IRAN : Femme, vie, liberté, à bas la dictature des mollahs !

Déclaration du MCI-QI, Le 7-10
Le meurtre de Masha Amini provoque la révolte des femmes iraniennes
Le 13 septembre, Masha Amini, jeune kurde, est arrêtée à Téhéran par la « police des mœurs ». Elle est arrêtée au motif de « port de vêtement inapproprié ». Malmenée, battue à mort, elle décède de ses blessures trois jours plus tard.
Cet assassinat brutal et barbare d’une jeune fille de 22 ans, a révélé aux yeux du monde entier la brutalité de la dictature islamiste des Rohani, Raïssi et Khamenei, bâtie sur l’oppression des femmes, des travailleurs et des jeunes, et la brutalité du régime.
Depuis le 16 septembre, de nombreuses manifestations ont lieu, non seulement à Téhéran, mais dans d’autres villes du pays, notamment à Tabriz, Babol, Ispahan, Mashhad …
La colère des femmes et de la jeunesse ne retombent pas, malgré les mensonges du chef de la police de Téhéran, le général Hossein Rahimi, qui assure que « toutes les preuves montrent qu’il n’y a pas eu de négligence, ou de comportement inapproprié de la part des policiers » et la violente répression.
Au moins 92 personnes ont été tuées en Iran depuis le 16 septembre, selon l’ONG Iran Human Rights, basée à Oslo (Norvège). Et, plus de 1200 personnes ont été interpellées officiellement (chiffre qui doit être largement sous estimé).
Depuis le 29 septembre, dans la province du Kurdistan, où Masha Amini vivait, la militante pour les droits humains Bayan Azizi, convoquée par la branche locale du ministère des renseignements, est détenue. Le même jour, la journaliste Elahe Mohammadi, qui avait couvert l’enterrement de Masha Amini, a elle aussi été arrêtée.
Une autre journaliste qui avait contribué à médiatiser l’affaire, Nilufar Hamedi, est elle aussi en prison. Ils sont au moins 29 au total, selon le Comité pour la protection des journalistes. La censure et la coupure des moyens de communication empêchent d’en connaître l’étendue exacte à ce jour…
Après un long silence, le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a réagi pour la première fois à ce qu’il qualifie d’« émeutes ». Pour lui, « ces émeutes et l’insécurité » sont le résultat d’un complot facilité par des « traîtres iraniens à l’étranger ».
La mise en scène sinistre de confessions télévisées de manifestantes, suggérant un soulèvement prémédité, cherche à accréditer cette thèse… Le régime cherche également à attirer les partis politiques kurdes iraniens qui disposent de bases en Irak dans une confrontation militaire.
Les « gardiens de la révolution », ou plutôt de la contre-révolution, ont ainsi procédé à des bombardements sur la bande frontalière, prétextant l’entrée dans le pays de « groupes armés ». En bombardant les kurdes, l’Iran a mené la plus importante opération en Irak depuis dix ans.
Et il peut aussi compter sur le soutien de ses « amis » Poutine et Erdogan, ce dernier comme toutes les monarchies du Golf et les islamistes du monde entier, profondément pro-capitalistes et pro-impérialistes, craignent que la chute du régime n’ouvre une nouvelle période révolutionnaire dans le Proche et le Moyen-Orient, remettant ainsi en cause tous les accords contre-révolutionnaires de la région; entre les islamistes – et oui –, l’impérialisme et ses sous-traitants (à commencer par l’état d’Israël, la dictature Al-Assad en Syrie, les Talibans, les monarchies du Golf).
Il en va de même pour Poutine et son sinistre allié Ramzan Kadyrov, qui se dit « prêt à mourir pour Vladimir Poutine », lui qui n’a pas manqué de « saluer » l’assassinat abject de Samuel Paty. Et pour cause, il a été nommé en mars 2007 à la tête de la Tchétchénie par Vladimir Poutine lui-même.
Pourtant, certains « progressistes » de « gauche » s’inquiètent, déjà qu’en Afghanistan les femmes se révoltent il ne faudrait pas que ce mouvement révolutionnaire qui porte en lui l’émancipation des femmes se propage, y compris ici en France, et brandissent « l’islamophobie » en guise de fatwa ; ils fracturent ainsi les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier, et portent le même discours de propagande que le régime des mollahs, comme ils portent le discours de Poutine contre le peuple ukrainien.
En réalité, ils ne luttent pas contre le racisme, en « luttant » pour un régime réactionnaire théocratique et pour son symbole d’oppression qu’est le voile, ils « militent » contre la révolution mondiale.
