Acte 4:Tous ensemble, grève générale pour chasser Macron! Edito Internationaliste 183
MCI, Le 04/12
Dans l’édito de l’Internationaliste 180 nous affirmions: « réactionnaires et répressifs, ce régime et ce gouvernement sont illégitimes ! La politique du gouvernement Macron-Philippe-Collomb n’a rien d’original. En effet, le programme électoral de Macron n’était ni plus ni moins que la reprise du « cahier de revendication » de la bourgeoisie, des capitalistes.
Qu’y aurait-il de « novateur » à vouloir appliquer le programme qui a été imposé aux travailleurs, aux jeunes et aux peuples opprimés d’Europe à travers des traités dictés par les capitalistes ? Rien. On a vu le résultat de l’élection présidentielle de l’an dernier : 24 % des votants, 18 % des inscrits ont voté pour Macron au premier tour. C’est cela le vote d’adhésion à sa politique à laquelle se sont ralliés des secteurs qui avaient voté Fillon au premier tour. Tout ça ne fait pas 50 % des votants, encore moins des inscrits au second tour.
Il faut le rappeler car ce gouvernement est illégitime. Il tire sa légitimité d’une escroquerie politique : ceux qui ont voté Macron, non par adhésion, mais contre Le Pen se sont retrouvés au soir du second tour comptabilisés parmi les soutiens à Macron. « Les choses répétées plaisent » dit le proverbe latin, après 2002 avec Chirac, 2017 avec Macron ? En 2002 comme en 2017, nous avons appelé à l’abstention au second tour, nous avons eu raison !
D’ailleurs, le taux d’abstention parmi les ouvriers et la jeunesse a démontré que la leçon de 2002 avait été comprise par les principaux intéressés, ceux qui ont le plus à perdre avec l’application des projets capitalistes pour toute l’Europe et pour chaque pays. »
D’où vient le mouvement des gilets jaunes ?
Aujourd’hui nous savons que parmi les gilets jaunes nombreux sont ceux qui se sont abstenus ou ont voté contre Le Pen…La question de la légitimité du gouvernement posée par l’abstention ouvrière et active – au vu du nombre de grèves- est venue aggraver la crise institutionnelle et des partis piliers de la 5ème République, les faisant imploser un par un.
Ainsi, depuis l’entrée en fonction du premier gouvernement Philippe, huit ministres l’ont quitté, en démissionnant ou en étant poussés vers la sortie : Richard Ferrand, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, François Bayrou, Nicolas Hulot, Laura Flessel, Gérard Collomb et Françoise Nyssen.
Les gilets jaunes ont perçu l’aspect hautement antidémocratique et minoritaire de ce régime et ce gouvernement, et n’hésitent pas à parler de la dictature Macron, en particulier suite à la répression dont ils ont été victimes.
C’est donc la population dans son ensemble qui remet en cause aujourd’hui la politique antidémocratique de la matraque du gouvernement Macron-Philippe-Castaner. L’exigence qui monte de démission de Macron et Castaner en est aussi une expression.
Cette explosion de colère légitime des jeunes et des travailleurs, surgit -entre autres- contre la vie chère, la hausse des taxes sur le gasoil, et se généralise autour de la question de la défense des services publics ( en particulier les transports ) et du pouvoir d’achat.
Elle surgit en contrepoint de la politique de collaboration de classe des bureaucraties syndicales et politiques, qui refusent d’organiser et d’appeler à la grève générale pour stopper et chasser Macron.
Ainsi, ce n’est pas pour rien que lorsque les gilets jaunes se mettent en mouvement, c’est la bureaucratie syndicale qui est une des plus hostiles et méfiantes – et qui crie au complot et à la manipulation de l’extrême droite.
L’inertie des bureaucraties syndicales et politiques qui pratiquent la collaboration de classe avec Macron pour maintenir la paix sociale, a ouvert la voie à de telles explosions de colère qui peuvent très vite , dans ce contexte de crise, se transformer en révolte populaire. La sympathie et le soutien dont jouissent les gilets jaunes sont là pour en témoigner.
La Réunion montre l’exemple
À La Réunion, la situation prend une tournure plus radicale, les Gilets Jaunes là ausi dénoncent la hausse des prix des carburants et la vie chère. Le 19 novembre, l’île est totalement paralysée. Une trentaine de barrages sont en place. Les écoles, administrations, commerces et stations-service sont fermées. Des axes stratégiques et économiques de l’île sont bloqués par les Gilets Jaunes.
Au quatrième jour de blocage dans l’île, mardi 20 novembre, le préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin, ordonne la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 6h dans quatorze communes de l’île, jusqu’au vendredi.
