Non à la mort de l’université publique!
Depuis le début des années 2000, la bourgeoisie et les gouvernements à son service cherchent à privatiser l’université. Les fusions en cours, organisées par la loi Fioraso, sont l’aboutissement de ce processus. L’objectif est d’en finir avec l’université publique, gratuite, laïque, pour tous !
En 1999 à Bologne, 29 gouvernements européens ont signé un accord dans le but « d’harmoniser » l’enseignement supérieur de leurs pays respectifs. Il s’agissait, en réalité, de préparer la privatisation des universités partout en Europe. C’est ce qu’on appelle le « processus de Bologne ».
Cela fait écho à la déclaration de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) de faire de « la santé et l’éducation les marchés du XXIème siècle’ ».
Depuis dans chaque pays, les gouvernements successifs ont mis en place des contre-réformes pour avancer dans cette direction. En France en 2002, la mise en place du système ECTS-LMD a commencé à casser le cadrage national des diplômes. Dès lors chaque université propose un contenu différent pour un même diplôme.
En 2007, le processus s’aggrave avec la loi Liberté et Responsabilités des Universités (LRU). Sous couvert d’autonomie budgétaire, les facs ne sont plus financées par l’Etat à hauteur des besoins, mais en fonction de leur capacité à répondre aux exigences du marché, c’est-à-dire aux exigences du patronat.
Il y a des coupes budgétaires et les facs sont poussées à chercher des financements privés ce qui les met en concurrence entre elles. Cela a entraîné suppressions de postes, précarisation des personnels, fermeture de filières…
Le patronat siège dans les C.A. et a droit de vie et de mort sur le contenu de nos diplômes. En résumé, les facs fonctionnent comme des entreprises, et plus comme des services publics.
En 2013, la loi Fioraso accélère et termine ce que prévoyait la LRU : l’objectif est de détruire tout ce qui est jugé non-rentable dans la centaine de facs existantes et fusionner ce qui reste pour ne former que 10 « pôles d’excellence ». Ces 10 pôles seront des facs « à l’américaine », c’est-à-dire privées, avec des frais d’inscription de plusieurs milliers d’euros.
Ils délivreront des diplômes individualisés sans cadrage national, ce qui signifie des diplômes qui ne garantissent ni droit ni salaire sur le marché du travail. Pour ceux qui travaillent à l’université, leurs statuts seront détruits : ils ne seront plus fonctionnaires mais auront des contrats précaires…
La fusion des universités n’est donc pas une attaque comme les autres : elle vient parachever ce qui a été préparé par les contre réformes successives. Si cette attaque passe, c’est la mort de l’université publique.
Les étudiants, personnels, et enseignants ont bien conscience de la gravité de l’attaque comme en témoigne les luttes en cours. En effet dans la quasi-totalité des universités, les fusions sont rejetées et les étudiants et travailleurs appellent à des réunions publiques, s’organisent en AG, manifestent, envahissent les conseils d’administration…
Les étudiants et travailleurs de l’université Paris 7 – Diderot étaient 300 dans un rassemblement pour empêcher la tenue du CA du 16 décembre qui devait voter la fusion. Le CA a été reporté au 3 janvier 2017.
À l’université de Bourgogne, depuis la rentrée, étudiants et travailleurs sont mobilisés et ont constitué un collectif Université Debout qui regroupe aussi les syndicats. Ils luttent contre la fusion déjà mise en place qui a eu pour conséquence un déficit de 5 millions d’euros dans le budget de Dijon.
Cette fac a alors pris des mesures brutales : 35 000 heures de cours supprimées, fermeture des masters d’Histoire et de musicologie, fermeture de la licence de lettres classiques.
Cela fait donc 15 ans que les gouvernements successifs cherchent à en finir avec l’université publique. Ils n’y sont pas parvenus, car étudiants, personnels et enseignants ont lutté contre toutes ces contre-réformes. La lutte contre la mort de l’université publique est donc en cours. Et nous pouvons gagner !
Mais pour être menée jusqu’à la victoire, il faudra que la lutte prenne plus d’ampleur. Il est de la responsabilité des militants d’appeler et d’organiser des Assemblées Générales massives. Pour cela, il faut faire le travail d’information et convaincre les étudiants que les fusions sont l’aboutissement de la politique de destruction-privatisation de nos facs.
Ce n’est que par une mobilisation massive, une grève avec les travailleurs de l’université que nous pourrons stopper les fusions et exiger l’abrogation de la loi Fioraso et défendre une université publique, laïque et gratuite pour tous !
Élections étudiantes à Paris 3
Les 6 et 7 décembre les élections ont eu lieu. Par rapport à 2014 on est passé de 1700 à 2000 votants alors que le nombre d’étudiants inscrits est resté stable. Solidaires Étudiant-e-s était le seul à défendre l’université publique, gratuite, laïque, pour tous. Plus de 250 étudiants ont ainsi voté pour ce syndicat, ce qui lui a permis d’obtenir un élu au CA et deux au CFVU. Ceci démontre que si davantage de militants lutte de classe militaient dans ce syndicat, il pourrait toucher, informer, convaincre bien plus d’étudiant-e-s. Il ne tient qu’à nous de le construire !