enseignement privé (comme Castex, Macron et de nombreux autres) dont il défend en réalité les intérêts.
Les invectives, le dénigrement du ministre C. Allègre à l’encontre des enseignants a été une constante, depuis, dans tous les gouvernements. On se souvient de la campagne contre les « profs décrocheurs » de ce printemps.
Or la politique de Blanquer est rejetée par la grande majorité des enseignants. Heures supplémentaires obligatoires, suppression de postes, fermetures de classes et d’établissement, formation au rabais… l’école est transformée en « entreprise » dont les directeurs et proviseurs doivent atteindre des « objectifs » en relation avec les attentes consuméristes des parents, l’université étant appelée à être rentable et compétitive dans le classement de Shanghaï. Tout cela est rejeté.
C’est pour cette raison que nous clamons haut et fort : Vive la laïcité, vive la liberté de conscience ! Patrons, bigots, parents, élus hors des écoles !
La liberté pédagogique, remise en cause à chaque incident, revient au cœur des préoccupations des enseignants après un événement d’une telle violence. La « ligne » du ministre est d’empêcher que s’exprime la colère des enseignants vis-à-vis de sa politique et d’imposer une forme d’autocensure.
Pour cela il compte sur les bureaucraties syndicales qui refusent d’appeler à une journée de grève nationale et continuent d’accompagner les contre-réformes… sauf si elles s’y voient obligées par la colère d’en bas, comme en ce moment.
Face à la barbarie dont a été victime S. Paty, les enseignants attendaient des annonces concrètes pour leur assurer de meilleures conditions de travail et une revalorisation de leur métier. Surtout que plusieurs rencontres ont eu lieu à Matignon avec les organisations syndicales représentatives pendant ces deux semaines de congé !
Le déroulement de la journée de rentrée le 2 novembre, démontre au contraire le manque d’empathie de nombreux politiciens envers les enseignants et tout leur double discours concernant l’éducation publique dans son ensemble.
Le prétexte du Covid-19 pour empêcher tout débat entre les enseignants préalablement à l’ouverture des classes, tout débat et surtout toute confrontation avec l’administration est grossier.
J.-M. Blanquer ne réussira pas à faire taire la colère des enseignants : pour faire reculer le ministre et obtenir un changement de cap radical dans la politique mise en œuvre depuis des décennies. Il est nécessaire de se réunir en assemblée générale partout, de débrayer en exerçant le droit de grève ou le droit de retrait pour établir des cahiers de revendications et décider démocratiquement des moyens d’obtenir satisfaction.
1 Dérivé de « gentry » : En Angleterre, ensemble des nobles ayant droit à des armoiries, mais non titrés (par opposition à la nobility). C’est en quelque sorte la somme de la bourgeoisie et de l’aristocratie.
Annexe 1 :
Le cléricalisme en action
« Ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. (…) Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »
(N. Sarkozy, le 20 décembre 2007, Palais du Latran).
Et peu de temps après cette proclamation, N. Sarkozy s’exprimera dans le même sens devant le Conseil consultatif (le « parlement ») saoudien.
Annexe 2 :
communiqué du MCI du 17.10
NOUS CONDAMNONS L’ASSASSINAT IGNOBLE DU PROFESSEUR D’HISTOIRE-GEOGRAPHIE À CONFLANS ST HONORINE
Nous exprimons tout notre soutien aux familles et collègues.Nous appelons tous les jeunes, les travailleurs et les militants ouvriers, à condamner ce lâche assassinat et à défendre la liberté de conscience et la laïcité.Nous appelons à la mobilisation indépendante des professeurs, des élèves et parents. Aucune confiance envers le gouvernement, car nous L’AFFIRMONS ici sans détour, les fossoyeurs de la laïcité et de l’éducation nationale sont aussi au gouvernement.
Annexe 3 :
Communiqué du MCI du 29.10
NOUS CONDAMNONS L’ATTENTAT DE NOTRE DAME DE NICE.
Nous exprimons notre soutien aux familles des victimes.Parmi les 3 victimes on compte une femme qui a été décapité.Après la décapitation du professeur Samuel Paty, nous ne pouvons que constater que les premières cible de ce terrorisme barbare sont les travailleurs et les travailleuses, la jeunesse, les exploités et les opprimés !Nous appelons toutes les organisations ouvrière et démocratiques , tous les travailleurs à dénoncer ces attentats hautement RÉACTIONNAIRES qui cherchent à nous diviser.
Annexe 4 :
Communiqué du MCI du 01.11
EN CETTE RENTRÉE DIFFICILE,
Nous souhaitons courage et solidarité à tous les enseignants.Dans toutes les salles de profs, dans nos coeurs et dans nos têtes, résonnera le nom de notre collègue Samuel Paty exécuté pour avoir exercé sa liberté de conscience, sa liberté pédagogique.Samuel on ne t’oublie pas, Restons unis et solidaires.