Interview de Keno syndicaliste à Solidaires Étudiant-e-s Paris 3

1) Quel bilan pouvez-vous faire de la rentrée à l’université depuis la mise en place de Parcours Sup ?
Comme nous l’avions répété pendant le mouvement contre la loi Vidal, Parcours Sup est une grave aggravation du processus de fusion-privatisation de l’enseignement supérieur. Au 31 août, 381 274 bacheliers n’ont pas eu leur place à l’université publique. Ces près de 400 000 étudiants ont été refusés sur la base de leur lycée d’origine, leur milieu sociale, leur couleur de peau, pour les femmes si la filière qu’elles demandaient correspond à un « profil féminin » ou si elle serait suffisamment rationnelle pour une filière scientifique… La sélection sociale, raciale et patriarcale que nous dénoncions à donc bien eu lieu.
Nous sommes intervenu et avons tenu des tables à la pré rentrée pour accueillir et défendre les étudiants dans leur inscriptions. La plupart de ceux que nous avons rencontrés étaient déjà acceptés par Parcours Sup. Les inscriptions se faisant en ligne, les étudiants refusés ne viennent pas à l’université et sont aujourd’hui perdus dans la nature ! Nous sommes frappés du manque d’intervention des organisations militantes sur cette question, qui ont déjà tournés toutes leur force vers les élections européennes. Nous sommes content de ne pas avoir cédé à l’opportunisme de la France Insoumise le 5 mai qui a dévoyé la mobilisation pour en faire une fête de la FI vidé de tout contenu militant, et qui pense maintenant pouvoir maintenant le capitaliser sur le terrain électoral.
La composition sociale des étudiants rentrant en première année a été épuré : les étudiants acceptés à Paris 3 que nous avons vus sont très majoritairement blancs et viennent de lycée sans problème. Ceux que nous avons rencontrés et qui ne sont toujours pas inscrit en Septembre sont avant tout des étudiants étrangers, des étudiants dont les parents sont d’origines étrangère, ou des étudiants de banlieues.
Nous nous sommes également rendu compte que les étudiants rencontrent de nombreux problème pour s’inscrire dans leur cours. Les étudiants font eux même leur emploi du temps, ils choisissent leur cours et s’inscrivent dans un td. Mais les cours sont rapidement remplit et il arrive fréquemment qu’ils se déroulent en même temps qu’un autre. C’est une conséquence direct de la privatisation rampante de l’université. Ces cours complets et chevauchements de cours découlent d’une part de la création de licences « à la carte » sans contenu fixe et sans valeur, et d’autre part de la suppression de postes d’enseignants, de filière et de cours afin que l’université soit rentable. L’étudiant est invité à choisir un autre cours sans rapport puisque les diplômes ne sont sont plus indexé à aucun contenu…
Dans tout les cas que nous avons recensé, l’étudiant est seul face à l’administration. Toutes les procédure sont en ligne, cela constitue un moyen supplémentaire de décourager les étudiants. Nous avons soutenu les étudiants dans leur procédure, et faisons pressions pour qu’ils soient acceptés. Souvent, le simple fait qu’un syndicaliste les accompagnent au secrétariat suffit à débloquer leur dossier, c’est la preuve qu’il s’agit avant tout d’une question de rapport de force ! Comme pour le reste seule la mobilisation paie. Nous continuons à revendiquer que tous les bacheliers soient acceptés dans la filière de leur choix !
2) Où en êtes-vous de la campagne contre la répression ?
Nous avions lancé la campagne en février, alors que les présidents d’universités main dans la main avec le gouvernement réprimait largement la mobilisation. Cette situation n’a pas changé ! En juillet, nous avons été expulsé de l’université alors que nous accompagnons les étudiants dans leurs inscriptions. Durant la pré-rentré début Septembre nous avons été interdit de prendre la parole dans les amphis. Au passage, nous ne touchons toujours pas les financements alloués aux syndicats auquel nous avons droit. La présidence de l’université met au placard toute la soi-disant démocratie dont elle se pavane auprès des nouveaux étudiants, d’autant plus pour les étudiants qui ne participent pas au sacro-sain dialogue social… Les vigiles qui fliques l’entrée depuis février, joue la police de la fac, intimident nos militantes et ont des attitudes sexistes et racistes envers nos camarades, sont toujours là ! Toutes ces pratiques bien évidemment sont illégales et violent le code de l’éducation, qui prévoient que les étudiants peuvent s’exprimer librement sur les sujets politiques et sociaux.
Pourtant il n’y a malheureusement toujours aucune unité d’action, qui devrait être réalisé sur cette question depuis longtemps. L’Unef de Paris 3 malgré que nous les avons à nouveau relancé refuse toujours de se joindre à la campagne contre la répression, comme l’ensemble des syndicats et militants professionnels de Paris 3 d’ailleurs. Nous assistons au même silence à échelle national, l’absence de proposition de lutte de la part de l’ensemble des organisations militantes et syndicale sur la répression est criminel ! L’unité a bien été réalisée pour la commémoration de Clément Méric en juin, mais silence dès qu’il s’agit de se mettre en mouvement pour défendre les militants matraqués et embarqués par la police dans les manifestations, ou les militants réprimés dans les universités !
Malgré ce silence nous savons que nous avons le soutien des étudiants, nous avons récolté à ce jour 2500 signatures sur notre pétition pour la liberté d’expression, d’organisation et de circulation. Face à la répression la meilleur réponse est collective, nous continuerons la campagne jusqu’à avoir obtenu que nos droits soient respectés !