Succès de la grève au collège Liberté à Drancy

manif contre la réforme du collège à Paris le 19 mai 2015

Une nouvelle journée de mobilisation a eu lieu le jeudi 18 février au collège Liberté à Drancy. Au cœur des revendications des enseignants : la dégradation des conditions de travail des personnels face à une direction d’établissement à la pointe des directives ministérielles. Il y a eu 75 % de grévistes chez les enseignants titulaires avec un soutien des enseignants contractuels précaires.

L’objectif ultime du gouvernement est de finaliser le processus de destruction/privatisation de l’enseignement, en allant vers une autonomie totale des établissements.

Cela se concrétise par l’application des critères de rentabilité dans les collèges et dans les lycées : augmentation du temps de travail au sein de l’établissement, accumulation de tâches supplémentaires (suivi des élèves, tâches administratives) pour pallier les coupes budgétaires, mise en concurrence des personnels au sein des établissements, et … entrave au droit syndical.

Trois éléments ont mis le feu aux poudres à Drancy : la mise en place de chronométrages aléatoires à la fin des récréations pour fliquer les enseignants, la remise en cause systématique de l’intégrité des enseignants face aux parents et aux élèves, et la remise en cause de notre indépendance lorsque la direction a demandé l’ordre du jour de notre dernière assemblée générale.

L’objectif de la grève était clair : faire barrage à la toute-puissance de la hiérarchie et contre toutes les méthodes de gestion des personnels qui viennent directement du Medef.

Une dynamique de mobilisation et de discussion collective s’est instaurée depuis un an et s’est consolidée pendant la campagne de soutien à la déléguée CGT de l’établissement. Dans ce processus, les délégués syndicaux SNES, FO et CGT jouent un rôle central pour répondre unitairement à la situation.

C’est un travail de terrain minutieux qui passe par l’explication permanente du lien entre la dégradation concrète de nos conditions de travail et toutes les attaques menées contre l’enseignement public. Cela passe également par l’accompagnement et la défense individuelle des collègues face à la hiérarchie. Cela passe aussi par la remontée systématique et la socialisation de tous les problèmes locaux, le maintien de toutes les heures d’information syndicale mensuelles, l’organisation d’assemblées générales régulières, etc.

Aujourd’hui cette expérience et ces habitudes de lutte ont permis de mettre en échec la politique de la direction pour nous diviser et nous mettre en concurrence. Cela a permis aux enseignants récemment attaqués dans leurs pratiques pédagogiques de ne pas se sentir intimidés et de prendre conscience de l’importance de la mobilisation collective comme seul moyen de résister.

C’est pourquoi la question de la grève s’est posée « presque naturellement », et n’a généré ni précipitation, ni affolement dans la salle des profs. Bien au contraire, on aurait pu croire que les enseignants étaient préparés depuis longtemps, ce qui a créé un effet boule de neige chez les collègues !

La direction, voyant la multiplication des réunions et des assemblées générales, y compris de 7h45 à 8h avant les premières heures de cours avec les élèves, s’était inquiétée très tôt d’une mobilisation et avait tenté de faire pression sur les délégués syndicaux.

Elle n’avait cependant pas prévu la détermination des collègues avec un taux de grévistes de 75 % chez les enseignants titulaires, et une diffusion de tracts issus de l’assemblée générale des grévistes à la sortie du collège.

Dès le lendemain midi nous avons été reçus en délégation à l’inspection académique. La rapidité avec laquelle nous avons été reçus (dès le lendemain au lieu des quinze jours de délai habituels) nous a montré que malgré le flegme affiché par la direction, notre mobilisation était prise au sérieux.

Nous avons porté les mêmes revendications auprès de l’inspection académique le vendredi 19 février, que celles que nous avions portées en délégation à la direction le jour de la grève. Nous avons donc exigé : l’arrêt des chronométrages, le retrait des dossiers administratifs montés de toutes pièces contre nos collègues avec les faux témoignages d’élèves manipulés par l’administration.

Nous sommes conscients que les chefs d’établissement ont tout l’appareil institutionnel pour diffuser leur propagande, et mettre en place la contre-réforme du collège.

Aujourd’hui la préoccupation des collègues n’est pas de « renouer un dialogue pacifique » avec la direction autour d’un « diagnostic partagé » pour trouver « des solutions communes » comme cela nous a été répété lors de l’entretien. Il s’agit pour nous de rester mobilisés pour défendre nos statuts, nos conditions de travail et le respect du droit syndical.