De toute évidence une organisation ouvrière digne de ce nom ne peut rester indifférente et ne pas chercher à donner des perspectives de classe à cette véritable révolte populaire. À n’en pas douter, la situation sur l’île a eu un impact déterminant sur la radicalisation du mouvement en France, ouvrant des perspectives de jonction avec le mouvement syndical…
C’est ce qui explique que très tôt des appels venant du mouvement syndical à faire jonction avec les gilets jaunes se sont multipliés. FO-Transport se distinguant en appelant à rejoindre le mouvement le 27; mais…pas à la grève.
Oui à l’indépendance de classe !
Dans l’édito de l’Internationaliste 180 nous posions la question : « d’où alors ce gouvernement tire-t-il sa légitimité ? Des dirigeants de sociétés financières de la City de Londres qui chantent ses louanges et s’apprêtent à s’installer à Paris pour ne pas avoir à subir les conséquences du vote des travailleurs britanniques ? Des dirigeants de l’Union Européenne, des patrons du CAC 40 (…) »
On ne peut comprendre et combattre la politique de division des bureaucraties syndicales et politiques en France, sans comprendre et combattre l’union européenne capitaliste et ses institutions
Une politique d’indépendance de classe exige donc de rompre avec toutes les institutions européennes, en premier lieu la Confédération Européenne des Syndicats (CES), à laquelle adhèrent la CGT et FO, et qui participe activement à l’élaboration et à l’application de la politique de destruction de tous les droits des travailleurs et de privatisation de tous les services publics.
C’est bien dans une perspective constructive que le 11 juillet, l’ensemble des organisations représentatives des salariés et du patronat se sont réunies à huis clos dans les locaux du Conseil Économique Social et Environnemental. Ce que nous avons dénoncé dans notre communiqué Oui à l’indépendance de classe ! Non à la convergence syndicats, patronat, gouvernement !
Nous affirmions : « ainsi, au lieu de travailler à mobiliser et construire la grève générale, au lieu de construire le rapport de force contre gouvernement et patronat pour les faire plier ; les directions confédérales des organisations syndicales s’allient au patronat pour réclamer leur participation à la mise en place de contre-réformes censées moderniser le pays.
Affaibli, minoritaire, rejeté massivement par les travailleurs et les jeunes, le gouvernement Macron-Philippe-Pénicaud-Collomb prétend poursuivre sa politique de destruction-privatisation des services publics et des acquis sociaux. Et, il peut maintenant compter sur la collaboration des directions syndicales confédérales. »
Non à la hausse des taxes et du prix du carburant, non à la vie chère !
Les gilets jaunes mettent au grand jour la crise du gouvernement , des institutions ; ainsi que l’impasse où nous mène la politique de collaboration de classe des directions syndicales bureaucratiques. Ce qui explique le silence assourdissant de ces dernières, et leur refus d’organiser la jonction du mouvement ouvrier organisé avec les gilets jaunes.
Le gouvernement, affaibli par la lutte des classes et la résistance des travailleurs et des jeunes, depuis la loi travail en particulier, ne tient que grâce à l’inertie des directions syndicales qui refusent d’organiser l’unification des luttes et la grève.
C’est pourquoi, nous devons en permanence le rappeler, dénoncer et exiger des directions syndicales bureaucratiques qu’elles rompent avec leur politique de collaboration de classe ( avec la CES, le gouvernement et le patronat) et qu’elles organisent la gève.
La reculade du gouvernement aux abois, qui vient d’annoncer un moratoire de 6 mois sur la hausse des taxes, et des prix du gaz et de l’électricité, ouvre la voie à l’approfondissement et la généralisation de l’affrontement avec le gouvernement, et met les directions syndicales face à leur responsabilité. Elles doivent organiser la grève générale pour stopper et chasser Macron !
Nous pensons aussi que la question de la renationalisation, sans indemnité ni rachat, de tous les services publics est à l’ordre du jour. Ce qui implique de se positionner clairement pour l’abrogation de tous les traités capitalistes européens.
De même, exiger l’augmentation générale des salaires et du smic à hauteur des besoins sociaux, impose de se positionner clairement contre le dogme des » 3% de déficit public » et pour l’annulation de la dette illégitime.
ENCADRE :
(Bien sûr les chiffres officiels de la police minorent la mobilisation…)
Le samedi 17 novembre, la première journée de mobilisation nationale contre le « racket gouvernemental » rassemble près de 290.000 manifestants arborant leur gilet jaune à travers la France, action inédite organisée en dehors de tout parti ou syndicat « Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir », assure le lendemain le Premier ministre Édouard Philippe.
Samedi 24 novembre, pour l’« acte 2 » de leur mobilisation, plusieurs milliers de manifestants déferlent sur les Champs-Elysées à Paris. Plus de 106.000 manifestants sont recensés dans toute la France, dont 8.000 à Paris.
Samedi 1er décembre, des scènes de guérilla urbaine se répètent dans plusieurs quartiers huppés de la capitale. La journée a réuni dans le pays quelque 75.000 manifestants, selon l’Intérieur.