Écoles, collèges, lycées : pas de reprise avant septembre ! Déclaration du MCI
L'école n'est pas une garderie, aucune réouverture à marche forcée le 11 mai !
Le 13 avril, E. Macron, a annoncé que les établissements scolaires rouvriraient le 11 mai, « dans le but de réduire les inégalités ». Le lendemain, le ministre de l’éducation, J.-M. Blanquer, a annoncé une rentrée en plusieurs étapes, selon les niveaux de scolarité.
Réouverture et mise en danger des élèves et des salariés
Le 28 avril, ça a été au tour du premier ministre d’annoncer, dans le cadre de son plan de déconfinement, de nouvelles dates. Certaines écoles reprendraient progressivement dans la semaine du 11 mai, puis ce serait au tour des collèges, et enfin, éventuellement, les lycées.
Après la publication de la carte des départements et de circulation du virus (03 / 05 / 20), on assiste à une course pour faire passer les départements en vert et lancer coûte que coûte la reprise économique. Parallèlement, près de 400 maires d’Île de France1 (dont la maire de Paris, A. Hidalgo) ont adressé une lettre ouverte à l’exécutif dénonçant une « réouverture à marche forcée » qu’ils jugent « intenable et irréaliste ».
Plus les jours passent, plus la situation est confuse. L’état organise le chaos et poursuit sa politique de désengagement financier vis-à-vis des services publics. L’apparente contradiction de ces annonces traduit les tensions entre les objectifs du gouvernement et la résistance à cette réouverture forcée de la part des enseignants, des parents et des maires.
Malgré cette résistance, le gouvernement continue de s’obstiner à vouloir rouvrir les établissements avant les congés d’été, alors que d’autres pays de l’Union Européenne ( l’Italie et l’Espagne notamment) ont fait le choix de ne rouvrir qu’en septembre.
Rappelons que cette décision est prise en contradiction avec les préconisations du Conseil Scientifique, qui a indiqué que la réouverture des établissements scolaires favorisera, à nouveau, la propagation du virus.
De plus, il est apparu que les enfants contaminés peuvent être atteints par la maladie de Kawasaki2. Plusieurs dizaines d’enfants ont été admis en réanimation en France. Le gouvernement joue donc avec la santé des personnels de l’éducation nationale, avec celle des enfants et avec celle des parents pour satisfaire les seuls intérêts du patronat et des actionnaires.
E. Macron veut satisfaire les intérêts du patronat
Le premier objectif du gouvernement consiste à contraindre les travailleurs, notamment les plus exploités, à retourner à leur poste de travail pour que les capitalistes puissent à nouveau faire d’importants profits. Pour cela, il faut que la garde des enfants des travailleurs, notamment des plus petits, soit assurée.
Il s’agit de faire des écoles, des garderies. On est bien loin des considérations pédagogiques affichées par le gouvernement, qui prétend vouloir lutter contre les inégalités sociales et le décrochage scolaire.
L’autre objectif fondamental des Macron, Philippe et Blanquer est de profiter de la situation extraordinaire provoquée par l’épidémie de Coronavirus pour donner le coup de grâce à l’enseignement public, en accélérant sa destruction.
Depuis la mise en place des mesures de confinement et de la fermeture des établissements scolaires, les attaques des statuts des personnels se sont multipliées. Le télétravail a été imposé, le temps de travail a explosé pour les enseignants sans respect des obligations de service.
Ainsi donc, le fameux « télé-enseignement » et les différents environnements numériques de travail- pour l’instant gratuit, mais jusqu’à quand ? – dont J-M. Blanquer vantait l’efficacité n’a pas pu remplacer les enseignants et le cours en classe. En revanche, les opérateurs privés se sont livrés à une collecte massive des données personnelles et ce en dehors de tout cadre réglementaire.
De plus, Blanquer a fini de saborder le baccalauréat en annonçant le passage au contrôle continu pour les élèves de lycées ( voir Destruction du bac : La continuité… politique ).
L’enseignement à distance s’est effectué dans des conditions terribles d’enseignement, produit du désengagement financier de l’Etat et de l’avancement de la privatisation du service public de l’éducation. Pendant cette crise il est apparu que de même qu’on ne peut pas se passer de soignants, d’éboueurs, d’agents municipaux, etc., on ne peut pas se passer d’enseignants.
La situation actuelle a mis à nu les conséquences dramatiques des politiques systématiques de destructions de l’enseignement : coupes budgétaires, non-remplacement de la moitié des départs à la retraite dans la fonction publique, suppressions de postes menées par les gouvernements successifs depuis des dizaines d’années.
