Nous avons déjà voté ! il faut maintenant proclamer la république catalane.

Nous reproduisons ici la déclaration de nos camarades de Lutte Internationaliste (LI) qui participe de la CUP
Organisons la poursuite de la grève générale
La mobilisation a permis au référendum d’avoir lieu : une victoire sur la peur et la répression, ainsi que sur l’État. Le succès de la grève générale et les mobilisations massives du 3 octobre ont été la meilleure réponse à la brutale répression policière de dimanche.
En prenant la rue, le peuple et la jeunesse ont montré fermeté et dignité, ils ont montré qu’ils ne se laisseraient pas intimider et qu’ils étaient déterminés à défendre leurs droits.
L’appel à la grève générale de la CGT, de l’IAC (Intersyndicale Alternative de Catalogne) et de la COS (Coordination ouvrière syndicale) a pris de l’ampleur après le répression policière du dimanche 1er octobre.
La grève générale introduisait un élément important : l’appel à la classe ouvrière catalane à faire sienne la lutte pour la liberté et contre la répression.
C’est pour cela que les CCOO et l’UGT, avec le patronat et le gouvernement, ont dû appeler à un « blocage du pays », pour essayer de diluer le contenu de classe de la grève, créant ainsi de la confusion parmi les travailleurs.
Un secteur important de la classe travailleuse a néanmoins participé à la lutte. Les dockers et les pompiers ont ouvert la marche. À SEAT, malgré l’appel explicite du patronat et des directions syndicales CCOO et UGT à ne pas faire grève, 800 travailleurs et travailleuses l’ont suivie.
Dans les entreprises où la majorité sont affilié-e-s aux CCOO, et où le patronat n’a pas accepté la grève, les grévistes n’ont pas été protégés par leur propre syndicat, et ont dû se couvrir par l’appel à la grève d’autres syndicats : mais ils ont quand même fait grève.
Dans le secteur public, les voix en faveur de la grève étaient massives quand est arrivée la proposition de l’administration de se joindre à la grève, ce qui a amplifié mais également dénaturé la grève.
Les manifestations du 3 octobre ont été plus massives que jamais pour un appel syndical. Une partie de ces travailleurs et travailleuses qui n’étaient pas indépendantistes manifestaient pour lutter contre la répression brutale. Pour que l’indépendance soit possible, il faut gagner la majorité de la classe ouvrière pour rompre avec la monarchie.
Face à la sérénité et à la force de la réponse populaire, le régime espagnol a dû mettre le chef de l’État sur le devant de la scène. Le discours menaçant de Philippe VI – sans aucune concession pour les victimes de la répression ni aucune mention de dialogue – a mis noir sur blanc que le problème n’était pas le gouvernement du PP, mais le régime de 78, que Franco a laissé « verrouillé ».
Le roi d’Espagne a dû garantir non seulement la dissolution de l’autonomie catalane par l’article 155 de la constitution mais aussi la répression généralisée.
Il prépare aussi le terrain aux groupes d’extrême droite qui ont déjà agi à Saragosse devant la réunion des élues appelée par Podemos.
Le référendum ne peut pas se finir comme en Grèce
Désormais, il faut défendre le résultat du référendum et faire respecter la volonté populaire. Le résultat du référendum, dans les conditions dans lesquelles il s’est déroulé, a beaucoup plus de valeur que s’il avait eu lieu dans des conditions normales, chose qui est impossible dans le cadre du régime actuel.
Le Parlement et le Gouvernement de Catalogne doivent proclamer la République catalane tout de suite et sans détour, comme ils s’y sont engagés.
Nous ne pouvons pas compter sur la police catalane, qui, même si elle n’a pas participé à la répression, a confisqué plus de 200 urnes le 1er octobre. Seule la mobilisation populaire permanente ces prochains jours peut permettre d’obtenir l’indépendance.
