Présidentielles 2022 : Il faut en finir  avec le régime capitaliste de la Vème République, BOYCOTT ! Édito Internationaliste 198

20 novembre, Paris, manifestation contre les violences sexistes et sexuelles.

Les travailleurs et les jeunes ne sont pas dupes.

Les travailleurs et les jeunes ne sont pas dupes. Le discours du gouvernement sur la croissance et sur l’emploi sonne faux. Quotidiennement le constat s’impose : les chiffres du chômage sont truqués, les offres d’emplois des sociétés parasites sur le « marché » du placement qui gravitent autour de Pôle emploi, les soi-disant emplois qui peinent à trouver preneur, sont en grande partie des offres bidons.

Le MEDEF et le gouvernement à son service sont lancés dans une vaste opération de propagande pour faire admettre à ceux qui en sont victimes le bien-fondé de la contre-réforme de l’assurance chômage et ses effets désastreux. Les mêmes nous expliquent doctement que le chômage ayant, soi-disant reculé, cela expliquerait le retour de l’inflation tant redoutée.

Avec 3,3 millions de chômeurs dans la seule catégorie A¹, le moins que l’on puisse dire, c’est que le plein emploi est encore loin. Avec 4,143 millions au deuxième trimestre 2020 on était, certes à 843 mille au-dessus.

Mais il ne faut pas oublier qu’au quatrième trimestre de 2019 le nombre des chômeurs de catégorie A était déjà de 3,334 millions. Question : où est le recul du chômage depuis la fin 2019, avant Covid-19 ? Où sont les escrocs ? Au MEDEF, au gouvernement.

Ceux qui nous ont expliqué pendant des décennies que pour « vaincre l’inflation », il fallait bloquer les salaires et, surtout, empêcher le taux de chômage de passer en dessous de 5 % peinent. Ils peinent en réalité, à trouver une explication à cette envolée des prix, conforme à leurs dogmes et « présentable » aux travailleurs.

Car les salaires ne progressent pas et de nombreuses branches professionnelles ont des minima sous le SMIC, sans compter le temps partiel contraint. Les engagements et chartes patronales sur l’égalité salariale n’ont aucun impact dans des entreprises où règne l’individualisation et la fixation des salaires « au profil », à la tête du client.

On mesure les dégâts de l’idéologie nocive impulsée par l’OCDE qui prône les « compétences » contre les diplômes. À travail égal, les femmes sont toujours payées 16 % (officiellement !) de moins que les hommes, voilà la vérité.

À l’inflation généralisée, les mêmes commentateurs trouvent toujours les mêmes coupables, les travailleurs et, dogmatiquement, l’État « providence » toujours trop dispendieux en protection sociale, mais jamais assez généreux en soutien aux capitalistes.

Ils exigent que le catalogue des contre-réformes du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OMC, de l’OCDE et de la Commission Européenne soit appliqué intégralement et rapidement.

Certes, la géopolitique est également invoquée, en l’occurrence les rodomontades des présidents russe ou chinois, c’est pratique, ça permet de faire diversion sur l’essentiel. Mais cela est aussi un révélateur de l’accroissement des tensions inter-impérialistes.

Cependant, l’argument massue qui nous est asséné quotidiennement est la « demande » en hausse rapide qui justifierait l’envolée des prix.

Accrochons-nous : mi-2021, le retour au niveau d’activité économique de fin 2019 s’accompagnerait d’une incapacité des producteurs de matières premières à fournir, en 2021, l’équivalent de ce qu’ils fournissaient en 2019 ?!

Ce serait bien, selon les économistes standards et les médias de bourrage de crânes, l’explication de l’envolée actuelle des prix de l’énergie et de l’alimentation !

Une crise financière qui couvait depuis des mois

En définitive, il se peut bien que messieurs Poutine et Xi Jinping aient leur part de responsabilité, mais il ne faut pas oublier les banques centrales, toutes les banques centrales et les marchés financiers, les capitalistes, les bourgeois.

Ainsi, le déclenchement de la crise sanitaire, début 2020, a masqué une crise financière qui couvait depuis des mois. Immédiatement et discrètement, vu la saturation des médias avec la crise sanitaire, les banques centrales sont intervenues massivement, non pour « soutenir l’économie » comme on nous l’explique régulièrement, mais pour soutenir les marchés financiers et les cours de la bourse.

Ces derniers ont donc retrouvé leur niveau de début 2020 dès octobre de la même année avec une économie partout en récession. Cependant, l’éclatement de la bulle de l’immobilier en Chine continue à produire ses effets dévastateurs et les spéculateurs sont partis à la recherche d’une autre proie.

