Boycott des élections présidentielles ! Tout notre soutien à la résistance ukrainienne ! Édito Internationaliste 200

13 mars 2022, Kherson occupée, la population résiste et manifeste contre l'armée russe.

Paris, le 21 mars.

Ce numéro 200 de l’Internationaliste sort dans un contexte particulier, un contexte pour paraphraser la une du Times, « de retour de l’histoire ».

Pour notre part, nous avons affirmé très clairement, dès notre fondation en 1992, que la chute du mur de Berlin et du stalinisme étaient la confirmation par la négative du pronostique formulé par Trotsky dans le programme de transition : sans révolution politique et en l’absence de démocratie ouvrière, la bureaucratie du Kremlin a restauré le capitalisme en URSS. Et ses héritiers n’ont rien à envier aux Trump, Biden, Macron et consort…

C’est pourquoi nous avons toujours dit que le programme-méthode de la IVème Internationale (nous parlons de celui de 1938 de Trotsky et ses camarades) reste d’actualité.

Pourquoi toute cette petite introduction ? Eh bien pour rappeler aux uns, aux unes et aux autres, que l’affrontement UE, OTAN d’un côté, Poutine et ses oligarques de l’autre, est en somme un affrontement inter-impérialiste.

Ils sont tous des capitalistes qui se disputent, à coup de canons, pourrait-on dire, sur le dos des peuples et des travailleurs, les parts de marché en ces temps de guerre économique.

Poutine, la révolution syrienne et l’Ukraine

Des milliers de manifestants syriens ont célébré mardi 15 mars, dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest du pays, dernière enclave syrienne à échapper au contrôle du régime, le onzième anniversaire de leur révolution contre la dictature de Bachar Al-Assad.

« De la Syrie à l’Ukraine, le criminel est le même », lisait-on sur les pancartes. À propos de l’intervention militaire de Poutine pour soutenir Al Assad contre la révolution, pour le compte des impérialistes, nous écrivions dans l’édito de l’Internationaliste 157 :

« Drôle d’alliance que celle de la bourgeoisie russe orthodoxe (rappelons que l’Église orthodoxe a qualifié « de sainte » l’intervention en Syrie !), de la République Islamique d’Iran et du grand… « Satan » (pour reprendre le terme officiel de la police religieuse d’Iran, les bassidji, pour parler des États-Unis). Qui osera encore soutenir la politique et les frappes de la Russie et Al Assad… au nom de la lutte anti-impérialiste ou contre Daech ? »

Rappelons qu’en Syrie, Poutine a bombardé le peuple révolutionnaire syrien en les assimilant tous à des « terroristes islamistes » . Aujourd’hui, il accuse TOUS les Ukrainiens d’être des nazis et, comme en Syrie, il bombarde la population civile et les hôpitaux faisant des milliers de morts.

Comme au peuple syrien, certains refusent aujourd’hui au peuple ukrainien de se défendre contre l’agresseur et, cynisme ultime, ils détournent le regard pour mieux se plonger dans la présidentielle, capitulant ainsi en rase campagne à leur propre bourgeoisie impérialiste.

D’ailleurs, quand nous avons mené en France la campagne « rompons le blocus contre la révolution syrienne », certains nous expliquaient doctement que « c’est trop compliqué » et qu’ «il y a des islamistes » ; d’autres préféraient soutenir les kurdes uniquement… À bon entendeur…

L’Ukraine au centre d’un affrontement inter-impérialistes

Nous l’affirmons, l’UE et l’OTAN « soutiennent » le peuple travailleur ukrainien comme la corde soutient le pendu. Autrement dit, dans cette guerre, ils ne défendent que leurs propres intérêts contre leurs concurrents ! Ce qui n’empêche aucunement les disputes inter-impérialistes à l’intérieur même de l’OTAN,de l’UE, de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coordination en Europe), etc.

De même, on peut aussi dire que les régimes autoritaires et réactionnaires de Pékin et de New Dehli, « soutiennent » Poutine en attendant que son régime s’affaiblisse et entre en crise.

De plus, les capitalistes sont en train de procéder à une redistribution violente des marchés et du contrôle des matières premières. C’est dans ce contexte de guerre économique que se produit le redéploiement de l’impérialisme US, en particulier depuis son retrait de l’Afghanistan (rappelons-le, négocié en secret avec les Talibans à Doha des années avant leur départ), pour le contrôle des matières premières et des marchés.

Ainsi, il n’est pas étonnant que la France ait continué à vendre des armes à la Russie depuis 2014 et l’annexion de la Crimée comme l’a révélé le site disclose. Macron était dans le gouvernement Hollande, ce qui ne l’empêche pas de se faire passer aujourd’hui pour un faiseur de « paix », tout en déroulant son programme anti-ouvrier. Notamment concernant la question centrale des retraites qu’il veut repousser à 65 ans.

Non content d’avoir vendu des armes aux pires dictateurs de la planète, le gouvernement Macron va se saisir de cette guerre pour justifier ses attaques contre les travailleurs et les jeunes, durcissant au passage les lois liberticides et la répression contre les révoltes, les manifestations, les grèves qui ne manqueront pas de se produire.

Soutenir une intervention militaire de l’OTAN, c’est soutenir Macron, les impérialistes et c’est accepter le dépeçage de l’Ukraine.

