L’avenir est aux travailleurs, aux travailleuses et aux jeunes ! Édito Internationaliste 199
Paris, le 9 janvier
Les « grandes » institutions internationales, les institutions capitalistes, telles le FMI la Banque mondiale, l’OMC, l’OCDE et UE peuvent bien continuer à réaffirmer publiquement leur confiance inébranlable dans les dogmes néolibéraux, rien n’y fera.
La réalité de l’inflation qui se développe à grande vitesse dans le monde entier ou peu s’en faut ne doit rien ni à un chômage qui baisserait ni à des salaires qui augmenteraient.
Les mêmes tentent de justifier cette inflation par des « goulets d’étranglement » dans la production alors que celle-ci ne fait que retrouver son niveau de 2018 ou 2019.
Rien dans la « croissance retrouvée » n’explique mieux l’inflation généralisée que la spéculation subventionnée par le déversement d’aides publiques aux capitalistes à commencer par les mesures dites « non conventionnelles » prises par les banques centrales.
À elles seules, ces mesures se sont élevées à 6500 milliards de dollars pour l’année 2020 dans le seul but de soutenir le cours des bourses et, effectivement, le but a été atteint quelle que soit la réalité de l’état de l’économie.
Les mesures « non conventionnelles » tel « l’assouplissement quantitatif » sont mises en œuvre depuis 2007, près de 15 ans, si on excepte le précédent du Japon au début des années 2000. Le « non conventionnel » est donc devenu la norme et les banques centrales subventionnent en réalité et en toute connaissance de cause, la spéculation.
Spéculation, inflation, restructurations
On assiste ainsi, en très grand, à une restructuration secteur par secteur de toute l’économie. Restructuration basée sur le renforcement des monopoles et sur une concentration, via l’action des banques s’appuyant sur l’endettement de leurs « clients », des secteurs qui, jusqu’ici, échappaient peu ou prou à une sacro-sainte « plateforme ».
Les commerçants, les artisans, les paysans et les pêcheurs sont désormais eux-aussi menacés dans leur existence comme les ouvriers et employés qui subissent depuis longtemps les suppressions d’emplois conséquences de la concentration de l’outil de production capitaliste : désormais il n’y aura de répit pour personne.
Ce qui était apparu comme le talon d’Achille de l’économie capitaliste au début de la crise sanitaire (le flux tendu organisé à l’échelle du monde) est maintenant utilisé comme un moyen de renforcer encore plus des logiques de pénuries organisées, orchestrées.
La rumeur précède toujours la menace : on pourrait manquer de beurre, de blé, d’antibiotiques, de gaz ; puis le beurre, le blé sont stockés, achetés sur les marchés à terme, etc. Mieux, les conteneurs qui servent à les transporter ainsi que les cargos sont maintenus à quai, les avions au sol.
De même, la production d’antibiotiques et autres médicaments peut cesser pour d’obscures raisons toujours « justifiées » de la part des labos. Quant au gaz ou au pétrole¹, il suffit de tourner le robinet. Quant à l’électricité, la mise en maintenance de tranches de production en hiver, au moment où les besoins sont les plus élevés a pour conséquence de créer « la tension » dont les « marchés » raffolent. Aussi les prix montent, les salaires et pensions de retraite stagnent, les profits explosent.
Tout ceci au moment où la Commission européenne boucle sa « taxonomie² » de l’énergie décarbonée, intégrant le nucléaire (à la demande de Macron) et le gaz (à la demande de Merkel). « Taxonomie » qui va servir à justifier le déversement de centaines de milliards d’euros « d’investissements » publics soi-disant pour sauver la planète.
La dette aussi explose avec une augmentation des dépenses à tous les niveaux pour « soutenir les entreprises » et soi-disant « sauvegarder l’emploi ». On connaît la rengaine. La dette est utilisée par les capitalistes pour amasser des profits et pour faire pression sur les travailleurs afin qu’ils « consentent » à la destruction de la protection sociale et à la privatisation des services publics.
De nombreux peuples le savent. Dans le monde entier la dette est depuis des décennies l’arme favorite des capitalistes pour imposer leur volonté via le FMI et la Banque mondiale. C’est pourquoi la dette doit être annulée purement et simplement. Il n’est pas besoin d’un audit, « populaire » ou non, pour parvenir à cette conclusion, à cette exigence.