Honte à eux, ils sont faillis, ils appartiennent désormais aux poubelles de l’histoire (et nous ne perdrons pas ici notre temps avec la bourgeoisie intersectionnelle pro-capitaliste et anti-marxiste primaire qui prend ses rêves réactionnaires pour des réalités).
Car la roue de l’histoire de la lutte des classes tourne, désormais ce sont les femmes qui font l’histoire. Ce qu’il manque, c’est une direction révolutionnaire armée du programme de la révolution socialiste mondiale.
Nous apportons tout notre soutien, par delà les différences de traditions, à tous les marxistes, les syndicalistes, les communistes, les révolutionnaires Iraniens, nous appelons de tous nos vœux à la renaissance des organisations révolutionnaires marxistes en Iran.
Et nous appelons tous les courants qui se réclament du marxisme et de la révolution socialiste internationale à se prononcer clairement pour la chute de la dictature théocratique des mollahs, pour la liberté d’association, de manifestations, d’expression, et d’organisation du prolétariat iranien.
Un régime ultra-réactionnaire, sénile et à l’agonie….
En réalité, le régime est à l’agonie, incapable de répondre à l’urgence sociale et la crise économique qui écrase la population, c’est pourquoi dans un réflexe de survie, il a de nouveau brandi le hidjab pour écraser et réprimer toute contestation – à l’intérieur et à l’extérieur – comme en 2019.
C’est pourquoi, des milliers de travailleurs, de femmes, d’étudiants manifestent sans interruption depuis le 16 septembre. La population, et notamment la classe ouvrière a pris place dans cette lutte contre le régime, et poursuit sa révolution malgré la répression sanglante, avec des tirs à balles réelles sur les manifestants, des enlèvements, des viols, des assassinats…
Ainsi, les manifestations se sont peu à peu propagées aux 31 provinces d’Iran. Avec des rassemblements nocturnes, dans les grandes villes, chaque soir, aux cris de « Femme, vie et liberté ».
Et, les manifestants, n’hésitent pas désormais à répondre à la violence des forces militaires de répression comme ils peuvent, avec leur courage. Les femmes sont déterminées à aller jusqu’au bout, au sacrifice de leur vie, elles sont exemplaires, elles sont l’avenir…
Nous pensons aussi que le peuple iranien a vu et retenu d’une certaine façon les leçons du peuple ukrainien contre l’invasion de Poutine…Comme le disait Marx, « la lutte des classes est nationale dans sa forme et internationale dans son contenu ».
Ainsi, dans les manifestations on entend, « cette année est l’année du sang, Seyyed Ali [le Guide suprême Ali Khamenei] sera renversé », « Je me bats, je meurs, je récupère l’Iran ». Voilà la réalité !
Aussi, des milliers de femmes iraniennes, notamment des jeunes filles, retirent et brûlent leur voile. En Iran, mais également au sein de la diaspora partout dans le monde, brûler son voile est devenu viral pour exprimer son rejet viscéral du régime islamiste d’oppression des femmes, et le soutien aux manifestations.
Déjà, en février 1979, avant même l’instauration de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khomeini considérait la liberté de la femme comme le principal obstacle à son projet politique. Les premières mesures à cet égard rendaient obligatoires le voile islamique sur le lieu de travail et le foulard dans les lieux publics.
Ils ne s’agit donc pas, comme certains « progressistes » ou pseudos trotskistes superficiels l’affirment, d’une question de « mode » ! Eux qui se sont crus à la Fashion Week de Paris devraient faire leur bilan, eux qui ont abandonné dans les poubelles de l’électoralisme et du crétinisme parlementaire ; le matérialisme historique, la dialectique, et tout les enseignements de Marx, Engels, Lénine, Trotsky et les bolchéviks.
La révolution en cours, s’inscrit bien dans un mouvement mondial de la jeunesse et des femmes contre les régimes théocratiques, et leurs avatars que sont les monarchies. Lorsque les pro-régime scandent « Prôner la fin du voile, c’est faire la politique des Américains », ils ne trompent personne.
Au contraire, la révolution se poursuit et s’approfondit, et dans les manifestations on brûle non seulement le voile, mais également les portraits du prétendu « guide suprême » Ali Khamenei.
Séparer les institutions religieuses et l’état : une exigence démocratique
Le régime islamiste d’Iran, comme tous les régimes religieux, a été instauré pour stopper la révolution. Ce régime porte en lui la barbarie, et le recul de civilisation propres à toutes les théocraties du monde.
