Le prolétariat en première ligne. Édito Internationaliste 193

Manifestation à Calcutta contre le « Citizenship Amendment Act » le 16 décembre, dans le cadre d'une mobilisation inédite d'environ 250 millions de grévistes.

À l’échelle du monde, la bourgeoisie ne peut plus gouverner comme avant. Face aux contradictions de fer qui minent l’économie capitaliste et toute la société sous son contrôle, elle ne peut ni ne veut continuer sur la base de l’accumulation antérieure.

Pour sauver ce mode de production condamné, les capitalistes doivent se lancer dans une destruction encore plus massive des forces productives que toutes les destructions antérieures. Pour préparer le terrain, ils impulsent une remise en cause systématique de la moindre liberté démocratique et certains de ses secteurs envisagent de plus en plus ouvertement de violer leur propre légalité.

Pour le capital financier, les morts de la Covid‑19 ne pèsent pas lourd. Pas plus que les millions de morts de faim, de maladie, etc., qui tombent chaque année sous les coups redoublés de la « main invisible » du marché, version séculaire de la Providence.

Partout, la pandémie sert de prétexte à l’instauration ou à la perpétuation de mesures d’exceptions, état d’urgence ou état de siège. Partout la pandémie est mise en avant pour « justifier » les énormes restructurations qui coûtent des millions de chômeurs supplémentaires et des mesures en faveur des capitalistes qui coûtent un « pognon de dingue ».

Partout, les gouvernements instrumentalisent la crise sanitaire pour mettre en œuvre à marche forcée le catalogue des contre-réformes exigées par les capitalistes. Partout le chœur des pleureuses du capital se fait entendre : « aidez-nous ! » implorent-elles, menaçant de licencier encore plus. Partout, pourtant, la bourse se porte comme un charme, (voir l’annexe ) abreuvée sans discontinuer par les banques centrales.

Dans ce cadre, la moindre mobilisation se heurte à l’existence même du mode de production parasitaire alors qu’un pourcent des habitants de la planète possède autant que tous les autres. Or, il n’est pas un continent désormais qui ne soit touché par une mobilisation d’ampleur contestant dans les faits la domination du mode de production capitaliste.

À l’échelle du monde, la classe des prolétaires ne veut plus être gouvernée comme avant. La multiplication et l’aggravation des soubresauts de la crise du mode de production capitaliste qui dure depuis plus d’un siècle l’accable de maux de plus en plus nombreux et plus violents.

La conscience, certes minoritaire encore, monte dans la jeunesse que l’humanité est en danger parce que les capitalistes sont, par nature, incapables de renoncer à la moindre miette de leurs profits. Oui, le bourrage de crâne en faveur du « capitalisme vert » pourrait-bien faire long feu…

Ainsi en Inde, 250 millions de prolétaires ont cessé le travail au côté de la myriade des petits paysans pour contester les contre-réformes ultralibérales. C’est la plus vaste grève de l’histoire de l’humanité. Ceci malgré le poids du stalinisme dans le mouvement ouvrier qui se fait encore sentir là-bas.

L’un après l’autre, chaque pays est touché par des revendications liées aux salaires ou aux conditions de vie et de travail, à l’éducation et à la santé. Les révolutions démocratiques se multiplient également face à la remise en cause des libertés fondamentales.

Qui peut croire désormais que la Chine, la Corée, la Russie vont rester à l’écart de cette vague qui gagne la planète. Ne sommes-nous pas entrés dans une période révolutionnaire ?

Parmi les travailleurs, ouvriers et paysans, les jeunes, les femmes travailleuses, la défiance progresse tous les jours un peu plus vis-à-vis des directions bureaucratiques syndicales et politiques. Ces dernières qui ont tourné le dos aux ouvriers, partout dans le monde ou peu s’en faut, pratiquant ce qu’on appelle dans ce pays « le dialogue social » : la collaboration de classe.

C’est une défiance qui démontre, en « négatif » la nécessité d’une véritable direction révolutionnaire. Elle ne s’est pas – pas encore – transformée en force organisée et nombreux sont ceux qui cherchent à la capter pour la dévoyer, l’enliser, la trahir.

En France, en 2017, face au « choix » entre Macron et Le Pen, nous avions appelé à l’abstention active. Nous avions refusé de choisir entre la peste et le choléra car il en allait de l’indépendance de classe du prolétariat. La vie nous a donné raison. La réalité du pouvoir de Macron dans le cadre de la Vème République pourrissante en est la démonstration.

Oui mille fois ! La question de l’indépendance de classe du prolétariat est la question centrale, c’est la condition sine-qua-non de la victoire dans le combat qui s’est engagé. Le début de la révolution aux USA en a montré toute l’acuité.

Malgré les obstacles nombreux et les trahisons nombreuses aussi, le prolétariat est en première ligne contre le capitalisme. Il n’est pas une minorité opprimée parmi d’autres. Il est LA classe révolutionnaire dont la mission historique reste le renversement du capitalisme et l’édification d’une société sans classe et sans État, une société communiste !

La haine du « trumpisme » vis-à-vis du communisme est un révélateur de la peur qui saisit la bourgeoisie. Le communisme n’est plus un simple spectre qui hanterait le monde, c’est un programme, c’est une force qui doit s’organiser en un parti débarrassé de l’anarchisme, du réformisme et du stalinisme : la quatrième internationale reconstruite. Rejoignez-nous !


Annexe  :

Selon le magazine « Mieux vivre votre argent » du 21/12/2020 : « Les liquidités abondent, les garanties d’État et plans de chômage partiel protègent des entreprises paralysées dans un contexte de recul de la croissance. Tant et si bien qu’à la « fin septembre, la plupart des pays, sauf le Royaume-Uni, étaient revenus à un niveau de croissance de 95% de leur niveau d’avant-crise », souligne Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la recherche marchés de Lyxor Asset Management. Mais en octobre, c’est le coup de grâce : la deuxième vague des contaminations contraint l’Europe à rétablir des restrictions qui freinent à nouveau la mobilité et donc la croissance. Résultat, l’indice Euro Stoxx, regroupant les grandes capitalisations européennes, perd environ 7% en octobre, pour regagner 22% en novembre. Soit la meilleure performance mensuelle de l’histoire boursière en 30 ans. »