C’est grâce à l’engagement des personnels de l’édudcation et aussi à leurs mobilisations que les liens avec les élèves, notamment les plus fragiles, ont été maintenus et certainement pas grâce aux gesticulations du ministre Blanquer. Et pourtant ces mobilisations ont été durement réprimées par le gouvernement, et se sont déroulées contre la politique de division des centrales syndicales nationales de l’éducation (FSU, FO, CGT et Solidaires).
Or, le gouvernement veut s’appuyer sur la réouverture des écoles pour approfondir ses attaques contre l’éducation. Et, il veut mouiller tout le monde dans son opération de sabotage de l’enseignement public.
Pour masquer les conséquences du désengagement financier de l’Etat, il s’appuie sur le processus de régionalisation/décentralisation en renvoyant la responsabilité et les modalités de réouverture des établissements aux collectivités locales et aux directions d’établissements.
En agissant de la sorte, il pose un autre problème puisque l’Etat se défausse de ses responsabilités pénales. Le gouvernement veut faire reposer sur les élus locaux, les directeurs, les enseignants et les parents la responsabilité en cas de décès ou de maladie grave.
Ce gouvernement sabote l’éducation et met en danger de mort, personnels et élèves. Mais les fortes résistances des maires, l’opposition de la majorité des enseignants et des parents, l’a déjà obligé à reculer partiellement. Grâce à cette mobilisation, certains établissements ne rouvriront pas.
Les directions syndicales doivent organiser la grève dès le 11 mai
Dans ce contexte, participer aux modalités de la reprise des cours, et même oser déclarer qu’il peut y avoir un reprise du travail « si les conditions sanitaires sont réunies », comme le font les directions de organisations syndicales, c’est accompagner la politique de sabotage du gouvernement. Cela revient à co-gérer la crise sanitaire aggravée par les capitalistes et le gouvernement.
On peut d’ailleurs se demander sur quelle base, sur quel mandat les organisations syndicales ont été discuter avec le ministère, et pour discuter de quoi ? Il faut stopper le double-langage. Il n’y a rien à négocier.
Sous la pression des enseignants et des parents, certaines organisations ont fait le minimum syndical en déposant des préavis de grève ou en appelant les agents à exercer leur droit de retrait. Mais cela est insuffisant. Les personnels de l’éducation ne doivent pas rester isolés. Il faut organiser concrètement les résistances qui existent sur le terrain contre la politique dangereuse du gouvernement.
Les masques et le gel sont en quantité insuffisante, les locaux sont inadaptés et le resteront sans les moyens humains et matériels nécessaires. Les conditions sanitaires et matérielles ne sont pas réunies pour la réouverture des établissements scolaires, qu’elles qu’en soient les modalités.
De même que les activités économiques doivent être limitées au strict nécessaire, les établissements scolaires doivent rester fermés. Il faut refuser la réouverture des établissements et la mise en danger des élèves et des personnels.
Dans ce contexte, en aucun cas, une direction ne doit pouvoir obliger un agent à reprendre le travail dans son établissement. Les agents doivent pouvoir exercer leur droit de retrait, et s’ils en sont empêchés, il faut se mettre en grève.
Mais au-delà de ces considérations sanitaires, il y a également urgence à se mobiliser, dans la continuité des grèves des derniers mois, pour se battre contre la destruction de l’enseignement. En effet, il ne peut y avoir un enseignement public, laïque et gratuit de qualité sans un réengagement financier massif de l’État à hauteur des besoins.
Nous savons que nous n’obtiendrons cela que grâce à notre mobilisation permanente. Il est de la responsabilité des organisations syndicales d’œuvrer immédiatement à la construction de la grève de l’éducation pour satisfaire nos revendications :
Contre la mise en danger des élèves et des personnels de l’éducation :
Pas de réouverture à marche forcée dans les écoles, les collèges ou les lycées
Augmentation générale des salaires pour tous les personnels de l’éducation
Suppression du jour de carence
Titularisation massive des contractuels et embauche massive de personnels de l’éducation
25 élèves par classe maximum dans les écoles, collèges et lycées
Le MCI-QI le 5 MAI 2020
2 Dans un mail envoyé à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France daté du 23 avril, des médecins de l’AP-HP s’alarment de la «prise en charge depuis quinze jours d’enfants présentant des tableaux de myocardite» qui tendraient «à les mettre sur la piste d’une situation dysimmunitaire ou post-infectieuse due au Covid.» «Nous pensons que ces éléments sont suffisamment graves pour alerter sur cette situation chez l’enfant», écrivent-ils à la fin de leur texte.