En 1983 donc, les premières mesures du régime étaient l’obligation de porter le voile islamique sur le lieu de travail et le foulard dans les lieux publics. S’ensuivirent un arsenal législatif et religieux pour contrer le processus d’émancipation des femmes.
En 1979, l’arrivée de l’ayatollah Khomeini au pouvoir, avait pour but de stopper le processus révolutionnaire du prolétariat iranien au prix d’une répression féroce, des militants ouvriers syndicalistes, socialistes, communistes…
Parallèlement, le régime a systématisé la répression du mouvement ouvrier, et détruit toutes les libertés démocratiques qui avaient pu se développer, y compris sous le régime du Shah. La liberté d’expression, d’association et de réunion sont interdites et durement réprimées (comme l’extension de la scolarité obligatoire ou la gratuité de certains soins de santé par exemple).
L’appareil judiciaire est un outil de répression au service de la charia, des gardiens de la révolution et de la police des mœurs. La violation des libertés démocratiques est constitutif des régimes théocratiques.
Flagellations, énucléations, amputations sont fréquentes dans les peines judiciaires iraniennes. Le recours à la peine de mort est également un instrument de répression et de liquidation des opposants politiques.
Le viol, la torture, les crimes d’honneur et la lapidation de rue dans certaines régions du pays contre les femmes de tout âge sont autant de pratiques barbares intrinsèques à tous les fanatismes religieux.
Vive la lutte révolutionnaire des femmes iraniennes ! À bas la dictature des Mollahs !
Le Mouvement Communiste Internationaliste apporte son soutien inconditionnel aux femmes iraniennes, à la jeunesse et au prolétariat qui est mobilisé pour faire chuter le régime ultra-réactionnaire de Raïssi-Rohani-Khamenei.
La chute du régime des Mollahs sera de l’ampleur de la chute du stalinisme en 1989. Cela aura nécessairement un impact sur l’ensemble des théocraties, sur l’ensemble du monde musulman, de Casablanca à Jakarta, en passant par Alger, Tunis, Istanbul ; et sur l’impérialisme qui s’accommode de ces théocraties.
Mais aussi sur tous les soi-disant révolutionnaires qui préfèrent défendre la dictature du voile des imams que les travailleurs et les jeunes. Le retour de l’histoire pour tous les contre-révolutionnaires sera à l’image de la révolution iranienne, radical et systémique…
Depuis 2009, l’Iran a connu plusieurs vagues de révoltes, et ce phénomène s’est amplifié ces dernières années. En 2018 et en 2019 notamment, la jeunesse et les travailleurs avaient débrayé dans plusieurs villes du pays, face à une situation économique catastrophique.
Le mandat du soi-disant « modéré » Rohani de 2013 à 2021, n’avait pas calmé la grogne de la population, et la situation a continué de se dégrader : fort taux de chômage, augmentation de l’inflation, privatisation de l’ensemble des services publics …
Concernant le président actuel, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, et les dernières élections, elles ont également été entachées par des scandales de corruption et de fraude. Pour vivre, pour avoir un avenir, pour être libre, il faut faire tomber le régime des Mollahs. Voilà l’aspiration des femmes, et du peuple iranien !
Pour nous MCI-QI, la grève générale des travailleurs et des travailleuses d’Iran, sera la clé pour faire chuter le régime. Le rôle du prolétariat est déterminant dans le processus révolutionnaire en cours.
Dans plusieurs villes, Isapahan, Tabriz, Babol les étudiants ont déjà débrayé et se sont mis en grève. Les travailleurs se sont mobilisés aussi puisqu’une journée de grève générale s’est déjà déroulée le lundi 19 septembre dans le Kurdistan iranien.
La solidarité internationale est également importante, et on recense déjà de nombreux rassemblements devant les ambassades d’Iran : Athènes, Istanbul, Kaboul, Syrie, Berlin, Londres, Milan, Paris et également aux États-Unis, à Montréal, à Santiago, ou encore à Stockholm…Nous saluons en particulier les courageuses révolutionnaire afghanes qui sont sorties les premières en soutien à leurs sœurs iraniennes.
En France, la police a utilisé, dimanche 25 septembre, des gaz lacrymogènes pour empêcher des milliers de personnes défilant à Paris d’atteindre l’ambassade de la prétendue République islamique.
Le véritable internationalisme prolétarien réside dans le soutien inconditionnel à la révolution…
Nous appelons à apporter un soutien inconditionnel au processus révolutionnaire en Iran et nous appelons à participer aux rassemblements et aux initiatives de soutien aux femmes iraniennes et au peuple iranien sur la base de mots d’ordres clairs.