Élections régionales et départementales 2021 : Abstention et mobilisation !

Déclaration du MCI

Paris le 3 juin 2021

Les 20 et 27 juin prochain, les électeurs sont appelés aux urnes dans le cadre des élections régionales et départementales. Le scrutin et la campagne électorale s’inscrivent dans un contexte d’approfondissement inouï de la crise des institutions de la Ve République et des partis institutionnels, accélérée par la pandémie de Covid-19.

Ces élections sont aussi encadrées par une nouvelle poussée de la lutte des classes, avec une multiplication des grèves et mobilisations sociales qui se heurtent au refus des directions bureaucratiques d’unifier et de centraliser ces mobilisations. Face à un tel scénario la question est de savoir quelle attitude adopter pour les travailleurs, les jeunes et les militants révolutionnaires.

La crise des institutions et les régions

Comme nous l’avons déjà mentionné, ce gouvernement est archi-minoritaire et illégitime et il n’est arrivé au pouvoir et s’y maintient que grâce à la nature anti-démocratique et semi-bonapartiste de la Ve République. Il est pourtant massivement rejeté par les travailleurs et les jeunes.

Cela n’empêche pas le gouvernement de poursuivre son entreprise de démolition systématique des libertés démocratiques, des services publics et des droits et acquis des travailleurs, notamment en s’appuyant sur un renforcement des fonctions régaliennes de l’État : répression, privation de liberté, censure etc. On peut même dire que le gouvernement cherche réellement à fracturer les travailleurs sur toutes les mesures qu’il prend.

Il faut donc rappeler que les élections des 20 et 27 juin consistent à élire des conseillers régionaux et départementaux qui ont pour fonction de mettre en place les politiques de privatisation rendues possibles par le triptyque Union européenne, décentralisation, mise en place des régions.

En France, les diverses lois de décentralisation depuis 1982 ont permis le désengagement financier de l’État, dans des services publics mis en concurrence notamment dans le domaine des transports, de l’éducation et de la santé. De plus, les directives européennes utilisent les régions comme un maillon essentiel de la mise en place de la « concurrence libre et non faussée ».

En effet, rappelons que la très chrétienne Union Européenne, s’appuie sur le très chrétien principe de subsidiarité pour justifier le transfert des compétences des États à l’échelon régional, tout cela pour détruire tout ce que les travailleurs ont pu arracher au capital.

Dans le cadre de la pandémie le résultat de ces politiques a été révélé de manière particulièrement cruelle : dans le domaine de la santé, les Agences Régionales de la Santé (ARS) portent une très lourde responsabilité dans la gestion criminelle de la pandémie, car ce sont ces mêmes agences qui ont fermé des dizaines de milliers de lits hospitaliers, des centaines de services et qui ont favorisé les cliniques privées au détriment des hôpitaux publics.

De plus, on a vu s’appliquer concrètement ce que nous dénonçons depuis des dizaines d’années, à savoir que la régionalisation débouche sur l’inégalité entre les régions pauvres et les régions riches et cela indépendamment de la couleur politique du président de région.

Toute politique « sociale » dans le cadre des régions est donc impossible et vouée à l’échec. Prétendre que l’on peut améliorer le sort des travailleurs dans le cadre des régions et des départements, c’est donc mentir aux travailleurs et aux jeunes. Tout au mieux, est-il possible de gérer la pénurie capitaliste.

La crise des partis

L’autre aspect central de la signification de ces élections est qu’elles révèlent l’accélération de la crise profonde des partis institutionnels de l’extrême-droite à l’extrême-gauche. Au moins peut-on reconnaître aux organisations d’être d’accord sur un point : ces élections sont une répétition pour l’élection présidentielle de 2022.

Cela revient à sauvegarder coûte que coûte les institutions pourrissantes de la Ve République, et à boucher tout issue politique qui permettrait la satisfaction des justes aspirations démocratiques et sociales des travailleurs et des jeunes.

Que cela vienne des partis de gouvernement (PS, LREM, LR etc) n’a rien d’étonnant. Pour eux, il faut sauver le capitalisme, l’impérialisme et ses institutions. Ils ont beau jeu d’affirmer que le RN est le problème et le danger, quand en réalité sur beaucoup de points, ils mènent déjà des pans entier de sa politique : anti-ouvrière, anti-démocratique, raciste, etc.

D’autant que Macron, LREM et le RN cherchent à ramener, à restreindre tout débat au « choix » entre Macron et Le Pen !