Aujourd’hui, la plupart des « places financières » battent des records, dont Paris où le « CAC 40 » a atteint un niveau « historique ». Ce qui ne présage rien de bon pour les travailleurs.

Ce déversement d’un « pognon de dingue » sur les marchés financiers, qui dure depuis fin 2007², provoque une inflation généralisée, car tout est matière à spéculation sur les marchés à termes pour faire monter les prix : les conteneurs maritimes ont été réservés massivement, remplis de marchandises et maintenant les cargos attendent pour appareiller, ou accoster, que les prix soient au « bon niveau ».

Carton, papier, blé, riz, métaux, terres rares, composants électroniques, vins, œuvres d’art, etc. tout est matière à spéculation, tout.

D’autant que les évolutions climatiques provoquent des bouleversements dans la production agricole : mauvaises récoltes de blé, de riz ; vignes ravagées par la grêle, les problèmes s’accumulent.

Mais ce serait faire peu de cas des contraintes que les financiers font peser sur les agriculteurs : la production de soja atteint des sommets de même que celle du maïs. Le soja pour nourrir le bétail et le maïs pour faire du bio-éthanol, du carburant, ou produire des cartons et plastiques bio…

Il y a longtemps que les agriculteurs ne sont plus libres de leurs choix : la bourse décide, le gouvernement et le Crédit agricole mettent en œuvre ses décisions avec la complicité de la FNSEA, les agriculteurs subissent et les travailleurs paient.

Pour le gaz et le pétrole par contre, il suffit de tourner le robinet pour faire monter ou descendre les prix. Souvenons-nous, à ce sujet, qu’en pleine mobilisation des « gilets jaunes » un représentant de l’Union française des industries pétrolières (UFIP) était venu expliquer sur France télévision que son « industrie » avait besoin d’un baril à 80 dollars. Ceci pour « boucler son budget », budget dont il n’avait livré aucun détail.

Il faut souligner qu’au moment où ces lignes sont écrites le baril de Brent, qui sert de référence, est à 83,38 dollars. De quoi faire des heureux, pas seulement au Kremlin ou dans la Cité interdite, mais aussi dans les tours de la Défense. Exagérons-nous ?

Non, car la question des taxes revient toujours au premier plan et il suffirait donc de les réduire pour régler le problème ? Sauf que les taxes n’expliquent pas les différences faramineuses à la pompe selon qu’on fait le plein le même jour dans un supermarché ou à quelques kilomètres de là sur une autoroute…

Élie Domota Secrétaire Général de l’UGTG ( Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe).

Tout est matière à spéculation, tout.

On pourrait faire la même démonstration avec le gaz ou l’électricité vu le fonctionnement du « marché européen » qui fonctionne de façon à faire toujours plus monter les prix. Ceci, car il faut en plus engraisser les courtiers en énergie et autres intermédiaires et « producteurs » opportunistes qui ont proliféré avec « l’ouverture à la concurrence ».

Quant à parler, comme Macron et bien d’autres, avec des trémolos patriotiques dans la voix, « d’indépendance énergétique » « grâce » au nucléaire, c’est oublier rapidement où est extrait le minerai d’uranium : Niger, Canada, Australie, Kazakhstan, Namibie, Russie, Ouzbékistan…

C’est surtout éluder une question essentielle : depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, depuis Hiroshima et Nagasaki, les choix dans le domaine du nucléaire ont toujours été faits en fonction de deux intérêts bien pensés qui s’appuient l’un-l’autre : l’armée et la finance.

Au nom de cette soi-disant « indépendance énergétique », le gouvernement s’apprête tout simplement à se lancer dans une nouvelle phase de construction de réacteurs nucléaires, non seulement pour remplacer ceux qui sont en fin de vie, mais pour accroître encore leur nombre.

À ceux qui invoquent « les générations futures », quand il s’agit de démolir les retraites par répartition, nous pouvons demander par quel miracle ils ne laisseront pas aux « générations futures » la gestion de déchets radioactifs en volume croissant.

Bien entendu, l’impact de la privatisation sur les tarifs du gaz et de l’électricité est éludée. Car la légende qui veut que la privatisation provoque la baisse des tarifs est battue en brèche. Le démantèlement des monopoles publics conduit toujours, à terme, à la constitution d’un monopole privé et le monopole privé est d’une rapacité sans limites, voilà la vérité.

En fait, tout augmente. Pourtant, à aucun moment la presse ne désigne le véritable coupable : la spéculation, le capitalisme.

