Palestine : Shireen Abu Akleh assassinée, tout accuse l’armée israélienne !

Le corps de Shireen Abu Akleh gît inanimé au pied d’un arbre, mercredi 11 mai, à l’entrée d’une ruelle du camp de réfugiés de Jénine. Sa consœur, la journaliste Shaza Hanaysheh, puis un jeune homme du camp, tentent de porter secours à cette figure de la profession en Cisjordanie, vedette de la chaîne panarabe Al-Jazira.

La journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazira était venue au plus près des faits couvrir une incursion israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, lorsqu’elle a été tuée d’une balle à la tête. Elle portait au moment du drame un gilet pare-balles frappé du mot « Press » et un casque. Les témoins, des collègues de la journaliste, dont l’un a été également blessé, ont immédiatement mis en cause les tirs de soldats israéliens.

Selon Mme Hanaysheh, leur groupe a été pris pour cible par des soldats israéliens, alors que ceux-ci menaient un raid dans le camp de réfugiés de Jénine (nord). « Il n’y avait pas de combattants là où nous nous trouvions, aucun (…). Ils nous ont tiré dessus directement et délibérément », affirme un producteur d’Al-Jazira, Ali Al-Samodi, qui a été, lui, touché sans gravité par une balle.

Un premier tir les a manqués, puis un deuxième l’a touché lui, et un troisième a tué sa collègue, raconte-t-il. Ajoutant que dans cette zone se trouvaient seulement les forces israéliennes et le groupe de journalistes.

Quant à la chaîne de télévision qui l’employait, Al-Jezira, celle-ci a directement accusé, dans un communiqué, les forces israéliennes d’avoir tué «de sang-froid» sa journaliste.

Le jour même de la mort de Shireen Abu Akleh, un jeune adolescent de 18 ans, Thaer Khalil Al-Yazouri, a été d’ailleurs tué près de Ramallah par des soldats israéliens. Une illustration de plus de la banalisation des tirs létaux de l’armée israélienne contre la jeunesse palestinienne qui résiste.

Vendredi, une marée humaine a participé à ses funérailles à Jérusalem. Des violences ont éclaté à la sortie du cercueil de la journaliste de l’hôpital.

Les soldats israéliens ont fait irruption dans l’enceinte de l’établissement Saint-Joseph, à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville, occupé et annexé par l’Etat d’Israël.

Des images retransmises par des télévisions locales montrent le cercueil de la reporter qui manque de tomber au sol alors que les policiers israéliens s’en prennent à la foule et à ceux qui portent la dépouille. D’après le Croissant-Rouge palestinien, trente-trois personnes ont été blessées lors des funérailles, dont six ont été hospitalisées.

Le cercueil de Shireen Abu Akleh porté par la foule devant l’hôpital Saint-Joseph, à Jérusalem-Est, le 13 mai 2022. AHMAD GHARABLI / AFP

Le cercueil de Shireen Abu Akleh a finalement été transporté vers la Vieille Ville, où une messe a été prononcée dans une église grecque catholique comble, avant l’inhumation dans un cimetière à proximité.

Les Palestiniens de moins de 30 ans ont grandi en suivant au jour le jour les chroniques de la seconde Intifada (2000-2005) de cette journaliste.

Née à Jérusalem, la journaliste possédait la double nationalité américaine et palestinienne. Depuis plus de deux décennies, Shireen Abu Akleh, 51 ans, était le visage de la Palestine sur la première antenne du monde arabe, la chaîne qatarie Al-Jazira.

Mobilisation internationale pour vérité et justice pour Shireen Abu Akleh !