Pour stopper Blanquer, construisons la grève générale de l’éducation !

Déclaration des enseignants du MCI
Paris, le 19/11/12
De nombreuses mobilisations depuis la rentrée
Les deux premiers mois de l’année scolaire ont été marqués par de nombreuses mobilisations dans des établissements scolaires. Cette réalité concerne aussi bien les écoles maternelles et élémentaires, que les collèges et les lycées.
L’ensemble des personnels de l’Éducation nationale se mobilise contre le manque de postes, le manque de moyens, les effectifs surchargés, les fermetures de classe et d’options, les heures supplémentaires imposées, ou même pour dénoncer les agressions contre des collègues.
Pour prendre la mesure de l’ampleur de ce phénomène, il suffit de citer quelques exemples, parmi des centaines de conflits, alors même que dans de nombreux cas, les actions ne sont pas relayées par la presse ou sur les réseaux sociaux.
Début septembre, des dizaines d’écoles et de collèges à Nîmes et Montpellier ont connu des arrêts de travail pour dénoncer le manque d’enseignants, de CPE et d’AED, d’AESH, d’infirmiers scolaires.
Le 23 septembre, les enseignants du lycée Martin Malvy, récemment inauguré à Cazères en Haute-Garonne, étaient en grève pour dénoncer les postes non pourvus.
À Champigny-sur-Marne ( Val-de-Marne) les personnels du collège Lucie Aubrac étaient en grève dès le 13 septembre. Deux postes d’enseignants étaient non pourvus, en français et en SVT, et le poste de CPE stagiaire était supprimé. Ce jour-là, 53 % des enseignants ont débrayé, ainsi que 100 % de la Vie Scolaire.
Le lundi 4 octobre, au collège de Cajarc dans le Lot, l’équipe éducative a cessé le travail pour dénoncer le manque de moyens matériels et humains, à l’occasion de la venue du recteur d’académie qui venait remettre un prix dans l’établissement.
Le 18 octobre, 90 % des enseignants du lycée professionnel de Vénissieux étaient en grève pour dénoncer la hausse de la violence dans l’établissement et l’absence de réponse de la part des services académiques.
Le 18 novembre, les enseignants du lycée des métiers du bois de Revel (Haute-Garonne) ont poursuivi leur mouvement de grève entamé une semaine plus tôt, suite à un accident dont a été victime un stagiaire du Greta. D’après les grévistes, cet accident est imputable au fait que la maintenance n’a pas été effectuée sur une machine car le poste chargé de cette maintenance n’est pas pourvu.
Mentionnons aussi que des mouvements concernant certaines des catégories les plus précarisées, notamment les AED et AESH, ont eu une ampleur nationale et ont été soutenues localement par les enseignants.
Les modalités d’action sont multiples : cela peut consister en des débrayages, des grèves, l’exercice du droit de retrait, des rassemblements, des sit-in ou même s’exprimer de manière moins visible.
Ainsi, dans certains établissements, il n’y a pas eu de liste de personnel ou de parents aux élections du CA. Cet élément est particulièrement significatif et son ampleur inédite. Au niveau local, il commence à y avoir un refus de plus en plus conscient et explicite d’être associé aux instances qui doivent mettre en place les contre-réformes et gérer la pénurie.
Cette défiance s’est également exprimée lors des journées banalisées pour discuter des Plans locaux d’évaluation (dernière étape de la destruction du bac national et de mise en concurrence des établissements).
Dans certains établissements, ces journées organisées par les directions ont été massivement boycottées. Et même dans certains cas des enseignants ont interpellé les inspecteurs sur cette contre-réforme.
Les personnels mobilisés rejettent la politique de Blanquer
Si, en apparence, ces mouvements ont une expression locale, en réalité, les personnels de l’Education nationale se mobilisent contre les conséquences concrètes des lois et décrets prises par le ministère Blanquer depuis 2017. En effet, depuis sa prise de fonction, ce ministre a approfondi les politiques de destruction de l’enseignement public, mises en place par les gouvernements précédents.
Ces politiques ont des objectifs clairs : répondre aux exigences de l’OCDE, du patronat et faire des économies. Depuis 2017, Blanquer et ses équipes se sont appliqués à détruire le caractère national des diplômes, en particulier en dynamitant le baccalauréat.
