Après les élections aux conseils centraux de l’université Paris 3

les militatns de Solidaires Paris 3 après le dépouillement le 3 avril 2019

Alex et Keno, militants à Solidaires Paris 3, répondent aux questions de l’Internationaliste suite au scrutin des élections des conseils centraux ( Conseil d’Administration et Commission de la Formation de la Vie Universitaires) de la Sorbonne Nouvelle.

Paris, le 21 avril 2019

1/ Quelle liste avez-vous déposée pour les élections ?

Alex : Les 3 et 4 avril ont eu lieu les élections des représentants étudiants à Paris 3.Nous avons décidé de présenter une liste commune avec le comité de mobilisation contre la sélection et la privatisation, le comité féministe et Solidaires Paris 3, sous le nom de « Collectif Unitaire pour la Justice Sociale (CUPJS) ».

En réalité, nous avons formé ce collectif de lutte bien avant les élections. Il nous paraissait comme une évidence que face à la situation actuelle il fallait unir étudiants, travailleurs et féministes.

Le collectif mobilise en permanence sur la base de revendications concrètes qui nous unissent et d’une méthode commune : la démocratie ouvrière. Ils regroupent des travailleurs, des syndicalistes, des militants politiques en mettant au centre l’unité d’action.

2/ Que pouvez-vous nous dire sur les autres listes qui se présentaient ?

Alex : Les listes présentent étaient l’Unef, la Fage, l’Uni et le Sap 3.

L’Unef est un vieux « syndicat » bureaucratique. C’est loin d’être un syndicat de lutte, il a bâti sa carrière sur des bases purement électoralistes.

Pendant la campagne les militants de l’Unef ont vanté un soi-disant bilan positif de leur mandat dans les conseils, pourtant il faudra nous expliquer pourquoi nos conditions d’études n’ont fait que de se dégrader… malgré les nombreux mandats de l’Unef.

Résultats des élections 2019 aux conseils centraux de l'université Paris 3La Fage est une structure (ne se considère même pas comme un syndicat) ouvertement macroniste. Derrière leur façade « apolitique » associative, ils n’ont fait qu’approuver tous les plans du gouvernement. Ils ont par ailleurs ouvertement soutenu la loi Vidal.

L’UNI, qui se présente lui-même comme étant « la droite universitaire », est en réalité une organisation d’extrême droite. Historiquement ils ont bâti leur réputation de briseurs de grève, faisant souvent appel à des nervis pour « casser de l’étudiant gauchiste ».

Le SAP3 est en réalité une liste corpos montée par en haut, en dehors des luttes, par des individus sectaires vis à vis de la masse des étudiant.e.s. D’ailleurs le SAP3 et l’UNI n’ont cessé de nous provoquer et de nous insulter, bref ils ont cherché à pourrir la campagne.

En réalité, le SAP3 a été créé par la vice-présidente étudiante, anciennement à l’Unef…et présente sur leur liste en 3ème position si je ne m’abuse…

3/Quelles revendications avez-vous mis en avant pendant cette campagne ?

Alex : Le CUPJS comme son nom l’indique se bat pour la justice sociale c’est-à-dire pour la défense inconditionnelle des services publics, pour la hausse générale du pouvoir d’achat, pour la justice écologique, et bien sûr contre la hausse des frais d’inscription pour tous les étudiants.

Notre moyen d’action c’est l’information, la mobilisation permanente à travers le travail de terrain quotidien. Nous ne sommes pas un syndicat électoraliste en prétendant régler tout par notre élection au conseil. Pour nous c’est la mobilisation unitaire massive et démocratique qui est la clef de la victoire.

Nous avons participé aux mouvements jeunes pour la justice écologique, en rejoignant les grèves de la jeunesse du vendredi pour le climat.

Contrairement au gouvernement qui joue sur la division en mettant dos à dos « ceux qui se battent pour la fin du monde » et ceux qui « se battent pour leur fin de mois », nous lui répondons que ceux qui détruisent la planète sont les mêmes qui détruisent nos acquis sociaux. C’est ce que nous mettons en avant dans le mot d’ordre : Justice sociale et écologique.