Et pour cause, la quasi-totalité des médias sont entre les mains de patrons de presse dont le portefeuille est placé très, très à droite. L’économiquement correct règne, le dénigrement des opposants même les plus timides à l’idéologie dominante est la règle.

Aussi, qui va exiger l’abolition du secret des affaires face au scandale de l’industrie pharmaceutique ? Qui va exiger l’abolition de la diplomatie secrète pour étaler au grand jour ce qui se tracte dans le dos des travailleurs et des peuples opprimés ?

Qui va exiger la nationalisation, sans indemnisation, sous contrôle ouvrier des banques, assurances et entreprises du monde de la finance ?

Qui, enfin, va exiger le rétablissement de l’échelle mobile des salaires, avec clause de rattrapage automatique, pour assurer aux travailleurs qu’en aucun cas leur salaire ne progressera moins vite que les prix ? Ce serait le moindre des choses de la part d’organisations syndicales qui prétendent représenter les travailleurs !

Oui, les travailleurs, surtout les plus jeunes et les plus vieux s’appauvrissent. Les plus riches s’enrichissent, pas seulement en revenus (des dividendes en hausse vertigineuse), mais aussi et surtout en patrimoine (les cours de bourses qui battent des record).

Les étudiants sont plongés dans la précarité, les enfants d’employés et d’ouvriers sont ainsi poussés plus nombreux hors des bancs de l’université. Pour le gouvernement, il n’y a qu’une solution : le prêt étudiant. Qui, comme par un tour de passe-passe ne laissera pas de dettes aux générations futures…

E. Macron compte bien imposer sa propre réélection et la transformer en plébiscite

Lors de sa dernière allocution, le monarque élu s’est lancé comme à son habitude dans une opération pour circonvenir les travailleurs et les jeunes.

Ainsi, on l’a vu, sur le nucléaire, mais aussi en faisant mine d’abandonner la contre-réforme des retraites, qui vise dans le fond à faire les choux gras des fonds de pension par capitalisation, pour mieux l’imposer… en 2022 ?

Car E. Macron compte bien imposer sa propre réélection et la transformer en plébiscite de son programme de 2017, aggravé ! C’est pourquoi on ne le répétera jamais assez. Ce gouvernement est minoritaire, les conditions de son élection à l’issue d’un chantage politique ont miné dès le départ sa légitimité.

C’est un fait qu’il faut regarder en face ! Les travailleurs n’oublient pas ce qui s’est passé avec le « non » au référendum constitutionnel européen en 2005, réduit à néant par le tour de passe-passe de Sarkozy en 2007. N’oublions jamais aussi que grâce au « front républicain » en 2017 Macron a extorqué un vote présenté comme favorable à son catalogue de contre-réformes.

N’oublions jamais que l’ex-maire de Lyon, devenu ministre de l’Intérieur, avait eu le culot effarant de revendiquer au soir du second tour de l’élection présidentielle de 2017 le résultat de cette escroquerie politique : 65 % des suffrages exprimés « en faveur » de Macron !?

Combien ayant voté « contre le Pen » devant un chantage avaient-ils découvert avoir voté pour Macron, comptabilisés comme approuvant le programme de ce dernier ! Quel scandale !

Grève Générale en Martinique. 22 novembre 2021

Ce gouvernement est minoritaire et illégitime, pourtant, il a attaqué sans relâche les travailleurs et la jeunesse. Il a attaqué la sécurité sociale, la protection sociale, les services publics à commencer par l’éducation et la santé, « marchés du XXIème siècle » selon l’OCDE et l’OMC. Il organise la privatisation de tout ce qui peut être privatisé.

Après avoir désorganisé la réponse à la pandémie de Covid-19 pour donner la priorité « aux entreprises », « au marché » à « la numérisation » au dynamitage de la législation du travail, aux fermetures de lits et d’hôpitaux etc., le gouvernement cherche à inverser la responsabilité de la vaccination.

Il cherche à faire porter la responsabilité du retard d’une vraie réponse sanitaire sur les travailleurs avec un chantage à l’invalidation du « pass sanitaire ».

Retour en arrière : début de la vaccination des moins de 65 ans le 16 avril (pour les plus chanceux), deux injections au plus tôt le 16 juin. Ajoutons six mois, nous sommes le 16 décembre pour une troisième injection.

Donc, les 50-65 ans ne peuvent pas avoir de rappel vaccinal avant cette date, pourtant, « légalement » ce sera possible « début décembre » (dixit le site d’information gouvernemental).

