Une politique erronée du PTS

Meeting du FIT - Argentine - Mai 2015

Pourquoi le FIT est-il contraint de départager ses candidats dans les primaires obligatoires (PASO) ?

par Luis Covas

L’annonce que le FIT départagera ses candidats à l’élection présidentielle et aux postes en jeu avec deux listes dans les primaires obligatoires a attiré l’attention de milliers de camarades. Ils se demandent logiquement pourquoi on est arrivé à une telle situation. Nous, Gauche socialiste, voulons expliquer notre position.

Le FIT est en train de grandir sur la base de l’unité de la gauche et de son programme d’indépendance de classe. Sur le plan interne, cette croissance se fait sur la base d’un accord équilibré dans la distribution des candidatures entre les trois forces nationales qui le composent (Parti ouvrier, PTS et Gauche socialiste).

Depuis la formation du FIT, en 2011, il y a un accord pour l’ordre des partis pour la formule présidentielle soit PO-PTS, sur proposition de la Gauche socialiste. PO devait être en tête de liste dans la ville et la province de Buenos Aires, le PTS à Neuquén, et IS à Córdoba, respectant ainsi le rapport de force entre les trois organisations. De plus, chaque siège obtenu devait être partagé par les trois forces, avec le critère convenu de « rotation des mandats ». Ce fonctionnement avait été conclu de manière unitaire.

Pour nous, en 2015 il ne devait pas y avoir de changements et le ticket présidentiel devait être dirigé à nouveau par Jorge Altamira et la vice-présidence par le PTS. Mais depuis quelque temps, le PTS remet en question l’accord de 2011 et réclame que le candidat au poste de président soit du PTS, en la personne de del Caño, et que la candidature à la province de Buenos Aires lui revienne aussi. En conséquence, le PTS soutient qu’en l’absence d’accord, cette question devrait être réglée en utilisant le mécanisme des primaires obligatoires.

Comme il n’a pas été possible de convaincre les camarades du PTS de changer de position et de revenir à l’accord précédemment conclu, nous allons participer aux primaires obligatoires de manière séparée. C’est l’entêtement du PTS qui nous mène à cette situation qui n’est souhaitée ni par le PO ni par IS.

Les critères erronés du PTS

Le PTS considère que son parti est devenu le plus important du FIT et que, par conséquent, il ne peut pas rester derrière le Parti ouvrier dans le ticket présidentiel et dans les autres élections. Il justifie le fait d’aller aux primaires obligatoires en disant que « le PO avait l’intention de diriger les listes sans tenir compte de la croissance du PTS » (Página/12, 8 mai). S’il est vrai que tous les partis du FIT ont grossi, il n’est en revanche pas vrai que le PTS est devenu « le plus grand parti du FIT ».

Ce n’est ni le parti qui mobilise le plus de personnes dans les manifestations ou les meetings, ni celui qui a la plus grande force syndicale, ni celui qui a le plus d’élus, ni celui qui a les figures publiques les plus connues. C’est pourquoi il n’est pas justifié que le PTS nous mette dans cette situation. IS ne nie à personne le droit de se croire supérieur aux autres. Mais ce qui est grave, c’est que le PTS défende depuis deux années, y compris en le votant dans ses congrès, le fait que le mécanisme des primaires obligatoires est bon pour départager les candidatures.

IS a toujours dénoncé les primaires obligatoires. Loin d’être « une manière intéressante de décider l’ordre des candidatures », comme le soutient le PTS, les primaires obligatoires ont pour but d’écarter la gauche des élections. Cela s’est vu à Santa Fé, où la justice patronale a voulu éliminer le ticket électoral du FIT bien que celui-ci ait obtenu les voix nécessaires pour dépasser la barre minimum pour se présenter aux élections.

En outre, avec les primaires obligatoires nous sommes sous le contrôle de la justice patronale. C’est pourquoi nous sommes contre le fait d’embellir ce mécanisme, qui est un piège. En revanche, IS a proposé, pendant toutes ces années où le PTS a menacé de participer seul aux primaires obligatoires pour déterminer l’ordre des candidatures, de recourir à un mécanisme différent de celui du régime. Nous avons proposé des assemblées simultanées des militants du FIT ou un autre mécanisme démocratique décidé par les trois forces. Ces propositions sont toujours rejetées par le PTS.

Nous sommes contre le fait d’utiliser les primaires obligatoires pour décider des candidatures du FIT. Mais étant donné que le PTS ne revient pas sur sa campagne ouverte pour del Caño, et pour éviter que le FIT n’explose, nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter les primaires obligatoires, puisque nous ne pouvons pas imposer un accord au PTS contre sa volonté.

Le FIT fonctionne sur la base d’un accord entre les trois partis (ndt :PO, PTS, IS). Si un parti refuse de décider le ticket présidentiel et s’il s’entête à participer seul aux primaires obligatoires, nous n’avons d’autre issue que de les utiliser pour essayer de maintenir l’unité du FIT. Mais nous, IS, sommes clairs : la responsabilité de cette situation incombe au PTS.

Défendre l’unité du FIT malgré les primaires obligatoires

Depuis le mois de novembre de l’année dernière, le PTS mène campagne pour que del Caño soit candidat au poste de président de la République. Ils ont lancé cette campagne lors d’une conférence de presse et d’un meeting qui s’est tenu dans la salle des Argentinos Juniors. C’est pour cette raison que le FIT s’est limité à présenter des listes législatives et municipales dans les élections qui ont eu lieu, sans présenter son ticket présidentiel, ce qui a affaibli l’ensemble du FIT, puisque les candidats patronaux sont lancés dans la campagne depuis des mois.

Mais tandis que le PTS refusait de trouver un accord sur le ticket présidentiel, il en est arrivé à utiliser la candidature commune du FIT à Buenos Aires, dirigée par Myriam Bregman (PTS), pour faire la promotion de del Caño, affaiblissant de ce fait la campagne qui était déjà difficile dans ce district. Le PTS vient de ratifier sa candidature séparée par une résolution de son comité central du 10 mai.

Face à l’inacceptable retard imposé par le PTS, nous avons décidé, avec le Parti ouvrier, de mener une liste d’unité, sur la base d’une appréciation commune selon laquelle il faut d’ores et déjà présenter un ticket pour l’élection présidentielle ; nous avons adopté le critère d’incorporer d’autres dirigeants et organisations et de maintenir l’unité du FIT.

Le sectarisme du PTS l’a amené à condamner différentes organisations qui se sont jointes au FIT. Ce parti s’est opposé à ce que les camarades des organisations Pueblo en Marcha (Peuple en marche), MP La Dignidad, Communisme révolutionnaire et d’autres organisations intègrent les listes du FIT à Buenos Aires.

C’est grâce à IS et au PO que ces organisations ont pu se joindre au FIT. Le PTS remet aussi en question le soutien au FIT du dirigeant syndical « Perro » Santillán en alléguant des différences politiques avec ce dernier. Il est clair qu’avec ces organisations et ces dirigeants nous avons des différences, mais cela ne doit pas constituer un obstacle infranchissable pour qu’ils se joignent au FIT.

Le ticket présidentiel Altamira-Giordano a donc été constitué pour disputer les voix aux partis patronaux. C’est la seule candidature qui exprime l’unité de la gauche (formée par deux des trois partis du FIT) avec le soutien d’autres organisations qui s’y sont jointes. Nous appelons à soutenir la politique de principes, unitaire et d’accords politiques du FIT en soutenant le ticket qui l’exprime : Altamira-Giordano.

El Socialista, n° 291, 13 mai