États-unis d’Amérique : la jeunesse mobilisée !

manifestation de la jeunesse américaine contre les armes

Le mouvement « black lives matters » est né en 2013 à la suite du meurtre d’un jeune Noir de 17 ans, Trayvon Martin, en Floride. Ce mouvement a mobilisé dans tout le pays des centaines de manifestations qui avaient mis en lumière à ce moment qu’un Noir a 4 fois plus de probabilités d’être tué par arme à feu qu’un Blanc.

La police est très souvent impliquée dans ces tirs mortels et, la plupart du temps, les policiers ne sont pas poursuivis. Quand ils le sont, ils sortent du tribunal acquittés. Le Washington Post publie chaque année un chiffre effrayant, celui des personnes tuées par la police : en 2017, ce chiffre atteint 9871, dont 223 Noirs (23 %) alors qu’ils représentent 6 % de la population.

Parti de Floride, là encore, un nouveau mouvement, « march for our lives » parcourt les USA après la fusillade de Parkland qui a fait 17 morts dans un lycée, le 14 février. Cette fois, le tireur est un petit facho blanc et il a été arrêté, fait exceptionnel. Toutefois, pour la jeunesse étasunienne, c’est la tuerie de trop, si on peut dire, car celles-ci se sont multipliées dans les universités, les lycées et même dans des écoles.

Le 24 mars, à l’initiative de survivants de la tuerie, plus de 800 manifestations ont été organisées dans tout le pays réunissant 500 000 jeunes, rien qu’à Washington. Ce mouvement met en cause directement les liens de Trump et de nombreux élus avec la NRA, le lobby des marchands d’armes et de leurs clients, soulignant que le financement des campagnes électorales par la NRA a pour conséquence que les élus font tout pour augmenter les ventes d’armes.

Il est un fait, par ailleurs, que Trump s’est appuyé sur des formations d’extrême-droite lors de la campagne électorale, d’où son positionnement lors des affrontements de Charlottesville en août 2017, alors qu’il avait renvoyé dos-à-dos les deux groupes de manifestants, ce qui lui avait valu les félicitations d’un ancien responsable du Ku Klux Klan !

Aujourd’hui, de plus en plus, deux USA se font face. Et ce ne sont pas les démocrates et des républicains qui s’opposent. On voit, d’un côté, une bourgeoisie déterminée à maintenir et à élargir ses privilèges dont Trump a pu être le plus éminent représentant, et une petite bourgeoisie blanche déclassée dont certains secteurs cherchent un bouc émissaire.

D’un autre côté, on voit des travailleurs qui ont montré depuis plusieurs années qu’ils étaient déterminés à obtenir la satisfaction de leurs revendications, comme le salaire minimum à 15 dollars, qu’ils étaient capables de soutenir B. Sanders, qui parlait de socialisme lors de la dernière primaire démocrate, et de rester à la maison lorsqu’on leur a ordonné de voter Clinton.

On voit des Noirs qui renouent avec le combat pour les droits civiques, mais avec une exigence beaucoup plus élevée et avec une expérience acquise par toute une génération qui n’a plus la moindre illusion sur la « discrimination positive », une génération qui a mesuré avec amertume et désillusion la réalité des deux mandats d’un Obama à la Maison blanche au service de la bourgeoisie.

On voit une jeunesse, noire et blanche, qui se rassemble de plus en plus nombreuse et qui, au-delà de la revendication des restrictions sur les ventes d’armes, met le doigt sur une des tares congénitales de la première puissance impérialiste : la toute puissance des capitalistes, leur capacité à faire des profits sur le sang et toute la corruption qu’ils génèrent pour acheter des lois qui leur sont favorables.

1. Si on rapporte le chiffre de 987 morts du fait de la police aux USA aux proportions des 66 millions d’habitants de la France, cela ferait 197 personnes en 2017.


Le deuxième amendement ?

C’est un des dix amendements à la constitution des États-Unis d’Amérique, adoptés en 1791, qui forment la déclaration des droits (Bill of Rights). En voici une traduction : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. »

Le concept de milice est ici repris de ce qui existait alors en Angleterre depuis le XIIème siècle, avec Henri II : chaque homme de 15 à 50 ans devait acquérir, détenir, entretenir une arme et une armure qu’il devait mettre au service du roi. Un système économique et redoutable.

En effet, à la suite de la guerre d’indépendance, les citoyens des USA voyaient d’un mauvais œil l’existence d’une armée professionnelle, nombreuse et permanente, qui aurait pu être mise au service d’un projet tyrannique. Le modèle de la milice de citoyens armés, à l’anglaise, répondait aux exigences du temps.

À cette époque, la bourgeoisie était une classe révolutionnaire, aujourd’hui, ce n’est plus le cas depuis longtemps : les USA disposent – et de loin – de la force armée permanente et professionnelle la plus puissante au monde, c’est la première puissance impérialiste, la citadelle de la contre-révolution.

Il va de soi désormais que les citoyens libres qui constituaient la milice de 1791 n’existent plus : à plusieurs reprises la Cour suprême fédérale des USA s’est prononcée sur des cas qui l’ont amenée à passer de l’armement d’une milice en l’absence d’une armée permanente à un armement d’auto-défense personnel ou familial. La peur et le déclassement, une société profondément malade font le reste.

Maintenant, si des travailleurs se mettent en grève, occupent leur usine et font face à des nervis armés, à une milice patronale, comme lors de la grève de Homestead en 1892, les travailleurs devront se défendre, s’armer et constituer une milice pour combattre la tyrannie incarnée par des groupes capitalistes transnationaux.