La peur change de camp : tous ensemble, grève générale jusqu’au retrait de la loi Hollande-Valls-El Khomri !

Edito de l'Internationaliste 163

Cortege de la Coordination Régionale IDF à Paris pour le retrait de la loi Travail

Le gouvernement et le régime de la 5e république en crise, dans une UE en crise…

Divisé, traversé par des affrontements, le gouvernement est en crise tout comme le régime « de coup d’état permanent » de la 5e République. Les politiciens bourgeois ne peuvent même plus nous vendre du rêve puisque l’Europe de « la paix et la démocratie » plus personne n’y croit !

Et ce d’autant plus que celle-ci est en train d’exploser, sous l’effet combiné de la crise économique (voir notre article à ce sujet), de la crise politique et de ce qu’il est convenu d’appeler dans les médias bourgeois la crise des migrants.

Ainsi, les réfugiés continuent de traverser, dans des conditions infra-humaines, les frontières mettant à mal le traité de Schengen. C’est pourquoi il nous semble important de revendiquer haut et fort l’ouverture des frontières (voir déclaration de l’UIT-QI à ce sujet).

Le scandale des Panama Papers et les mobilisations de masse qui s’en sont suivies ont déjà fait chuter le gouvernement corrompu islandais et est en train d’affaiblir le premier ministre anglais D. Cameron avant le referendum de juin. Le risque de Brexit (sortie de l’Angleterre de l’UE) est de plus en plus réel et nous ne pouvons que nous en féliciter.

Enfin, rappelons le vote des Pays-Bas et l’écrasante victoire du « non » (61,1 %, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote) au référendum sur l’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et l’Ukraine.

Dans ce pays aussi, l’affaire des Panama Papers a provoqué le rejet du premier ministre Arseni Iatseniouk – obligé de démissionner – et de ses plans draconiens contre les travailleurs dictés par le FMI et l’Union Européenne. Iatsenouk, soutenu par l’UE, qui nous était vendu comme un grand démocrate, n’est qu’un oligarque de plus !

Rompre avec l’Union Européenne et la CES

Ainsi, sous couvert de moderniser et mieux protéger les salariés, ou d’obtenir des avancées, l’intersyndicale maintient un dialogue avec ce gouvernement de combat contre les travailleurs. Comme s’il était possible d’obtenir des progrès sociaux sans rompre avec l’Union Européenne capitaliste, ses traités et ses institutions.

Comme s’il était possible d’obtenir des progrès sociaux sans exiger l’annulation de la dette qui fait porter le poids de la crise sur la population laborieuse. Enfin, comme s’il était possible d’obtenir des progrès sociaux sans infliger une défaite d’ampleur à ce gouvernement – et à tous ceux qui lui succéderont ! – , tout entier au service du Medef, de l’UE, du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.

C’est pourquoi nous pensons qu’il faut aussi exiger des directions bureaucratiques des confédérations FO et CGT – inféodées au PS tout comme l’Unef – adhérentes de la Confédération Européenne des Syndicats, émanation de la sinistre commission de Bruxelles où se discutent et se préparent discrètement toutes les contre-réformes, qu’elles rompent purement et simplement avec la CES. C’est ce que nous avons défendu lors de la Commission Exécutive de la CGT Educ’ 93 et nous n’étions pas les seuls.

Encadré par la lutte des classes et la volonté de se battre jusqu’au bout, le congrès confédéral de la CGT risque d’être agité pour Martinez. Surtout que ce dernier a hérité de la direction de la CGT suite à l’affaire Thierry Lepaon(1) et souffre, et c’est le moins que l’on puisse dire, d’un véritable problème de légitimité comme le démontre le meeting CGT de Toulouse avec les Goodyears.

Comme nous le disons dans notre article sur la situation nationale, il faut interpeller les directions syndicales pour qu’elles prennent réellement leurs responsabilités – et pas que sur le papier – et qu’elles construisent réellement la grève générale jusqu’au retrait.

Nous devons leur faire respecter l’aspiration de l’immense majorité des travailleurs et des jeunes qui veulent l’unité pour le retrait de la loi. C’est pourquoi il faut aussi exiger d’elles, qu’elles rompent les négociations avec le gouvernement, car il n’y a rien à négocier dans les attaques anti-ouvrières.

Ce sont les travailleurs mobilisés syndiqués ou non, les jeunes, qui ont imposé à tous ces messieurs l’exigence du retrait total ! Ainsi, il est convenu de dire dans cette situation que plus les travailleurs et les jeunes vont à gauche, plus les appareils bureaucratiques vont à droite…

Le mobilisation pour le retrait de la loi Hollande-Valls-El Khomri à un tournant

Le mobilisation pour le retrait de la loi Hollande-Valls-El Khomri est à un tournant. En effet, malgré tout les dispositifs mis en place par les directions syndicales bureaucratiques confédérales et fédérales qui composent l’intersyndicale pour contenir la mobilisation, non seulement celle-ci ne faiblit pas, mais en plus elle se durcit. Le plus probable c’est que les travailleurs et les jeunes, décidés à en découdre, n’attendront pas le 28 avril pour le faire savoir. L’expérience de 2010 étant passée par là !

La mobilisation ne faiblit pas malgré la féroce répression contre la jeunesse et les travailleurs mobilisés, malgré les nombreuses provocations contre les manifestants place de la Nation à Paris le 9 avril (ainsi les CRS se sont opposés à l’arrivée du cortège CGT sur la place !), malgré les tentatives du gouvernement et des directions syndicales bureaucratiques de créer un contre-feux de propositions tout droit sorti des cerveaux ossifiés des idéologues du PS, pour noyer l’exigence centrale de retrait total de la loi El Khomri et sauver le gouvernement, malgré l’appareil médiatique aux ordres, malgré les tentatives de divisions, la mobilisation se poursuit. La mobilisation déborde même sur les places, imposant partout le mot d’ordre de grève jusqu’au retrait !

La mobilisation déborde sur les places…

La peur que la jeunesse des quartiers populaires, plus explosive car plus opprimée, fasse jonction avec la jeunesse étudiante, et des centres villes, hante nos gouvernants. Le souvenir de la révolte légitime de 2005, qui avait épuisé les « détachements d’homme armés » au service de la classe dominante et de son État bourgeois, hante les bureaucraties syndicales et politiques !

Dans ce contexte, nous pensons que les rassemblements Nuit Debout peuvent devenir, s’ils savent s’unir au mouvement ouvrier, aux militants syndicaux luttes de classe, à la jeunesse prolétarisée des quartiers populaires, de véritables Ghezi Parcs(2) ! Tous les ingrédients sont réunis.

Alors oui, tous ensemble, grève générale illimitée jusqu’au retrait de la loi El Khomri!


1. Souvenez-vous, c’était en 2014, les travaux de rénovation de l’appartement de fonction de Thierry Lepaon, numéro un de la CGT, en banlieue parisienne avait coûté 120 000 euros à la CGT et surtout à ses adhérents….

2. Pour mémoire, le mouvement protestataire de 2013 en Turquie débute le 28 mai à Istanbul par un sit-in d’une cinquantaine de riverains ( pour sauver le parc de la spéculation immobilière, et de la construction d’un centre commercial) auxquels s’associent rapidement des centaines de milliers de manifestants dans 78 des 81 provinces turques. Par leur ampleur, la nature de leurs revendications et les violences policières qui leur ont été opposées, ces manifestations ont été comparées au printemps arabe, au mouvement Occupy, au mouvement des Indignés, ou encore à Mai 68.