Retraites : Conseil constitutionnel ? Référendum ? NON lutte des classes !

Un barrage filtrant au rond-point des vaches à Saint Etienne du Rouvray (76) dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites • © France Télévisions/ M. Weber

Depuis le énième coup de force du gouvernement qui a voulu imposer la contre-réforme des retraites en utilisant l’article 49-3 de la constitution de la Ve République, l’intersyndicale et « la gauche » semblent suspendues aux décisions du Conseil constitutionnel.

Les uns escomptent que le Conseil va se prononcer sur le fond de la contre-réforme et non sur sa conformité à la constitution. Les plus optimistes dans leurs propos, faussement naïfs en vérité, communiquent bruyamment sur une possible prise en compte de l’opposition au projet gouvernemental par ledit Conseil qui pourrait prendre fait et cause aux côtés des travailleurs contre le gouvernement ! Sans blague !

Les autres attendent que le Conseil valide une procédure lancée par un cinquième des parlementaires qui leur permettrait au terme d’une campagne pour réunir 4,8 millions de signatures d’obtenir un référendum d’initiative partagée (RIP1).

Ce qui peut prendre pas mal de temps, neuf mois pour cette dernière phase, le temps d’accoucher d’un projet de loi qui devrait être adopté sous… six mois. À défaut d’examen du projet de loi dans ce délai de six mois, le président de la République convoque un référendum. Enfin, on suppose qu’il le ferait, n’est-ce pas ?…

Neuf plus six égalent quinze mois de paralysie de l’exécutif sur les retraites ? Ou bien quinze mois d’anesthésie imposés aux travailleuses, aux travailleurs et à la jeunesse ? Tout cela dans le respect des institutions…

Pendant ce temps, les travailleuses, les travailleurs et les jeunes ont été priés de partir en vacances pour pâques, pour ceux qui en ont les moyens.

Alors, le vacarme d’un effondrement mortel à Marseille, tournant en boucle sur toutes les chaînes de télévision est venu étouffer la clameur de celles et ceux qui ne veulent plus attendre et qui exigent le retrait immédiat de la contre-réforme. RIP : Requiescat in pace ?

Outre que le référendum reviendrait à faire se prononcer tous les électeurs à commencer par ceux qui ne sont pas concernés, ceux qui n’appartiennent pas à la classe des prolétaires. Outre que le référendum aussi est l’instrument par excellence de plébiscite du pouvoir personnel, depuis Bonaparte…

Certes, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de mobilisation pour le 13 avril, veille de la décision du Conseil constitutionnel, mais, de bonne ou de mauvaise grâce, ses composantes ont accepté de rencontrer É. Borne, la collaboratrice d’É. Macron. Tout cela dans le respect des institutions…

Pendant ce temps toute la droite et l’extrême-droite, du PS « décomplexé » de Valls et Cazeneuve à Marine Le Pen et au-delà, multiplie les déclarations en défense des institutions.

Pendant ce temps les candidats au rôle de sauveur des institutions, c’est-à-dire de la grande bourgeoisie, se multiplient comme des petits pains : B. Le Maire, É. Philippe, G. Darmanin, etc. les mentons se relèvent.

Pourtant, les travailleuses, les travailleurs et les jeunes ont dit non à la contre-réforme des retraites. Ils sont descendus massivement dans la rue, parfois pour la première fois. Pour la première fois également certains ont fait grève. Ils ont montré qu’ils sont prêts.

Prêts pour une retraite à 60 ans maximum avec 150 trimestres (37,5 ans) de cotisation maximum et un retour aux 10 meilleures années dans le privé. Bref, l’annulation des six contre-réformes des retraites en trente ans.

Nombreux, ils se sont mobilisés derrière l’intersyndicale qui leur est apparue comme un point d’appui, un cadre d’unité de la classe. Ils ont crié leur opposition à des institutions faîtes pour les écraser « démocratiquement », héritées du général de Gaulle et sur lesquelles flotte une odeur de plus en plus nauséabonde de pétainisme.

Les travailleuses, les travailleurs et les jeunes ont répété sur tous les tons qu’ils sont prêts à la grève générale pour le retrait de cette contre-réforme.

Ce qui indique que la situation est mûre pour en finir avec le pouvoir personnel : seule la grève générale peut ouvrir une perspective politique favorable aux travailleuses aux travailleurs et aux jeunes.

Qu’est-ce qui empêche l’intersyndicale d’appeler à la grève générale aujourd’hui ? Tout simplement, elle a fait le choix des institutions alors qu’elle est un instrument de la lutte des classes. À son corps défendant, manifestement puisque ses composantes ont accepté le cadre du dialogue social qui mène le mouvement ouvrier dans le mur de la collaboration de classe. Là réside la contradiction de la situation politique.

Comme Macron qui fait semblant de ne pas entendre l’exigence de retrait pur et simple, l’intersyndicale fait semblant d’être sourde à l’exigence de la grève générale…

Alors, il faut travailler à déborder l’intersyndicale dans les AG, dans nos comités de grève et d’action. Alors il faut continuer à l’interpeller.

Il suffit d’une étincelle…

Grève générale pour en finir avec cette réforme et ce régime ! Macron démission !

Rejoins-nous !

1Sur le RIP, voir : https://www.vie-publique.fr/fiches/23968-en-quoi-consiste-le-referendum-dinitiative-partagee-rip