Interview de Griselda, animatrice du Collectif Unitaire pour la Justice Sociale

Le mardi 27 février

L’Internationaliste : Qu’est-ce que le collectif unitaire pour la justice sociale?

Griselda : Malgré le mouvement des gilets jaunes, les directions syndicales et politiques poursuivent leurs guerres de chapelles et divisent les mobilisation, au lieu de construire la Grève Générale.

Dans le collectif pour la justice sociale, il y a des étudiants, des lycéens, des salariés et retraités. Notre méthode c’est l’unité d’action autour de revendications claires telles que la défense des services publics, l’augmentation des salaires ; ou plus spécifiquement contre la hausse des frais d’inscription.

Nous sommes opposés à toute forme de division syndicale ou partisane. Leur double langage permanent, fait le jeu du gouvernement et facilite la répression de l’appareil d’état, comme cela s’est passé le 26 mai à la marée populaire, quand Keno de Solidaires Paris 3 a failli se faire arrêter.

J’ai notamment été surprise que P. Poutou, porte-parole du NPA, soit tellement sectaire vis-à-vis des gilets jaunes, et qu’en plus, il en appelle au gouvernement pour empêcher le licenciement prévu chez Ford.¹

En tant que déléguée CGT, je considère que la mobilisation contre la fermeture doit passer par la grève et non par une quelconque pirouette juridique. Contre la fermeture de l’entreprise et pour le maintien de tous les emplois, c’est aux salariés accompagnés de leurs syndicats, de faire pression sur le patron, en exigeant en premier lieu l’ouverture des livres de compte.

L’Internationaliste : Comment envisages-tu la grève féministe du 8 mars  ?

Griselda : Je serai au rassemblement unitaire à partir de 15h 40 au côté des militantes syndicales, des salariées et des étudiantes mobilisées : pour l’égalité salariale, le droit à l’avortement, la défense des services publics …

Il faut rappeler que le sexisme est un fléau dans les organisations syndicales et politiques. Il s’agit d’un sexisme bureaucratique, hérité du stalinisme, qui étouffe les militantes lutte de classes. Je l’ai moi-même côtoyé dans la CGT – Education à plusieurs reprises, tout comme j’ai côtoyé le racisme.

Le NPA notamment, a déjà basculé. Il s’est positionné contre la pénalisation des clients en 2011, pour soi-disant mieux protéger les victimes de la prostitution² . Ils ont ainsi voulu satisfaire les clients et leurs victimes. Et pourtant, on ne peut réformer ni le capitalisme qui est l’exploitation de l’homme par l’homme, ni la prostitution qui est l’exploitation de la femme par l’homme.

Alors oui, on est très loin de Trotski qui concluait pourtant sans ambiguïté : « Place aux femmes travailleuses » comme pour prémunir les générations futures de toute collaboration de classe, y compris féministe.

Je me réjouis donc que l’Unité Internationale des Travailleurs- Quatrième Internationale se soit rapprochée du marxisme sur ce terrain-là. Et j’espère qu’ils se prononceront plus explicitement pour l’abolition de la prostitution, la condamnation des clients, et également pour la défense de la laïcité essentielle aux luttes féministes de tous les pays.


¹ « il faut que l’Etat passe aux actes et prenne des mesures autoritaires contre Ford. On pousse pour » https://www.lesinrocks.com/2018/12/28/actualite/2018-vue-par-philippe-poutou-les-medias-ne-filment-les-ouvriers-que-quand-ils-pleurent-111153219/

² https://npa2009.org/articles-comites/prostitution-contre-la-p%C3%A9nalisation-des-clients