Dans l’enseignement secondaire, 7 500 postes ont été supprimés. Dans le même temps, les effectifs ont crû de 65 000 élèves. Pour garder un taux d’encadrement identique à ce qu’il était en 2017, il aurait fallu créer 7 500 postes. C’est-à-dire que le déficit réel est de 15 000 postes dans le secondaire (-7500 rien que pour le secondaire).
Rien qu’en 2021, 1800 postes on été supprimés dans l’enseignement secondaire, ces suppressions de poste devant être, selon le ministère compensées par des heures supplémentaires – désormais obligatoires à hauteur de 2 heures par semaine – et un recours accru aux contractuels.
A cela, il faut ajouter les postes non pourvus aux concours de recrutement et les démissions. En 2014, il y avait 400 démissions par an. Depuis cette date ce chiffre n’a cessé de monter.
Il a dépassé 1500 en 2018. En 2021, ce chiffre se situe à 1650. Cela constitue une augmentation de 300 % en 7 ans ! C’est un phénomène qui dépasse largement le cas des stagiaires et des jeunes enseignants.
Sur le terrain, cela se traduit par des fermetures de classes dans les établissements et la suppression de certaines options, et donc par une dégradation des conditions de travail pour les personnels et un creusement des inégalités entre les élèves.
De plus, Blanquer, en lieu avec le ministère de la fonction publique a également attaqué le statut des enseignants. Cela a été rendu possible par la loi Dussopt de 2019. Blanquer continue à remettre en cause le statut par différents biais, en détruisant les concours du recrutement, en ayant un recours accru aux contractuels et en individualisant encore davantage les carrières des agents.
Enfin, le salaire des enseignants reste un des plus bas de l’OCDE, loin derrière ceux de pays comme l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas par exemple.
Malgré les mensonges régulièrement répétés par le ministre, le rejet des réformes Blanquer et du gouvernement dans le domaine de l’éducation est donc très profond parmi les personnels de l’éducation. Mais le caractère local des mobilisations doit nous faire réfléchir.
Construire la grève générale de l’éducation
L’enjeu de la période actuelle, c’est bien de partir à l’offensive pour stopper Blanquer dans son entreprise de destruction de l’Education nationale. Disons-le d’emblée, il n’y a rien de positif à attendre de l’élection présidentielle.
Le cirque électoral pour « faire barrage » à l’extrême-droite arrive en fin de course. Comme dans les autres secteurs de la population, l’abstention active sera importante parmi les enseignants. Tout ce que nous obtiendrons, ce sera par la mobilisation.
Il faut briser l’isolement dans lequel le ministère veut nous enfermer. Blanquer veut empêcher tout mouvement national d’ampleur contre sa politique. Il s’agit donc, pour lui, d’obliger les agents à discuter catégorie par catégorie, établissement par établissement, discipline par discipline, collègue par collègue.
C’est ce que l’on voit en particulier dans les réunions visant à élaborer les Projets locaux d’évaluation au niveau des lycées. Chaque établissement doit avoir son PLE, chaque discipline ses modalités etc. En fin de compte, le ministre veut jouer tout le monde contre tout le monde, atomiser la profession, pour avancer dans sa logique de privatisation de l’enseignement.
En cela ,il peut compter sur les directions syndicales. Ces dernières n’organisent aucune mobilisation sérieuse contre les réformes d’un gouvernement minoritaire et rejeté.
Elles répètent à l’envi que les collègues ne veulent pas se mobiliser, qu’il faut attendre les remontées du terrain etc. Dans le même temps, elles sont reçues au ministère ou dans les différentes instances, mais avec quel mandat ? Pour discuter ou négocier quoi ? Nos conditions de travail, et les conditions d’apprentissage de nos élèves ne cessent de se dégrader !
Or c’est précisément, le rôle des militants et des organisations syndicales d’informer, de convaincre, d’impulser, de construire, de centraliser les mobilisations.
Blanquer et ses contre-réformes sont détestés et rejetés. Les mobilisations existent et elles sont nombreuses. Appuyons-nous sur cette réalité pour construire la grève générale et nous battre pour une enseignement public, laïque et gratuit de la maternelle à l’université. Exigeons :