Revue de Presse Sociale – Septembre 2016

«La lutte de classe est nationale dans sa forme et internationale dans son contenu» K. Marx
Le climat social des mois de juillet et d’août a été fortement marqué, en Europe et en France, par les conséquences du Brexit et de la mobilisation contre la loi travail en France. Malgré les vacances estivales, de nombreux conflits ont eu lieu, en particulier dans le transport aérien. De plus, la rentrée s’annonce déjà mouvementée, de nombreux appels à la grève ayant étant lancés notamment en France.
Avant de revenir sur quelques-uns des principaux conflits qui ont eu lieu au cours de l’été en Europe, signalons qu’au Chili, des manifestations historiques se sont déroulées à travers tout le pays le 20 août dernier.
En tout, près de 1,5 millions de personnes – dans un pays qui comptent 18 millions d’habitants – sont descendues dans les rues pour exiger la fin du système de retraite par capitalisation mis en place sous la dictature de Pinochet avec le soutien actif de l’impérialisme étasunien.
En raison de ce système, les retraités chiliens perçoivent des retraites de misère (moins de 250 euros en moyenne), tandis que les organismes privés chargés de percevoir les cotisations font de juteux bénéfices. C’est ce même système que tous les capitalistes veulent imposer dans l’ensemble des pays et notamment en Europe, via les directives des l’Union Européenne.
En Angleterre, la situation a été marquée par les conséquences du vote en faveur du Brexit. La presse bourgeoise a largement soutenu l’idée selon laquelle il s’agissait d’un vote réactionnaire.
Il s’avère qu’il s’agit bien d’un vote de classe – comme l’a d’ailleurs reconnu le Financial Times – , près de deux tiers des ouvriers anglais et une grande majorité des employés ont voté pour le Brexit, en rejet de la politique de l’UE. Le syndicat des transports, RMT, qui a été un des plus actifs dans la campagne pour le Brexit, a appelé à une série de grèves dans le secteur de chemins de fers et des transports routiers au mois d’août.
A partir du 8 août, des centaines de trains ont été immobilisés dans le sud de l’Angleterre, en raison d’une grève dont l’objet est de s’opposer à de nombreuses suppressions de postes parmi les personnels roulant. Considérée comme la plus longue grève ferroviaire depuis 1968, elle a entraîné l’annulation de centaines de voyages de trains sur le réseau du Sud de l’Angleterre. Cette grève a été suivie par d’autres arrêts de travail.
Parallèlement, d’autres grèves ont eu lieu sur l’Eurostar où les syndicats dénoncent les conditions de travail des employés, qui « menacent leur équilibre entre vie et travail ». Ils accusent la direction de faire travailler son personnel à des horaires « non compatibles avec une vie sociale » et lui reprochent de n’avoir pas honoré ses engagements de 2008 sur la répartition des heures de travail.
Il y a également eu une grève sur une partie du réseau de bus de Londres. Les employés de la poste anglaise se sont eux aussi engagés dans une action de grève pour s’opposer à la privatisation, aux suppressions de postes et à la remise en cause de leur système de retraite.
Au cours de cet été, les grèves ont été très nombreuses dans le secteur aérien : les personnels navigants d’Air France ont mené une grève d’une semaine à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août, entraînant la suppression de plusieurs centaines de vols et touchant près de 200 000 passagers.
Les syndicats protestent contre le renouvellement pour 17 mois de l’accord d’entreprise fixant leurs règles de travail, de rémunération et d’avancement, jugeant cette durée insuffisante. Cette mobilisation s’est déroulée dans un contexte de suppressions de postes et de répression anti-syndicale.
De nombreuses autres compagnies ont été touchées par des arrêts de travail : les pilotes d’Aigle Azur ont arrêté le travail ; les personnels d’Easy Jet aux Pays-Bas ont fait 4 grèves surprises ; les employés au sol de KLM ont fait une grève du zèle car leur demande d’arrêt de travail au mois d’août a été jugé illégale. Tous dénoncent leurs conditions de travail, dont la dégradation est provoquée par la concurrence sauvage qui règne dans le secteur.
En France, la situation sociale a été marquée par les suites de la mobilisation contre la loi travail. En plein été, le gouvernement a promulgué la loi profitant des vacances. Mais la détermination des travailleurs reste très forte.
En effet, plusieurs actions ont eu lieu au mois d’août, « en attendant » la rentrée. Les directions syndicales, poussées par leurs bases ont d’ores et déjà prévenu le gouvernement que la rentrée serait mouvementée. Désormais, c’est la bataille pour l’abrogation de la loi qui est engagée. Une journée nationale de grève est d’ores et déjà prévue le 15 septembre prochaine.
A la mi-août, plusieurs syndicats, dont des UL et des UD (celle d’Ille-et-Vilaine) ont organisé une opération péage à Gravelle en Mayenne pour marquer leur rejet de la loi travail et pour informer les automobilistes.
Plusieurs syndicats du Nord et du Pas-de-Calais ont réalisé une opération escargot sur l’autoroute entre Valenciennes et Cambrai également dans le Nord, toujours pour s’oppose à la loi travail. Le 20 août à Angers, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblées à Angers pour faire entendre à F. Hollande leur opposition à la loi. Ils ont été violemment repoussés par la police. A Toulouse, la CGT a appelé à manifester contre la venue de M. Valls à Colomiers, pour marquer leur opposition à la loi Travail.
Plusieurs autres grèves ont eu lieu par exemple dans l’industrie ou dans les transports, autour de questions comme les salaires, les conditions de travail ou les licenciements.
Les employés Nicot-Gourmet à Saint Hernin se sont mis en grève le 24 août pour s’opposer aux licenciements dans le cadre de la mise en redressement judiciaire de leur entreprise. Plus d’une centaine d’ouvriers de l’usine Raynal et Roquelaure de Camaret-sur-Aigues, dans le Vaucluse, ont cessé le travail, le 19 août, pour exiger une augmentation de 40 euros.
Les salariés des transports publics de Lorient ont fait grève pendant le festival des interceltiques pour exiger des augmentations de salaire. Le 9 août, des salariés du centre d’appels Meilleur Contact dans les Hautes-Pyrénées, placé en redressement judiciaire, ont entamé une série de débrayages pendant plus de dix jours en raison de congés payés non réglés.
D’autres grèves sont d’ores et déjà prévues pour le début du mois de septembre : Une grève des personnels de SFR est appelée par la CGT et la CFE-CGC le 6 septembre pour s’opposer au plan prévoyant quelques 5500 licenciement, soit 1/3 des effectifs de l’entreprise.
Un préavis de grève pour un mouvement reconductible a été déposé pour le 2 septembre dans les entreprises qui assurent la propreté et la collecte des déchets de cinq arrondissements de Marseille (2e, 3e, 14e, 15e et 16e).
Les syndicats souhaitent entamer les discussions lundi au sujet du cahier des charges pour le renouvellement des marchés publics les concernant. Ils exigent : « la reprise intégrale du personnel, sur les cycles de six jours de travail – trois jours de repos, sur le nombre de ripeurs affectés sur les engins de collecte ».
Cette rentrée est également marquée par un net durcissement de la répression contre le mouvement ouvrier, alors que l’état d’urgence est toujours en vigueur. Outre les nombreux cas de répression syndicale, comme celui d’Air France, l’état a décidé de restreindre le droit de manifester. En Seine-Saint-Denis, les manifestations devront désormais être déclarées avec un mois d’avance pour être autorisées.