Nous ne pouvons pas permettre qu’il se passe la même chose qu’en Grèce. Syriza est arrivé au pouvoir après des années de lutte du peuple travailleur grec, et a essayé par tous les moyens d’ouvrir une voie de négociations pour que le peuple grec ne soit plus étranglé par les mesures d’austérité mais la troïka a été intransigeante.
Acculé, Syriza a organisé un referendum et le peuple a dit non, malgré toutes les menaces. Mais le premier ministre Tsipras a dit oui, en trahissant les aspirations du peuple et avec l’obligation d’appliquer un plan d’austérité encore plus draconien.
L’État espagnol, malgré les brèches qui ont été ouvertes, a décidé d’imposer la répression comme seule réponse à l’exercice de l’autodétermination du peuple catalan. Et il ne se passera pas longtemps avant que le gouvernement catalan renonce à proclamer l’indépendance.
Reculer maintenant c’est faciliter la répression !
En Grèce, accepter le Mémorandum – contre la décision du peuple – n’a pas fait reculer d’un centimètre les mesures qu’on voulait imposer au peuple grec. Au contraire, elles ont été plus dures que jamais.
Seule la proclamation de la république, en accord avec la ferme volonté populaire, nous mettra dans de meilleures conditions pour neutraliser la répression. Il sera plus facile de faire face à ce qui correspondra à un conflit entre la République catalane et la Monarchie espagnole, que dans le cadre d’une autonomie contrôlée.
Face à la campagne de peur impulsée par les grandes entreprises, les banques et les institutions bourgeoises à propos d’une aggravation de la situation économique en Catalogne si la République était proclamée, nous défendons le contraire. C’est le maintien de la subordination aux intérêts du capital, dont l’État est le garant, qui garantit la continuité et l’augmentation de la misère des travailleurs.
Et c’est la rupture avec l’État qui est une occasion historique de rompre aussi avec cette subordination et de construire une République au service des travailleurs et non au service des capitalistes. C’est pourquoi ils veulent semer parmi nous la peur qu’ils ont eux-mêmes.
Le gouvernement catalan doit aussi proposer des mesures pour rendre possible l’indépendance, comme la création d’une banque publique catalane, pour répondre aux départs des banques Sabadell et la Caixa.
Miser sur la médiation n’a pas de sens !
Les pouvoirs n’en veulent pas, et s’ils la voulaient ce serait pour essayer de démobiliser le peuple catalan. La réponse des institutions européennes a montré clairement que l’UE est un club d’états et de multinationales. Il n’y a pas d’espace pour les travailleurs et travailleuses ni pour les peuples.
Les mêmes pouvoirs qui étaient contre le non au referendum grec sont ceux qui aujourd’hui sont contre le processus catalan : la droite, le Parti Socialiste, tous les grands pouvoirs financiers et économiques et l’Union Européenne et ses états. Parce ce que le futur des peuples est le futur de la classe travailleuse et qu’il est l’opposé de l’unité des états et des grandes multinationales.
Proclamer et maintenir avec fermeté la République catalane c’est maintenir la mobilisation dans la rue. C’est pourquoi nous devons nous organiser par en bas, dans les lieux de travail et d’étude, et approfondir les organismes qui ont été clef de la réussite du 1er octobre : les comités en défense du referendum, désormais renommés comités de défense de la république.
La coordination et la fusion avec les forces syndicales et le mouvement étudiant qui ont rendu possible la grève générale est urgente, avec un plan de poursuite de la mobilisation qui inclue de nouveaux appels à la grève.
En Catalogne, c’est le futur immédiat de la monarchie dans tout l’état espagnol qui se joue. C’est pourquoi les manifestations ont déjà commencé à s’exprimer avec force dans les rues du Pays Basque, de Madrid ou en Andalousie.
Il faut lancer un appel à la solidarité des peuples et des travailleurs de l’état espagnol et de tous les pays.
Il faut appeler à une rencontre à Barcelone avec des organisations politiques, syndicales et sociales du monde entier.