Non à la dictature constitutionnelle !

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Paris le 19 novembre 2015 – 10 heures 30
Après les attentats abjects de la nuit du 13 au 14 novembre, l’état d’urgence a été décrété. Aujourd’hui, il a été étendu aux « départements d’outremer ». Ce matin, il devrait être prolongé de 3 mois par le parlement.
Lundi 16, le Président de la République s’est exprimé devant le Congrès (la réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat) à Versailles. Il a annoncé des mesures qui sont lourdes de menaces pour les libertés démocratiques. À cette occasion, il s’est saisi de « propositions » de l’ex-UMP, « les républicains », ou du front national, ouvrant la voie à une dangereuse surenchère.
Se targuant d’avoir fait adopter deux lois « antiterroristes » et la « loi sur le renseignement » en trois ans, il a annoncé son intention de réviser la constitution pour y faire figurer l’état d’urgence aux côté des articles 16 (les pouvoirs spéciaux au Président de la République) et 36 (l’état de siège, avec transfert de prérogatives civiles à l’armée), tout cela « sans compromettre l’exercice des libertés publiques » ! Une « réserve » de pure forme soulignant toute l’étendue du scandale.
Outre la prolongation de l’état d’urgence, il a été question de « la légitime défense des policiers », lesquels verront, avec la gendarmerie, leurs effectifs augmentés de 5 000, 2 500 pour le ministère de la justice et 1 000 pour les douanes. Une « garde nationale » serait constituée, basée sur une mobilisation des réservistes, etc.
Selon Hollande, « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité ». En réalité, on va savoir rapidement tout ce que cela va coûter à l’éducation nationale, à la santé et à la protection sociale, bref aux travailleurs et à la jeunesse, étant donné que les manifestations sont interdites et que les directions syndicales semblent adhérer à « l’union sacrée ».
Le dispositif législatif annoncé a été adopté lors de conseil des ministres qui a suivi, il a immédiatement été mis en discussion au Parlement. Le ministre de l’intérieur annonce déjà la mise en œuvre, par un simple arrêté ministériel, d’une mesure déjà envisagée il y a quelques semaines, avant les attentats donc, à savoir la « possibilité » pour les policiers de garder en permanence leur arme de service sur eux !
Nous, Groupe Socialiste Internationaliste, section française de l’Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale (GSI-UITQI), dénonçons la mise en œuvre de mesures qui s’inscrivent dans le cadre de la réaction démocratique, une politique dite de « l’État de droit » qui vise à instaurer en réalité une dictature constitutionnelle, pays après pays, à l’échelle du monde, comme un rempart contre-révolutionnaire.
Selon les tenant de cette doctrine, l’acceptation de mesures d’exception permanentes par des parlements élus « démocratiquement » ferait de mesures d’exception autant de mesures respectueuses des libertés démocratiques ! C’est ce qui transpire de tout le discours de F. Hollande.
Ainsi, en France, depuis la révolution algérienne, depuis près de 60 ans, l’armement de tous les policiers est-il devenu une constante. Ainsi, depuis son instauration en 1995, depuis 20 ans, le « plan Vigipirate » n’a jamais été levé. Ainsi, en 10 ans, une dizaine de « lois antiterroristes » ont été adoptées, dont la dernière, sur le renseignement, organise une surveillance généralisée.
Ainsi, les attaques répétées contre le Code du travail, le statut de la Fonction publique, la santé, l’éducation, les retraites, la protection sociale ont été de pair avec une politique de criminalisation de l’action syndicale.
Après les mobilisations des travailleurs de Molex ou de Continental et bien d’autres ; les poursuites engagées contre des travailleurs d’Air France illustrent parfaitement cette dérive autoritaire, dangereuse pour la classe ouvrière et la jeunesse.
Nous, GSI, nous sommes opposés aux interventions impérialistes en Irak, en Lybie, en Syrie. Nous nous sommes opposés aux interventions coloniales en Afrique centrale et de l’Ouest, en Côte d’Ivoire, au Mali, en République Centrafricaine et au Rwanda.
Nous continuerons à appuyer la révolution arabe dont les puissances impérialistes et leurs alliés, les gouvernements du proche et du moyen-orient, ou Daech sont des ennemis déclarés, chacun à sa manière.
Nous réaffirmons, comme en janvier, que nous condamnons toute violence raciste ou antisémite où qu’elles se produisent. Nous les condamnons par principe, mais aussi parce que nous savons que les réactionnaires de tous poils, à commencer par Daech ou l’État sioniste, instrumentaliseront ces violences pour faire avancer leurs « objectifs ».
Nous nous félicitons de la saine attitude, bravant l’interdit, qui a consisté à se rassembler sur les places publiques. Le maintien de l’appel à la grève dans les bus parisiens le 18 novembre, grève particulièrement suivie, montre la voie à suivre pour tous les travailleurs : continuer à combattre, refuser le chantage de l’union nationale !
Nous approuvons le fait que l’appel à manifester de la Bastille à la République, dimanche 22 novembre à 15 heures, en soutien à tous les migrants, soit maintenu par les organisateurs de cette initiative !
Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes à répondre aux propositions unitaires de mobilisation en faveur de la défense des libertés démocratiques à commencer par la laïcité.
Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes à répondre aux propositions unitaires de mobilisation en faveur de la levée de l’état d’urgence.
Les organisations qui se réclament de la défense des libertés démocratiques et de la classe ouvrière, partis, organisations et syndicats, doivent prendre position dans ce sens.
POUR LA DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES, POUR L’UNITÉ DE LA CLASSE OUVRIÈRE ET DE LA JEUNESSE : NON À L’ÉTAT D’URGENCE ! NON À LA DICTATURE CONSTITUTIONNELLE !