Halte aux bombardements russes en Syrie !

Vive la lutte du peuple syrien contre la dictature, l'État islamique et non aux bombardements des États-Unis et de la Russie !

Poignée de main entre Al Assad et Poutine

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Depuis la semaine dernière, l’aviation russe bombarde la Syrie, prétendument contre l’État islamique (EI), mais il y a eu des dénonciations selon lesquelles ces bombardements seraient également contre des secteurs rebelles ennemis d’Al Assad. Le réel objectif russe – allié à l’Iran qui serait en train d’envoyer des troupes en Syrie – est de soutenir la dictature d’Al Assad.

Par Miguel Lamas, dirigeant de l’UIT-QI

La gauche réformiste et pseudo-progressiste célèbre l’intervention russe comme si elle était « anti-impérialiste ». Rien n’est plus faux ! La Russie n’est pas un état « anti-impérialiste » pas plus que ne l’est le dictateur syrien Al Assad.

En Syrie, en 2011, une révolution populaire a commencé contre le régime de Bachar Al Assad, dont la famille gouverne le pays de manière dictatoriale depuis 1971. Le peuple syrien s’est joint à la vague révolutionnaire arabe, commencée en Tunisie et en Égypte, réclamant la liberté et la justice sociale. Al Assad a représenté, par le passé, et continue à représenter, un gouvernement capitaliste allié aux multinationales. Il n’a rien d’« anti-impérialiste » (le prédécesseur de Bachar Al Assad, son père Hafez, a soutenu l’invasion américaine de l’Irak.). Bachar Al Assad a répondu à cette rébellion massive avec des tanks, des balles et des bombardements systématiques sur les villes d’Alep et Homs entre autre, déclenchant une guerre civile qui a provoqué 300 000 morts et 4 millions de réfugiés. C’est pour cette raison que le peuple a été obligé de s’armer contre le dictateur. L’allié le plus sûr et celui qui fournit des armes à Al Assad, est la Russie, conjointement avec l’Iran. Poutine dirige un régime capitaliste oppresseur. La Russie dispose de la base navale de Tartous en Syrie. Les bombardements russes, de même que l’envoi de tanks et de « spécialistes », se produisent alors que la dictature est confrontée à un net recul militaire. Aujourd’hui le régime d’Al Assad ne contrôle plus que 20 % du territoire. Pour compléter le tableau, il faudrait ajouter l’envoie de troupes iraniennes en soutien à Al Assad.

En 2013, les monarchies pétrolières d’Arabie Saoudite et du Qatar, avec le soutien de la Turquie, ont impulsé la formation de brigades militaires islamiques, parmi lesquelles se trouve l’EI, dans le but de liquider le processus révolutionnaire, car elles avaient peur que la vague révolutionnaire touche leur pays. L’absence d’une direction révolutionnaire et la haine contre Al Assad et l’impérialisme ont permis à l’EI de gagner un espace aussi bien en Irak qu’en Syrie. L’EI incarne le projet contre-révolutionnaire de remplacer la dictature d’Al Assad par une autre, du type de celles qui existent dans les monarchies pétrolières.

Un élément qui indique qu’Al Assad n’est pas une « victime » de l’impérialisme mais son allié, est le fait que les États-Unis et l’Otan (France, Grande-Bretagne et Turquie) affirment être en train de bombarder l’EI et non le dictateur. Avec le même argument, ils bombardent les vrais rebelles et la population civile. Al Assad a connaissance et autorise ces opérations aériennes. Désormais, la Russie se joint aux bombardements, avec l’autorisation tacite ds États-Unis.

L’impérialisme américain a été affaibli dans la région après le début de la révolution arabe en 2011, la chute des vieilles dictatures et son retrait après sa défaite en Irak. Cela a provoqué une perte de contrôle de la situation régionale, ce qui affecte son agent, l’État sioniste d’Israël. C’est pour cette raison que le rôle actuel d’Obama n’est pas de « promouvoir le chaos » mais d’intervenir pour essayer de rétablir l’« ordre » contre les rébellions populaires. C’est pourquoi son intervention militaire limitée est au service de la recherche d’une issue négociée à la crise syrienne, en essayant que le régime d’Al Assad fasse partie de la négociation, sans la participation du dictateur. Les États-Unis et la Russie commencent à tomber d’accord sur le fait de chercher une « transition » négociée. C’est également pour cette raison que les Américains acceptent l’intervention russe. Mais, pour Poutine, Bachar Al Assad devrait se maintenir dans le cadre de cette « transition ».

Malgré les attaques brutales sur plusieurs fronts, la révolution populaire n’est pas finie. Il existe ce que nous pourrions appeler un « troisième front » de combats. Il y a des milliers de personnes qui combattent à Alep, à Homs, à Idbis ou dans les quartiers de Damas contre le régime d’Al Assad et contre l’EI. Ce sont les brigades de l’Armée syrienne libre (ASL), les brigades indépendantes, les conseils révolutionnaires, les comités locaux et les brigades kurdes. Nous savons que derrière l’ASL et certaines de ces organisations il y a l’influence politique de secteurs patronaux – qui intègrent ceux qui s’appellent Conseil national syrien (CNS) – qui, dans l’exil, cherchent une issue politique négociée à Genève avec le soutien des États-Unis et de l’UE. En tant que socialistes révolutionnaires, nous soutenons inconditionnellement les rebelles sans que cela ne signifie soutenir politiquement la direction politique et militaire de l’ASL et des autres brigades. Nous devons apporter notre soutien entier et notre solidarité aux combattants qui luttent pour renverser Al Assad et défaire l’EI. C’est le peuple qui peut défaire les deux. Ce n’est pas facile, mais c’est la seule alternative juste pour le peuple et la jeunesse syrienne.

Dans ce cadre, nous, UIT-QI, participons à une campagne mondiale de solidarité avec le peuple syrien, avec le mot d’ordre « Rompons le blocus contre la révolution syrienne », décidée en juillet lors d’une réunion internationale qui s’est tenue à Istanbul, avec des organisations de gauche syriennes, arabes, européennes et latino-américaines. Parmi les activités décidées lors de cette réunion, il y a la semaine de solidarité qui est en train de se réaliser entre le 5 et le 11 octobre dans 40 pays, pour dire NON à la dictature, NON à l’EI et NON aux bombardements des États-Unis et de la Russie.