Ce à quoi l’on assiste actuellement, c’est à une réelle radicalisation de la bourgeoisie et de sa représentation politique, mais également à une crise terrible de cette même représentation politique. La valse des étiquettes ne dit pas autre chose.

Les partis de la « gauche » du spectre politique, qui prétendent représenter les intérêts des jeunes et des travailleurs, n’échappent pas à cette crise. Et au fur et à mesure que leur crise s’approfondit, ils se lancent dans une course effrénée à l’opportunisme politique.

On peut d’ailleurs se demander quel est le sens des candidatures, à géométrie variable, des organisations LFI, NPA, LO, PCF… Sur quelles bases programmatiques se sont-ils alliés ? Dans certaines régions, il y a des alliances avec des partis bourgeois tels que le PS ou EELV, dans quel but ? Dans les Pays de la Loire, il y a même un accord avec l’ex-macroniste Matthieu Orphelin !!!

Rendons néanmoins justice à ses organisations : LFI et le NPA, notamment, n’ont jamais prétendu rompre avec le capitalisme et se battre pour la collectivisation des moyens de productions et d’échange. Ils se sont toujours présentés comme des organisations électoralistes, au nom du principe de la « démocratie jusqu’au bout »… sans remettre en cause le capitalisme.

Il faut tout même mentionner que ces organisations ne se placent même pas sur un terrain de « réformisme conséquent » (au sens historique du terme, c’est-à-dire, le courant politique qui prétendait se placer dans la perspective du dépassement du capitalisme par le biais de réformes progressives, tout en respectant le jeu parlementaire).

Dans le cadre de ces élections, ils poussent la logique du crétinisme parlementaire et de l’opportunisme politique à son maximum. Tout ça pour obtenir quelques postes. C’est réellement la course à la gamelle pour les quelques élus potentiels.

Que dire aussi de ces élus PCF qui se représentent en effaçant, en reniant, toute affiliation au PCF, parfois même sur des listes spécifiques opposées à celles soutenues par leur parti d’origine ?

Les travailleurs et les jeunes ne sont d’ailleurs pas dupes : car une fois encore l’abstention consciente politiquement sera massive. En effet, il y a réel désintérêt pour ces scrutins.

S’appuyer sur les grèves et les mobilisations

Le fait primordial qui encadre ces élections, c’est que l’on assiste actuellement à une nouvelle montée de la lutte des classes. Le puissant mouvement de la classe ouvrière et de la jeunesse qui s’est mis en place en 2018, 2019 (Gilets Jaunes, mouvement contre la réforme des retraites) a été momentanément interrompu par l’État d’urgence sanitaire.

Depuis quelques mois, on assiste à nouveau à une multiplication des grèves et des mobilisations, aussi bien sur le terrain social et économique que sur le terrain politique. Ceci est d’autant plus remarquable que les directions syndicales et politique travaillent à boucher toute perspective de mobilisation unie des travailleurs et des jeunes.

Dans les dernières semaines les grèves se sont multipliées dans les transports, dans les services publics, dans la santé, dans l’industrie pour s’opposer aux attaques mises en place par le gouvernement et ses alliés. Sur le plan politique, les mobilisations s’amplifient aussi contre les violences policières ou à l’occasion de l’agression sioniste contre la Palestine. Les travailleurs et les jeunes étaient très nombreux à défiler dans les rues

Aussi, la position du MCI par rapport à ces élections et à la situation politique actuelle est sans ambiguïté : les travailleurs et les jeunes n’ont rien à gagner dans ces élections et nous appelons à l’abstention active. Nous ne faisons pas pour autant de cette position un point de division avec les travailleurs qui pourraient penser que, tactiquement, il y a quelque chose à gagner dans ce scrutin, ou que l’on peut éviter le « pire ». Ce qui est clair, en tout cas, c’est que la voix d’un travailleur ne peut pas aller à un parti bourgeois.

En dernier recours, notre classe doit s’appuyer sur les mobilisations en cours et à venir, ne pas attendre 2022 pour défaire Macron sur le terrain électoral, mais le défaire dans les luttes en travaillant tous ensemble à la mobilisation et à la centralisation des luttes des travailleurs et des jeunes.

C’est par ce moyen qu’on peut œuvrer à ouvrir la perspective politique qui manque tant aux travailleurs, militants et jeunes.

Toutes les conditions sont réunies pour aller vers la grève générale, aussi faut-il la construire, centraliser les mobilisations.

Cela ouvrirait la possibilité à un gouvernement par et pour les travailleurs, issu des mobilisations. C’est cela la vraie alternative à Macron et sa politique.