Bruits de bottes
À ce stade, il apparaît nettement que les tensions inter-impérialistes ne peuvent que s’aggraver devant cette tentative d’imposer une nouvelle division internationale du travail. Bien entendu, la première puissance impérialiste est à la manœuvre autour de la zone « indo-pacifique », entre autres et avec continuité, quel que soit l’individu installé à Washington.
C’est dans ce cadre que l’impérialisme français a dû aller jusqu’au bout du torpillage du référendum sur l’indépendance de la Kanaky. Cette manœuvre grossière, orchestrée sur fond de « menace chinoise » par E. Macron n’aurait-elle pas été dictée en fin de compte par l’annulation du contrat de construction des sous-marins australiens ?…
Au demeurant, chaque puissance impérialiste se prépare plus ou moins discrètement à l’affrontement, chaque « sous-impérialisme » également alors que les ventes d’armes ont progressé même en 2020 et pour la sixième année consécutive, portées par les commandes des États producteurs eux-mêmes.
Dans cette situation, le Caucase, l’Ukraine, le Proche-Orient, le Moyen-Orient, la majeure partie de l’Afrique – avec un abcès de fixation en Libye – et toute la zone qui va du Myanmar à la Papouasie sont des poudrières.
Partout la bourgeoisie s’attaque aux acquis démocratiques et tente d’enchaîner encore plus les travailleurs et les jeunes pour empêcher toute mobilisation qui pourrait un tant soit peu remettre en cause sa domination.
Partout les capitalistes cherchent à durcir leurs institutions poussant en avant des solutions bonapartistes et se préparant dans les métropoles impérialistes y compris à l’éventualité du recours au fascisme.
Mobilisations ouvrières, jeunes et populaires
Mais la révolution arabe qui est partie de Tunisie en 2010 est loin d’avoir dit son dernier mot. Comme toute révolution faite d’avancées et de reculs, elle cherche la voie de la victoire, celle des libertés démocratiques, mais aussi celle des conquêtes ouvrières.
Au Chili, la mobilisation contre les inégalités débutée en 2019 a rapidement imposé l’objectif politique d’une constituante. La dernière élection présidentielle ne mettra pas fin à cette crise politique et à la mobilisation qui vise la liquidation du pinochétisme et tient en ligne de mire le résultat économique de la dictature : un pourcent de la population concentre un tiers des richesses.
La vague de grèves qui secoue les USA, depuis deux ans, met aux prises une classe ouvrière en recherche d’une véritable représentation indépendante et une bourgeoisie en crise. Une bourgeoisie qui cherche comme toujours une issue dans cette guerre permanente qu’elle mène depuis plus de cent ans contre un « ennemi » ou un autre.
Il serait illusoire de croire que les travailleurs russes ou chinois resteront à l’écart de ce vaste mouvement. D’une certaine façon, ils y participent déjà en résistant à l’arbitraire et ils sauront surmonter l’obstacle du chauvinisme distillé par l’État et la bourgeoisie née de la bureaucratie stalinienne. Ils sauront s’unir à l’instar des travailleurs et des paysans Indiens qui ont su faire reculer le gouvernement ultra nationaliste et ultra libéral de Modi.
Partout les travailleurs cherchent la voie de la mobilisation contre les capitalistes malgré l’obstacle que constitue la bureaucratie syndicale. Partout les peuples opprimés cherchent la voie de leur émancipation et se heurtent aux impasses du nationalisme bourgeois ou petit-bourgeois, à l’inconséquence de leurs représentants.
Partout les travailleuses cherchent la voie de l’égalité dans le travail et dans la vie, le droit à la contraception et à l’avortement, la fin des violences.
Partout et chaque jour un peu plus, le capitalisme apparaît plus clairement comme l’obstacle à renverser, c’est bien pourquoi l’anticapitalisme ne suffit pas. Il faut désigner l’objectif : le socialisme authentique. Il faut se donner les moyens de l’atteindre : une internationale ouvrière avec des sections dans chaque pays, ce que nous appelons la IVè Internationale.
Une sorte de course de vitesse est engagée à l’échelle du monde entre révolution et contre-révolution dont l’enjeu est : socialisme ou barbarie.
¹ Constituée à la fin de la Seconde guerre mondiale sur la base d’un accord entre l’impérialisme US et la moyenâgeuse monarchie saoudienne, la Saudi Aramco, première compagnie pétrolière mondiale est entrée en bourse en 2019 : c’est depuis la première capitalisation de la planète.
² Classification des activités économiques en fonction de leur impact sur le climat, appelée « taxonomie » verte.