Justice pour le peuple libanais ! À bas le régime des voyous !

Beyrouth, le 4 août 2021

Déclaration du MCI, Paris, le 04 août

Pour commencer, rappelons que dès le 20 octobre 2020, 2 millions de personnes avaient manifesté, dans un pays comptant 6 millions d’habitants, contre le gouvernement qui voulait taxer les appels sur une messagerie très populaire auprès des Libanais.

En réalité, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, dans un pays où, à ce moment-là, un quart de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Depuis, la misère touche officiellement un libanais sur deux et elle ne cesse de monter.

Dans les mois qui suivirent, des milliers de Libanais manifestaient pour réclamer le départ de la classe politique, accusée d’avoir mené le pays à la faillite par la corruption et le clientélisme.

La population, les jeunes en particulier, exigeait la démission de l’ensemble du gouvernement et la fin du « partage confessionnel ». En effet, dans ce pays, les postes à responsabilité sont attribués en fonction de sa religion.

C’est alors que, le 4 août 2020, une explosion meurtrière sur le port de Beyrouth faisait 218 morts et plus de 6500 blessés, défigurait la ville et approfondissait la crise politique et économique du pays.

Qu’est-ce qui a provoqué cette explosion ? Pourquoi le nitrate d’ammonium a-t-il été comme oublié au port, malgré les dangers ? Qui, parmi les décideurs politiques et les responsables sécuritaires, était au courant ? Un an après les faits, ces questions restent sans réponse et aucun responsable n’a été traduit en justice.

« Ils essaient tout simplement d’échapper à la justice » a dénoncé l’avocat Youssef Lahoud, qui représente plus de 1000 victimes de l’explosion. Ibrahim Hoteit, un porte-parole de familles de victimes a déclaré « en avoir assez des manifestations pacifiques », affirmant que les familles de victimes sont prêtes à « briser des os ».

Voilà pourquoi, ce 4 août 2021, le peuple libanais déterminé à obtenir justice a manifesté massivement contre le gouvernement. Dans les cortèges, on pouvait entendre des slogans phares du mouvement de contestation d’octobre 2019 : « Révolution, révolution » et « À bas le régime des voyous ».

Ainsi les manifestants se sont dirigés vers le parlement où des affrontements avec la police ont eu lieu, faisant des dizaines de blessés, selon la Croix-Rouge libanaise.

Précisons ici que le Liban traverse le premier défaut de paiement de son histoire. Ainsi, le premier ministre Hassan Diab annonçait, le samedi 7 mars 2020, que le pays ne serait pas en mesure de rembourser 1,2 milliard de dollars (1 milliard d’euros) de sa dette. Et ce, alors qu’il croule sous un endettement de 92 milliards de dollars (81 milliards d’euros) – soit environ 170 % de son produit intérieur brut (PIB).

« Nos réserves en devises ont atteint un niveau inquiétant (…), poussant le gouvernement à suspendre [le paiement d’une dette arrivant] à échéance le 9 mars », avait déclaré M. Diab dans un discours. « Il s’agit du seul moyen pour stopper l’hémorragie (…) avec le lancement d’un vaste plan de réformes nécessaires », dont une « baisse des dépenses publiques », ajoutait le premier ministre.

C’est pourquoi, en proie à une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de sa monnaie et une paupérisation inédite, le peuple libanais vivait déjà ces dernières semaines au rythme de graves pénuries, notamment de médicaments et de carburant. En pleine épidémie de la covid-19, ces pénuries avaient provoqué de nouvelles manifestations.

Soyons clair, c’est la peur d’une révolution sociale et démocratique du peuple Libanais, qui pourrait faire tache d’huile dans la région, qui poussent les impérialismes à intervenir. Paris et Washington ont ainsi promis chacun 100 millions d’euros d’aide… Question : si le régime corrompu et inique se maintient à qui profiteront ces millions ? Poser la question, c’est y répondre !

Vive la révolution libanaise !

Pour un gouvernement par et pour les travailleurs, pour la souveraineté du peuple libanais :

À bas le régime des voyous !

Annulation pure et simple de la dette !

Élection d’une assemblée constituante souveraine sur la base d’une femme, un homme, une voix !