Syriza et le G7 font payer la crise aux travailleurs

Article de L’Internationaliste n°154 de juin 2015
La crise s’approfondit…
En mars 2015, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) exprimait un optimisme tempéré au sujet de la croissance. Deux mois et demi plus tard, elle a révisé à la baisse ses prévisions pour les économies américaine, japonaise et chinoise, et elle envisage l’avenir avec circonspection.
L’OCDE relève que l’environnement économique global n’est pas dénué de risques, que les marges de manœuvre monétaire et budgétaire des États sont faibles et qu’il existe des « signes d’excès sur les marchés financiers ». « Les chiffres vont être un peu décevants. Les perspectives d’amélioration restent limitées et fragiles », a concédé son secrétaire général, Angel Gurria, lundi 1er juin, devant l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).
De nombreux aléas entourent toutefois les prévisions de l’OCDE qui identifie, entre autres sujets sensibles, la normalisation monétaire américaine, la Grèce, un atterrissage brutal de l’économie chinoise ou encore une escalade dans le conflit russo-ukrainien.
L’institution précise que son rapport n’a pas pris en compte les « risques extraordinaires »résultant des effets collatéraux des politiques monétaires ultra-accommodantes adoptées pour stimuler la reprise (quête de rendement, bulles, etc.). Ainsi, d’après le JDD, « à ce stade, la reprise apparaît surtout dans les tableurs des statisticiens. »
Baisse du chômage, vraiment ?
D’après l’Insee, en moyenne sur le premier trimestre 2015, le taux de chômage au sens du BIT est de 10,3 % de la population active en France, après 10,4 % fin 2014. (1)
En France métropolitaine, avec 2,9 millions de personnes au chômage, le taux de chômage baisse de 0,1 point par rapport au trimestre précédent, à 10,0 %. Il diminue surtout pour les personnes âgées de 50 ans ou plus. Mais surtout, d’après l’Insee, sur un an, le taux de chômage augmente de 0,2 point en métropole.
Malgré l’aggravation du chômage et son incapacité à le masquer, Manuel Valls a promis, lors du congrès du PS, qu’il n’y aurait pas de pause dans les contre-réformes. Les Échos rapportent qu’il a confié, en marge du congrès, vouloir aller vite pour faire passer le projet de loi sur la croissance et l’activité du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, quitte à recourir de nouveau à la procédure de l’adoption sans vote.
Mais pour le gouvernement et le PS, la voie est très étroite entre la hausse du chômage, les contraintes budgétaires, le souci de reconquérir l’opinion d’ici la présidentielle de 2017 et la résistance des travailleurs…

La dette grecque et l’Ukraine au cœur des préoccupations du G7
Le sommet organisé en Bavière par la chancelière allemande n’a pas commencé sous les meilleurs auspices dimanche. Outre l’absence de Poutine, l’Ukraine et la Grèce n’ont pas manqué d’occuper le terrain.
Ainsi, Angela Merkel s’est alignée sur les États-Unis sur « l’agression russe contre l’Ukraine ». Avant l’ouverture du sommet, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déclaré : « la Russie n’est pas ici et ne sera pas invitée plus tard tant qu’elle se conduira d’une manière agressive contre l’Ukraine et d’autres pays. »
M. Tsipras quant à lui devrait rencontrer mercredi à Bruxelles François Hollande et Angela Merkel. L’objectif du gouvernement grec est de reprendre les négociations et de les faire avancer de façon à pouvoir présenter mercredi un nouveau document de propositions.
Vendredi 5 juin, devant le Parlement grec, après avoir déclaré que la Grèce rejetait les propositions « absurdes » de ses créanciers, Tsipras a ajouté vouloir trouver une solution « qui mettra fin aux spéculations sur la sortie de la Grèce de l’euro » et qui « pourrait arrêter de nourrir la crise ».
C’est dans cette perspective de gestion du capitalisme – et non dans celle du refus de payer la dette – qui implique de faire payer la crise aux travailleurs, que s’inscrit le report à fin juin des paiements de la Grèce au FMI. C’est sans doute pour cela que l’on peut affirmer, à l’instar d’Alternatives économiques, que Syriza gère mieux la Grèce que la droite… (2)
(1) Insee, « Le taux de chômage diminue de 0,1 point au premier trimestre 2015 », www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=14&date=20150604.
(2) Alternatives économiques, « Syriza gère mieux la Grèce que la droite… », www.alternatives-economiques.fr/syriza-gere-mieux-la-grece-que-la-d_fr_art_633_72569.html.