Le logement social en danger

Article de L’Internationaliste n°178 de novembre – décembre 2017

L’offensive du gouvernement contre l’APL (aide personnalisée au logement) met en difficulté des millions de familles modestes, des travailleurs, des retraités, des chômeurs et des jeunes. Comme pour les mutuelles, le gouvernement cherche à faire retomber ses responsabilités sur d’autres que lui et, par le biais de la réduction de l’APL, il organise la déstabilisation financière des bailleurs sociaux.

Ainsi, ayant fait le constat que les loyers sont trop élevés, dans le secteur privé, le gouvernement commence par baisser les APL de 5€, pour le moment, puis appelle les bailleurs sociaux à baisser d’autant les loyers de HLM. Notons qu’en Île-de-France, la moyenne des loyers privés est 2,5 fois plus élevée que la moyenne de ceux qui sont pratiqués par les bailleurs sociaux. Notons également que si le gouvernement veut contraindre les bailleurs sociaux à appliquer cette baisse, il « reconnaît » n’avoir pas le pouvoir de contraindre les propriétaires privés, surtout il ne veut pas s’en donner les moyens !

Dans une lettre adressée à ses locataires, un office HLM de la région parisienne met en avant une perte de 10 millions, équivalente aux opérations de travaux pour l’année. Voilà l’impact direct des mesures que veut imposer le gouvernement.

Dans un contexte où 3,8 millions de personnes sont mal logées ou simplement sans logement on comprend l’intérêt des spéculateurs à maintenir une telle situation de pénurie. Chaque fois qu’une collectivité locale ou une administration vend des terrains ils construisent des bureaux ou des centres commerciaux.

Si les bureaux se vendent mal, on les transforme en hôtels, qui vont héberger des sans abris sur la base de loyers exorbitants payés par les communes ! Ainsi, parmi les mal logés dans les grandes agglomérations, on trouve paradoxalement aussi des personnes qui ont trop de revenus pour être en HLM mais ne peuvent pas payer leur loyer dans le secteur privé et finissent expulsées ! Pas très rationnel tout ça, mais très rentable.

L’objectif du gouvernement est bien de déstabiliser les offices de HLM pour les liquider et faire que la loi du marché règne sans partage. Mais cet objectif se double d’un autre, plus sournois : les sommes collectées par le livret A de caisse d’épargne sont dirigées vers la Caisse des dépôts et consignation (CDC) qui utilise une partie de ces fonds pour financer le logement social à travers les offices de HLM.

Macron veut fermer le robinet de la CDC car il n’a pas caché sont intention de pousser les épargnants, les épargnants modestes surtout, les travailleurs, à vider leur livret A pour « réorienter l’épargne vers l’entreprise », c’est-à-dire la bourse, les actions, les obligations, les fonds de pension.

Comme pour la sécurité sociale – ou la taxe d’habitation sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir – une mesure qui est présentée comme anodine et « indolore » ou favorable « aux français » est en fait le point de départ d’un bouleversement profond au compte des capitalistes.

Pour loger ces millions de personnes sans abris ou mal logées, non seulement il faut construire des logements publics mais il faut aussi réquisitionner les 2,9 millions de logements privés laissés vides pour des raisons essentiellement spéculatives (1) et exproprier les capitalistes, banques et assurances notamment, qui organisent cette pénurie au mépris de la santé et de la vie de millions de personnes.


(1) Par exemple à Paris, 1 logement sur 6 est vide, 1 sur 4 dans les arrondissements du centre de la ville !