Revue de Presse Sociale – Novembre 2016

Manifestation étudiante en Afrique du Sud

«La lutte de classe est nationale dans sa forme et internationale dans son contenu» K. Marx

Au cours des dernières semaines, plusieurs manifestation et conflits sociaux d’ampleur ont marqué l’actualité sociale. En Afrique du Sud, de nouvelles manifestations étudiantes ont eu lieu pour s’opposer à l’augmentation des frais d’inscription et pour exiger l’égalité entre étudiants noirs et blancs.

Trois universités sont au cœur de la mobilisation : Witwatersrand, l’Université du Cap et la Rhodes University, dans le sud du pays. Une partie des enseignants soutient le mouvement étudiant. L’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid en 1994, n’a jamais été aussi contesté.

Au début du mois d’octobre, des manifestations massives réunissant des centaines de milliers de personnes ont contraint le gouvernement polonais à reculer temporairement dans son projet d’interdiction totale de l’avortement (y compris en cas de viol ou de malformation du fœtus). Le gouvernement prévoit désormais un nouveau projet de loi tout aussi restrictif, mais la mobilisation a repris dans la plupart des villes polonaises.

En Espagne, le 26 octobre, les organisations lycéennes ont appelé les élèves à manifester dans plus de 40 villes à travers le pays pour exiger l’abrogation de la Loi Organique sur l’éducation (LOMCE) et l’annulation des coupes budgétaires effectuées au cours de ces dernières années.

La mobilisation a été bien suivie : d’après le ministère de l’éducation, entre 30 et 40 % des élèves de plus de 14 ans ont participé au mouvement ainsi que 12 % des enseignants. Il y a eu des dizaines de milliers de manifestants dans tout le pays dont plus de 70 000 à Madrid, 15 000 à Grenade, 10 000 à Séville, 8 500 à Barcelone, 7 000 à Malaga, 3 000 à Valence. Les organisations d’étudiants et d’enseignants prévoient d’ores et déjà de nouvelles mobilisations.

En Belgique, ce sont les très importantes mobilisations des derniers mois – notamment contre la loi Peeters, l’équivalent belge de la loi El Khomri – qui ont contraint le gouvernement wallon à s’opposer – bien que temporairement – au traité de libre-échange Europe Canada (CETA).

Cela montre que la mobilisation des travailleurs peut permettre des victoires pour la classe ouvrière et obliger les capitalistes et leurs représentants politiques à reculer. Pour cela, il faut œuvrer à l’amplification de la mobilisation des travailleurs et des jeunes.

En Allemagne, à l’appel du syndicat UFO, les personnels navigants d’Eurowings et de Germanwings, filiales de la Lufthansa, ont massivement débrayé, provoquant l’annulation de 400 vols, sur 550 prévus, le 27 octobre. Considérant que la direction de la compagnie pratique une « tactique d’obstruction », le syndicat UFO a estimé qu’il n’y avait pas d’autre alternative que la grève.

Le syndicat menace déjà d’une nouvelle grève si la direction de ces compagnies refuse d’entendre les revendications des employés. Les travailleurs d’Eurowings se sont mobilisés pour les rémunérations et la garantie de l’emploi. Chez Germanwings, les revendications concernent le temps de travail.

En France, la situation sociale demeure marquée par une forte activité de la lutte des classes, dans un contexte de crise politique très profonde. Au cours de ces dernières semaines, on a assisté à d’importantes mobilisations contre la répression dont sont victimes les militants syndicaux combatifs, comme cela a été le cas notamment à Amiens en soutien aux ouvriers condamnés de Goodyear, ou au Havre. Il y a aussi eu une multiplication de mobilisations plus ou moins locales pour l’amélioration des conditions de travail, pour l’augmentation des salaires, contre les privatisations etc.

Au Havre, en Seine-Maritime, Reynald Kubecki, secrétaire de l’union locale de la CGT au Havre a été entendu vendredi 28 octobre 2016 à l’hôtel de police de la ville, à la suite d’une plainte contre X déposée par La Poste, pour « injures envers La Poste ». Un rassemblement a été organisé devant l’hôtel de police pour le soutenir.

Les journalistes d’I-télé ont entamé, le vendredi 28 octobre, une troisième semaine de grève dans le cadre d’un conflit qui les oppose à la direction de Canal +, propriétaire de la chaîne d’information. Si le conflit s’est cristallisé autour de « l’affaire Morandini », ce sont bien les questions de la dépendance de la presse vis-à-vis de grands groupes et des conditions de travail des journalistes qui sont en jeu.

Les salariés de l’enseigne discount « Babou » de Bagnolet ont mis fin à leur grève, mercredi 26 octobre, après 24 jours de mobilisation. Depuis le 3 octobre, les salariés du magasin réclamaient de meilleures conditions de travail et la réintégration d’un salarié. Ils ont partiellement obtenu gain de cause sur leurs revendications et la direction leur a accordé le paiement d’une des quatre semaines de grève. Le salarié licencié ne sera cependant pas réintégré, la CGT envisage de porter le dossier devant les Prud’hommes.

Dans le nord de la France, la CGT a déposé un préavis de grève à la SNCF, pour s’opposer à la suppression de postes de contrôleurs et aux trains « sans contrôleurs ». Il y a également un appel à la grève dans la région lyonnaise pour le week-end du 1er novembre.

Dans un contexte de destruction de la santé publique, les mouvements de grèves se multiplient dans les hôpitaux. C’est par exemple le cas des urgentistes du CHU de Clermont-Ferrand qui ont entamé une grève le 27 octobre, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. L’intersyndicale CGT-FO-SUD, à l’origine du mouvement, estime que le service hospitalier a enregistré plus de 6 500 nouvelles entrées en cinq ans et que les moyens humains et matériels n’ont pas suivi cette évolution.

Les salariés considèrent ne plus pouvoir exercer leur travail correctement : à cause du flux important des patients, les urgentistes leur consacrent de moins en moins de temps et doivent faire au plus vite. Ils demandent un renforcement des effectifs infirmiers, d’aides-soignants et d’agents de service hospitalier, ainsi que le remplacement de leurs collègues en arrêt.

Des débrayages ont également eu lieu dans le secteur de l’industrie et de la construction. Les employés de la centrale Emile Huchet à Saint-Avold, ont fait grève pendant 4 jours pour obtenir l’engagement écrit de leur direction que la centrale ne fermerait pas d’ici à trois ans. 80 emplois ont été sauvés grâce à la mobilisation.

Au sein de l’entreprise Vranken-Pommery, 95 % des ouvriers de la production de Reims et 85 % des ouvriers de Tours-sur-Marne sont en grève depuis le début du mois d’octobre. Chaque jour, ils cessent le travail pendant 15 minutes pour exiger une augmentation de salaire.

30 ouvriers sur 70, de l’entreprise de BTP RMF, situé dans la banlieue lyonnaise, ont débrayé le 25 octobre pour demander une hausse de 10 % des salaires et un treizième mois. Ils réclament également une prime pour le travail de nuit qui concerne une partie importante des employés. Les grévistes dénoncent aussi le non respect des délais de 11 heures entre deux journées travaillées.