De l’argent pour l’éducation, la santé, les retraites et les réfugiés, pas pour la guerre ! Edito de l’Internationaliste 159

Internationaliste 159

Les députés ont approuvé jeudi matin, dans une atmosphère d’union nationale exacerbée, l’article 1 du projet de loi prorogeant jusqu’à fin février 2016 l’état d’urgence . Tous les députés du Front de gauche, qu’ils soient du PCF ou d’Ensemble, ont voté pour.

Pour la levée immédiate de l’état d’urgence !

Ainsi, applaudi sur tous les bancs de l’hémicycle, Manuel Valls a conclu son discours – n’hésitant pas à recourir à la rhétorique et à la politique du Front National – en déclarant que «ce projet de loi, c’est la réponse d’une France forte, qui ne plie pas et qui ne pliera jamais».

Le gouvernement utilise donc les attentats pour justifier la répression contre tous ceux qui oseront questionner sa politique sur le terrain de la lutte des classes. Seront suspects tous ceux qui refusent l’union nationale, la répression des militants syndicaux, les expulsions de réfugiés, les interventions militaires impérialistes de la France, notamment en Syrie…

En votant l’état d’urgence, les députés ont remis en question les deux grandes conquêtes démocratiques du mouvement ouvrier que sont le droit de manifester et de réunion. C’est pourquoi, dans un courrier adressé à la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), la représentation de la France à Strasbourg fait savoir que certaines des mesures prévues par la prolongation de l’état d’urgence votée le 20 novembre «sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations résultant» de la CEDH.

Mais la résistance du mouvement ouvrier, des défenseurs des droits de l’homme, des travailleurs et des jeunes attachés aux libertés démocratiques s’organise. Et, les manifestations et les mobilisations en cours -malgré les interdictions-, nous indiquent la voie à suivre et qu’il est possible d’imposer la levée immédiate de l’état d’urgence.

Un gouvernement de guerre contre les travailleurs et les peuples

Lors de son allocution, le premier ministre a évoqué «une guerre nouvelle – extérieure et intérieure – (…) ». D’après lui cette guerre justifierait les dépenses militaires. Ainsi, pour le gouvernement et tous ceux qui ont voté l’état d’urgence, comme Hollande l’a affirmé, «le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité».

Non content de faire payer la crise et la dette aux travailleurs, le gouvernement et ses acolytes de l’assemblée nous annonce que nous devrons aussi financer les interventions militaires impérialistes de la bourgeoisie française. Or, ce sont ces mêmes interventions – au nom de la « paix » et la « démocratie »-, qui visent à défendre les intérêts militaro-industriels de la bourgeoisie nationale, qui sont à l’origine des attentats.

Ainsi, d’après Amnesty International, la France est, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, régulièrement classée troisième, quatrième ou cinquième exportateur mondial d’armes classiques en valeur – derrière les États-Unis et la Russie. Parmi ses principaux clients on trouve les Émirats arabes unis, des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord…

Et, cerise sur le gâteau, d’après Amnesty International toujours, « la France est généralement favorable à des critères stricts pour les transferts d’armes, mais elle a fourni des armes à des pays où de graves violations des droits humains pouvaient être commises, comme la Libye sous le colonel Kadhafi, l’Égypte, Israël et le Tchad, ainsi que la Syrie entre 2005 et 2009. »

Contre l’état d’urgence et la guerre : mobilisation et abstention !

Ils votent la guerre contre les travailleurs et les jeunes, d’ici et d’ailleurs, nous imposent l’état d’urgence, nous interdisent de manifester, en plus de nous faire payer leur dette et leurs guerres; et ils voudraient en plus que nous votions pour eux lors des élections régionales ?

Non, nous ne légitimerons pas l’ union nationale FN-PS-LR-FG contre les travailleurs et les peuples. Non, nous ne légitimerons pas l’Union européenne capitaliste, ses institutions anti-démocratiques et anti-laïques . Nous refusons de payer leur dette et leur guerre !

Car, comme la grande majorité des travailleurs qui s’abstiendront, nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement et de tous les fossoyeurs des libertés démocratiques. C’est pourquoi, nous appelons à la plus large unité d’action pour la levée immédiate de l’état d’urgence et contre la guerre !