Alors oui au droit à l’autodéfense et à l’auto-armement du peuple ukrainien ! Nous le réaffirmons, tous ces impérialistes se passeraient bien de la résistance héroïque du peuple ukrainien.

Nous l’affirmons ici, la résistance ukrainienne est une résistance populaire dans laquelle le prolétariat joue un rôle central. Refuser ce droit inaliénable au peuple ukrainien, c’est accepter le dépeçage de l’Ukraine et l’écrasement d’un des plus importants prolétariats d’Europe ! C’est être complice de Macron et de TOUS les impérialistes (occidentaux et Russe pour le dire ainsi).

Un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre

En 1917, les femmes de Russie, en pleine guerre mondiale ont fait tomber le Tsar au cri de « paix, pain, liberté ». En 2022, les femmes, en particulier les mères de soldats morts au front, jouent un rôle central dans la mobilisation contre la guerre de Poutine et son régime.

Voilà aussi pourquoi nous sommes contre les sanctions économiques contre le peuple russe, qui ne font que renforcer la dictature Poutine. Les travailleurs et les jeunes de Russie ne sont pas nos ennemis de classe, les oligarques et le régime de Poutine oui !

Rappelons que la Russie a mené deux guerres en Tchétchénie, inspiré une guerre en Azerbaïdjan et la république fantoche de Transnistrie (volé à la Modalvie).

Dans la nuit du 7 au 8 août 2008, les chars russes étaient entrés en Ossétie-du-Sud, cette région géorgienne frontalière de la Russie, faisant plus de 800 morts en cinq jours.

Le 28 février 2014, des hommes en armes non identifiés prennent le contrôle de l’aéroport de Simferopol. Puis la Russie annexe purement et simplement la Crimée : la guerre contre l’Ukraine et pour son dépeçage commence.

« Derrière les forces d’autodéfense de Crimée, bien sûr, se trouvaient nos militaires. ». Le 17 avril, un mois après l’annexion de la péninsule ukrainienne à la Fédération de Russie, Vladimir Poutine reconnaissait dans un haussement d’épaules, au détour d’une interview télévisée, ce qu’il avait toujours nié : les mystérieux soldats sans insigne qui avaient pris possession du territoire deux mois auparavant étaient russes.

Troupes russes go home ! À bas la dictature Poutine ! Pour la liberté de manifestation et d’organisation ! Liberté pour tous les manifestants anti-guerre !

Élection, guerre et révolution

Garder une position d’indépendance de classe en ce moment est très difficile, c’est vrai ; il suffit de voir l’électoralisme éclectique et superficiel qui règne aujourd’hui à gauche, à l’extrême gauche et chez les « révolutionnaires » de plateaux de télévision.

Tous défendent des programmes de façade, quant aux « révolutionnaires », ils ne font que cautionner par leur présence la mise en scène de la réélection de Macron qui, déjà, en 2017 ne représentait que 8,6 millions de voix sur 47,5 millions d’inscrits, c’est-à-dire 18,2 % du corps électoral !

Ainsi, depuis 1969 pour la LCR-NPA, et depuis 1974 pour LO, la participation aux élections est constante et est devenue une fin en soi pour maintenir leur appareil. La routine et le conservatisme l’ont donc emporté sur la révolution ?

Bref, ils participent ainsi du cirque électoral de la bourgeoisie qui vise à maintenir le pilier central de la Vème République antidémocratique : le plébiscite d’un « sauveur suprême ».

En pleine période de « guerre et de révolution », alors que nous avons connu – et connaissons – en France des mobilisations historiques et sans précédent (en dehors et contre les bureaucraties syndicales et politiques), des grève massives se produisent dans tous les secteurs pour la hausse des salaires, des révoltes en Guadeloupe, Martinique et aujourd’hui en Corse ; certains ont préféré les buzz et les « polémiques » médiatiques, et à sens unique, des plateaux télés ; plutôt que de participer à l’organisation et la mobilisation du mouvement ouvrier : ainsi à plusieurs reprises lors de ce quinquennat, les bureaucraties syndicales et politiques ont pu stopper la montée révolutionnaire des masses vers la grève générale.

En particulier, ils ont empêché la jonction du mouvement ouvrier avec les gilets jaunes et la jonction de la jeunesse et de Black Lives Mater avec le prolétariat.

En ces temps de guerre et de révolution, il est de bon ton pour certain de ne parler que de paix en abstrait, sans parler des peuples, en oubliant l’essentiel : il ne pourra y avoir de paix sans l’abolition des classes sociales et le droit à l’autodétermination de tous les peuples de la terre : oui nous défendons la perspective d’une fédération socialiste mondiale.

Nous, contrairement à certains donneurs de leçon, nous ne capitulons pas à notre propre bourgeoisie et à son régime. C’est pourquoi en ces temps de guerre impérialiste, nous appelons tous les travailleurs et les jeunes, tous les militants ouvriers soucieux de l’indépendance de classe au BOYCOTT de ces élections présidentielles.

Trente ans après le premier numéro de l’Internationaliste qui s’intitulait « Socialisme ou barbarie », nous restons fidèles au prolétariat révolutionnaire mondial. Rejoignez-nous !

Pour un gouvernement par en-bas, issu de la mobilisation des travailleurs, unité et grève générale pour en finir avec ce gouvernement et le suivant !