Rappelons également que de mi-juin à mi-juillet, la variant delta étant déjà installé, le gouvernement a perdu un mois avant de se décider à permettre la seconde injection sur le lieu de vacances éventuel ! Ainsi, dans la réalité, il a poussé la majorité de la population à, soit ne pas partir en vacances après l’année anxiogène 2020, soit reporter sa vaccination… en septembre, au retour des vacances scolaires.

Pour nier sa responsabilité dans le fiasco annoncé, avec son calendrier vaccinal « made by USA », le gouvernement a mis en place le « pass sanitaire ».

Ceci pour contraindre la population à se faire vacciner en catastrophe et, pour ceux qui ne le feraient pas, ou pas assez vite, il faudrait qu’ils endossent la responsabilité d’une 5ème vague ? Pour dédouaner le gouvernement ?

Ce gouvernement, sous la direction d’É. Macron, ne manque pas une occasion de s’en prendre aux libertés démocratiques à commencer par la laïcité de l’école et de l’État. Mais aussi l’état d’urgence sanitaire a été utilisé systématiquement pour faire reculer le droit de manifester, de se réunir, de s’organiser.

L’État d’urgence sanitaire est venu s’ajouter à l’arsenal répressif en vigueur.

Depuis 30 ans, des dizaines de lois et de décrets ont été promulgués au nom de la lutte contre l’insécurité, le terrorisme, la récidive, etc. Le plan « vigipirate » est en vigueur depuis 1995 ! L’État d’urgence est constitutionnalisé depuis 2016. L’État d’urgence sanitaire est « simplement » venu s’ajouter, naturellement du point de vue de la Vème République ; il est venu s’ajouter à l’arsenal répressif en vigueur.

Car il est indispensable à un tel gouvernement que les travailleurs et les jeunes renoncent. Renoncent à manifester, à se réunir, à s’organiser, à défendre leurs droits et leurs revendications. Qu’ils renoncent, sinon, la trique sera la réponse du gouvernement.

Oui, aujourd’hui la bourgeoisie travaille à une solution bonapartiste, mais elle n’exclut pas le recours ultérieur au fascisme. La stratégie de la tension mise en œuvre sans discontinuer depuis N. Sarkozy consiste à recourir à la force, à la provocation, à la répression de façon systématique, à engendrer une escalade qui justifierait, pour la bourgeoisie, l’écrasement de la classe ouvrière.

Car, pour imposer les exigences des capitalistes, le gouvernement à leur service ne peut plus se permettre le luxe des libertés démocratiques. Il cherche en permanence à limiter le champ du débat politique au « choix » entre la droite, dont il fait partie et l’extrême droite dont il assure la promotion après que N. Sarkozy a légitimé ses thèmes favoris.

On ne peut pas combattre le capitalisme en renonçant à retirer les moyens de production et d’échange des mains de la bourgeoisie. On ne peut pas combattre le capitalisme en renonçant à prendre le pouvoir.

On ne peut pas combattre le capitalisme en s’adaptant au cadre institutionnel de la Vème République, en respectant ses limites, son carcan. On ne peut pas combattre le capitalisme en refusant d’avancer vers le socialisme authentique.

Le boycott, une mesure urgente de salut public

La seule alternative réside en un gouvernement des travailleurs et des jeunes, un gouvernement par en bas qui naîtrait de la grève générale et des comités de grève pour en finir avec cette politique, ce gouvernement, ces institutions.

C’est cette mobilisation au grand jour des opprimés face à leurs oppresseurs qu’il faut travailler à organiser, dans l’unité, d’urgence !

La vraie gauche, une gauche décomplexée, une gauche de rupture avec le capitalisme et l’électoralisme, une gauche pour le socialisme authentique, débarrassée des caricatures social-démocrate et stalinienne, c’est celle qui serait capable d’appeler au boycott de l’élection présidentielle.

C’est cette alternative politique et organisationnelle que le MCI travaille à construire en France et à l’échelle du monde en agissant pour la reconstruction de la IVème Internationale.

Dans une situation où le gouvernement s’est donné les moyens de bâillonner le débat démocratique, en étendant l’état d’urgence sanitaire au-delà de l’élection elle-même, le boycott est non seulement un premier pas pour en finir avec ces institutions, c’est aussi une mesure urgente de salut public.


¹ Selon Pôle Emploi, au 3ème trimestre de 2021

² Pour la seule année 2020, ce montant s’élève à 6500 milliards de dollars selon les Échos du 3 janvier 2021