Syriza cède aux pressions du FMI et de l’Union européenne

Manifestation à Paris, Trocadéro - Droits de l'homme - en solidarité avec le peuple grec : "We are all greeks" "Nous sommes tous des grecs"

Article de L’Internationaliste n°155 de juillet-août 2015

Le gouvernement de Syriza, avec à sa tête Alexis Tsipras, qui se réclame de gauche, a fini par céder et par accepter les nouveaux plans d’ajustement contre le peuple grec. L’aile gauche de Syriza s’y est opposée et a dénoncé le pacte accepté par son gouvernement, tout comme l’ont fait d’autres secteurs de la gauche grecque.

Par Miguel Sorans de l’UIT-QI, le 23 juin 2015

Durant le mois de juin, des rencontres décisives ont eu lieu qui vont déterminer si la Grèce continuera ou non à payer la dette externe, continuera à appliquer les plans d’ajustement sous le contrôle de la troïka : FMI, UE et Banque centrale européenne.

La troïka avait fixé au lundi 22 juin la date limite pour trouver un accord. Le gouvernement de Syriza a finalement cédé en acceptant un nouvel ajustement contre le peuple grec. Le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé qu’il y aurait des coupes dans les pensions de retraite et une augmentation de la TVA, ce qui revient à la plus importante baisse de salaire et du niveau de vie par l’augmentation du prix des marchandises. La réforme des pensions prévoit une coupe dans ce qu’on appelle les pensions de préretraite et l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans. Syriza accepte les nouveaux plans sociaux que lui impose la troïka. L’objectif est clair : continuer à faire peser les plans sur les travailleurs pour leur faire payer la dette et piller le pays afin de satisfaire les banquiers de l’UE. En échange de cet accord, la Grèce recevra un nouveau versement de 7 200 millions d’euros, du « second sauvetage ». La prétendue « aide » ou le « sauvetage » est une nouvelle bouée de sauvetage plombée qui soumet la Grèce à l’impérialisme allemand et à l’UE – avec une dette externe qui augmente et qui est impossible à payer – et qui liquide la souveraineté des travailleurs grecs.

Syriza a gagné les élections en janvier avec le clair mandat populaire de mettre fin aux « mémorandums », c’est-à-dire aux listes sans fin d’ajustements budgétaires antipopulaires qui ont fait couler l’économie grecque ces dernières années. Le PIB a diminué de 25 %, le taux de chômage est monté à 27 % et les baisses des salaires, des pensions de retraite et des budgets sociaux ont dépassé les 40 % dans de nombreux cas. Ces chiffres sont réellement criminels, des chiffres de génocide social.

À peine assumé au début de cette année, le gouvernement de Syriza a mis de côté son mandat. Il a commencé les négociations avec l’odieuse troïka, qu’il s’est mis à appeler « les institutions », en expliquant qu’il était possible de trouver une « solution » avec laquelle « tout le monde gagnerait ». Avec cette politique, le gouvernement a payé ces derniers mois 1 800 millions d’euros et a repoussé, par exemple, sans délai la promesse d’augmenter le salaire minimum actuel de 684 euros à sa valeur antérieure de 751 euros (chiffres de misère comparé aux prix européens) et il a continué les privatisations.

Les résultats de cette politique erronée sont visibles. Le FMI et la troïka n’ont jamais arrêté de faire peser des pressions et au-dessus, les banquiers grecs ont eu les mains libres pour organiser la fuite des capitaux, 3 000 millions d’euros la semaine dernière.

La seule alternative est de rompre avec la troïka et d’arrêter de payer la dette

La voie des demi-teintes et de la cohabitation avec le FMI a déjà montré qu’elle desservait les travailleurs et les peuples. Cette voie a déjà catégoriquement échoué en Amérique latine et échoue de nouveau en Grèce, à cause de gouvernements de centre gauche, réformistes, qui finissent par traiter avec les banquiers et les multinationales. Un exemple clair de cette situation a été le gouvernement du PT au Brésil, de Lula et Dilma Rousseff qui ont payé la dette, qui ont passé des accords avec le FMI, approfondissant ainsi la misère, le pillage et la corruption. Aujourd’hui, ils sont rejetés par leurs propres bases ouvrières et populaires. Tsipras et Syriza sont en train de suivre la même voie.

La seule sortie pour le peuple grec est de continuer de lutter pour imposer la rupture définitive avec la troïka, l’UE et d’arrêter de payer la dette externe. Voilà où est l’argent qui permettra de dépasser la crise humanitaire que l’on vit en Grèce. Voilà où est l’argent qui permettra de payer les pensions, d’augmenter les salaires et les budgets de la santé et l’éducation. En plus de cela, il faut nationaliser les banques et le commerce extérieur pour couper court à toute fuite de capitaux. Il faut un plan économique d’urgence ouvrier et populaire. Les demi-mesures ne marchent pas.

Ces propositions sont déjà exigées par de nombreux secteurs de la gauche grecque. Le dimanche 21 juin, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues d’Athènes, rassemblement appelé par de nombreux secteurs pour rejeter un possible accord et exiger la sortie de l’UE.

Avec raison, lors de la dernière réunion du Comité Central de Syriza fin mai, 44 % des dirigeants (75 sur 170) ont voté pour rompre les négociations avec la Troïka, pour déclarer l’arrêt du paiement de la dette et nationaliser les banques. Devant l’annonce du nouveau pacte, plusieurs députés et représentants de l’aile gauche, faisant partie de la tendance Plateforme de Gauche, ont fait des annonces publiques pour le rejeter.

De son côté, l’organisation OKDE (Organisation Communiste Internationaliste, trotskiste) exige, entre autres choses : Rupture des négociations avec l’UE et le FMI maintenant ! Pas un seul engagement face aux chantages de l’UE et du FMI ! Arrêt du paiement de la dette ! Sortie de l’euro et de l’UE ! Nationalisations sous contrôle ouvrier ! Réintégration de tous les licenciés ! Récupération des pertes de salaire et de pensions ! En même temps, elle appelle à préparer la mobilisation unie, à sortir dans les rues et à occuper les places contre un accord avec la Troïka.

Voilà la voie pour rompre avec le nouveau pacte du FMI et de la Troïka et pour imposer un changement de fond pour que ce soit les capitalistes qui paient la crise et pas les travailleurs. En Grèce, le peuple grec continue la bataille décisive contre les plans d’ajustement que l’impérialisme et le FMI veulent imposer partout. Si le peuple grec gagne contre le plan d’ajustement, ce sont tous les travailleurs qui gagnent. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, la solidarité internationale avec la lutte des travailleurs et de la jeunesse grecs est nécessaire.