La question féministe occupe une place centrale dans nos activités, en témoigne le travail de notre comité féministe, dont j’invite à lire et à partager massivement le manifeste du comité féministe « La lutte des classes est féministe » C’est pourquoi nous avons participé et appelé à la grève féministe du 8 mars.

Fidèle à notre principe de l’unité jeunes-travailleurs, nous avons systématiquement mobilisé et participé aux différentes journées de mobilisations comme la grève générale du 05/02, la grève de la fonction publique du 19/03 et le jour des élections ne faisant pas exception, nous avons appelé à rejoindre la grève le 04 avril. Prochainement nous participerons à celle du 09/05 sans oublier la journée du 1er mai.

Keno : Nos revendications centrales concernent la hausse des frais d’inscription. Bien sûr nous n’oublions pas que la hausse des frais suit directement la loi Vidal, ORE et Parcours Sup, dont nous demandons l’abrogation.

Nous avons rappelé que près de 400 000 bacheliers n’ont pas eu leur place dans l’université publique en septembre 2018 ! Nous nous battons contre la sélection sociale, raciale et patriarcale instaurée par Parcours Sup, et nous demandons toujours l’inscription de tous les bacheliers dans la filière et l’établissement de leur choix.

Depuis l’annonce de la hausse des frais d’inscription en Novembre, nous alertons sur le fait que cela concerne non seulement les étudiants étrangers hors Union européenne, mais aussi l’ensemble des étudiants.

Nous nous battons contre cette réforme qui signifie la destruction de l’université publique et la création d’un marché de l’enseignement supérieur en France. La privatisation de l’université publique et donc la privatisation est l’aboutissement des réformes pro-capitalistes précédentes, Vidal, Fiorso, ParcourSup et LRU.

Avec le CUPJS, nous défendons également les droits et libertés démocratiques, à commencer par la liberté d’expression. C’est pourquoi nous avons dénoncé la loi « anticasseur » qui est une grave atteinte au droit à manifester et une dérive autoritaire inquiétante.

Nous soutenons le droit des peuples à disposer d’eux même, nous apportons tout notre soutien à la jeunesse algérienne qui mène une lutte exemplaire contre le retour de la momie Bouteflika avec des millions de personnes dans les rues chaque vendredi.

4/Quelle bilan tirez-vous de ces élections ?

Keno : Comme nous le disions, ces élections ont été une tribune pour les luttes que nous menons. Nous sommes contents du travail que nous avons réalisé, nous avons largement fait connaître nos revendications par nos tracts et nos interventions dans les TD et les amphis. Nous avons été amusés de voir une si grande présence militante le jour des élections de la part des autres listes alors qu’elles sont aux abonnés absents tout au long de l’année, y compris l’Unef et le SAP quand il s’agit de lutter contre la hausse des frais d’inscriptions.

Nous avons reçu pendant ces élections un large soutien des étudiants, aussi bien de ceux qui nous ont aidés directement et ont participé à notre campagne que de la part de ceux qui ont simplement voté pour nous.

Nous avons obtenu le deuxième plus grand nombre de voix avec 273 voix, ce qui fait de nous une force incontournable à Paris 3 face aux appareils nationaux de la Fage, de l’Uni, de l’UNEF, aux insultes du SAP3, nous avons mobilisés et tenu tête. Nous tenons à remercier et saluer tous nos soutiens.

Nous tenons aussi à préciser que seuls 1534 étudiants ont voté, en baisse par rapport à l’élection précédente de 2016 où il y avait eu 2000 votants ; ce qui signifie que moins de 10 % des étudiants de Paris 3 ont voté lors de ces élections. L’ administration qui a improvisé ces élections déjà reportées une première fois, et la multiplication des listes parachutées et électoralistes ( fage, uni, sap3) y sont sans aucun doute pour quelque chose…